Bienheureux Frédéric Ozanam, Fondateur de la société Saint Vincent de Paul (1813-1853). Fête le 09 Septembre.

Lundi 09 Septembre 2024 : Fête du Bienheureux Frédéric Ozanam, Fondateur de la société Saint Vincent de Paul (1813-1853).
Le 08 Septembre (date de la mort de Frédéric) marque la Fête de la Nativité de Marie. C’est ainsi que le Vatican a choisi une autre date pour sa Fête (Le lendemain 09 Septembre).

Frederic ozanam 2 2Portrait de Frédéric Ozanam, mis en frontispice de l'édition de ses œuvres complètes (éditions Lecoffre, Paris, 1862)
Gravure d'Antoine Maurin dit "Maurin l'aîné" (1793-1860) à partir d'un dessin de Louis Janmot (1814-1892)

https://levangileauquotidien.org/FR/display-saint/da57dd35-6d07-4981-84e6-d4ca7ce1aabd

Bx Frédéric Ozanam
« Apôtre de la Charité »
« Époux et père de famille exemplaire » 
Co-Fondateur de la « Société de Saint-Vincent-de-Paul »

Frédéric Ozanam est né le 23 Avril 1813 à Milan, cinquième d’une famille nombreuse. Son enfance est marquée par la mort de onze de ses quatorze frères et sœurs.
Le chagrin de ses parents marquera fortement sa sensibilité, en le rendant particulièrement attentif à la vie et aux douleurs de ses semblables.
En 1815, la famille Ozanam rentre en France et finit par s’installer définitivement à Lyon en 1817.
Frédéric, étudiant, est un fervent catholique qui s’affirme comme tel : il n'hésite pas à intervenir en cours pour dénoncer, avec conviction et courage, les thèses rationalistes de professeurs athées qui, à ses yeux, portaient atteinte à Dieu et à son amour pour l’humanité.
Il fréquente les Catholiques libéraux comme Montalembert et participe aux Conférences d'Histoire fondée par Emmanuel Bailly, où de jeunes étudiants catholiques retrouvent des camarades incroyants pour discuter de sujets divers.
Docteur en droit en 1836, Frédéric devient avocat à la Cour royale de Lyon. Mais, plus attiré par le professorat, il obtient en 1839 la chaire de droit commercial de Lyon.
Passionné par la littérature et l’histoire (il avait obtenu son doctorat de lettres en janvier 1839), il est reçu en 1840 à l’agrégation ; on lui propose alors d’être professeur suppléant de littérature comparée à la Sorbonne.
Il exercera ce métier avec passion et rigueur, affirmant toujours sa Foi. En 1846, il tombe malade et doit arrêter ses cours.

Un jour, lors de l'une de ces conférences, quelqu’un l'apostrophe : « Votre Foi, dit-il, est dans les livres, non dans les œuvres ; que faites-vous pour aider les pauvres, les déshérités ? ».
Timide, mais bien documenté, aussi se lève-t-il d'un bond : « L'Église a toujours été l'amie des pauvres, répond-il. Le Christ est venu pour sauver tous les hommes. Des débuts du christianisme jusqu'à nos jours, l'Église a conjugué tous ses efforts pour bannir l'esclavage, c'est elle qui... ».
Mais son adversaire l’interrompt : « Vous parlez du passé, M. Ozanam, moi je vous demande ce que font les catholiques d'aujourd'hui, vous, vos compagnons ? ».
Cette conversation fait réfléchir le jeune Frédéric qui choisit de joindre l'action à la parole, en démontrant, par une œuvre concrète, la vitalité de la foi catholique.

Il décide de s'engager en aidant les plus démunis. Accompagné par sept amis, il fonde, le 23 avril 1833, une « Société de charité » dont les membres rendent visite à domicile à des familles pauvres et établissent ainsi une relation directe avec ceux qui souffrent. Il a alors tout juste 20 ans.
Avec l’aide et sur les conseils de Sœur Rosalie, Fille de la Charité proche des pauvres du quartier Mouffetard, cette société deviendra, en 1835, la « Société de Saint-Vincent-de-Paul ».

Aujourd'hui, la SSVP est répandue sur tous les continents et compte 800.000 bénévoles agissant dans près de 150 pays.
En cette période troublée de la Révolution de février 1848, Frédéric Ozanam défend la situation des plus pauvres et des ouvriers.
Selon lui, cette révolte engendrera « un progrès qu’il faut soutenir. J’y reconnais l’avènement temporel exprimé par ces trois mots : Liberté, Égalité, Fraternité. Je veux donc la souveraineté du peuple.»
Il avance des idées qui, cinquante ans plus tard, seront reprises par l’Église et la société : « La question qui divise les hommes de nos jours n’est plus une question de formes politiques, c’est une question sociale, c’est de savoir qui l’emportera de l’esprit d’égoïsme ou de l’esprit de sacrifice.
Il y a beaucoup d’hommes qui ont trop et qui veulent avoir encore ; il y en a beaucoup plus d’autres qui n’ont pas assez, qui n’ont rien et qui veulent prendre si on ne leur donne pas. Entre ces deux classes d’hommes, une lutte se prépare ; et cette lutte menace d’être terrible : d’un côté la puissance de l’or, de l’autre la puissance du désespoir.
»

« Il faut donc qu’avec son salaire, l’ouvrier puisse pourvoir aux frais d’éducation et d’instruction de ses enfants.
Sa force active est un capital qui doit tarir un jour. L’invalidité et la vieillesse viendront.
L’ouvrier a donc droit à la retraite.
Car si un travailleur ne trouvait pas dans son salaire les éléments de sa retraite, il aurait placé sa vie à fonds perdus. »
En juin 1841, Frédéric se marie avec Amélie Soulacroix. De leur union naîtra « petite Marie » en août 1845.
Malgré leur désir, ce sera leur seul enfant. Le couple Ozanam est rayonnant d’amour, et le restera jusqu’au bout.
Frédéric est éperdument amoureux de sa femme : « Je me laisse être heureux, je ne compte plus les moments ni les heures, le cours du temps n’est plus pour moi, que m’importe l’avenir ? Le bonheur dans le présent, c’est l’éternité, je comprends le Ciel ».
Amélie est une compagne qui partage tous les choix de son mari ; ce fut un couple d’une belle fécondité que l’amour réciproque et le soutien mutuel n’ont pas rendu sourd aux détresses des pauvres.
La sensibilité et le charisme de Frédéric impressionneront beaucoup ses contemporains. Toute sa vie, familiale, professionnelle et civique, sera tournée vers le profond désir de se mettre au service de la vérité et « d’enserrer le monde d’un réseau de Charité. »

À Marseille, le 8 septembre 1853, à l’âge de 40 ans, il quitte sa demeure terrestre pour la rencontre avec Dieu.
Le diocèse de Paris a entamé la procédure de Béatification de Frédéric Ozanam en 1925. La cause de Béatification a été conclue en juin 1996 et le Saint Père Jean Paul II l'a proclamé « Bienheureux » le 22 août 1997, en la Cathédrale Notre-Dame de Paris, au cours des Journées mondiales de la jeunesse de Paris.
Il a déclaré alors : « On peut voir en Frédéric Ozanam un précurseur de la doctrine sociale de l’Église, que le Pape Léon XIII  développera quelques années plus tard dans l'encyclique Rerum Novarum ».
Ces idées seront reprises dans les encycliques Quadragesimo Anno de Pie XI, écrite en 1931 au lendemain de la grande crise économique de 1929, et Centesimus Annus (1er mai 1991) de Saint Jean-Paul II.

Bust of frederic ozanamBuste de Frédéric Ozanam

Œuvres de Frédéric Ozanam

Son œuvre imprimée est importante. Entre 1855 et 1865 ont été publiées en 11 tomes ses Œuvres complètes.
I et II : La Civilisation au Ve siècle. Leçons faites à la Sorbonne en 1850-1851 avec en appendice une étude de 1850 Des écoles et de l'instruction publique en Italie aux temps barbares.
III et IV : Études germaniques dont Les Germains avant le Christianisme (1847) et La civilisation chrétienne chez les Francs(1849). Leçons faites à la Sorbonne et publiées.
V : Les Poètes franciscains en Italie au treizième siècle, réimpression du livre de 1852, suivie d'un mémoire sur Les sources poétiques de la Divine Comédie.
VI : Dante et la philosophie catholique au treizième siècle, thèse du doctorat ès-lettres soutenue en 1839. Essai sur la philosophie de Dante, complétée et remaniée en 1845.
VII et VIII : Mélanges, comprenant de nombreuses études dont Réflexions sur la doctrine de Saint-Simon (1831), Du progrès par le christianisme (1835), Deux chanceliers d'Angleterre : Bacon de Vérulam et St Thomas de Cantorbéry (1836), Discours sur la puissance du travail (1843), La littérature allemande au Moyen Age (1841), Des Niebelungen et de la Poésie lyrique (1842), Sur le bouddhisme (1842), Du divorce, Extraits de l'Ère nouvelle, Un pèlerinage au pays du Cid (1853), Discours aux Conférences de Saint-Vincent-de-Paul (Florence et Livourne, 1853), etc.
IX : Le Purgatoire de Dante, traduction et commentaires, leçons de Sorbonne de 1847 à 1850.
X et XI : Lettres.

Sa correspondance a fait l'objet d'une édition critique, Lettres de Frédéric Ozanam (beaucoup plus complète que les tomes X et XI précédemment cités) en 5 tomes (un sixième est en préparation) à partir de 1960.

 

Tome I, Lettres de jeunesse, (1819-1840), publiées avec le concours des descendants d'Ozanam par Léonce Celier, Jean-Baptiste Duroselle, Didier Ozanam. Paris, Bloud & Gay 1960.
Tome II, Premières années à la Sorbonne, (1841-1844), édition critique de Jeanne Caron ; préface de J.-B. Duroselle. Paris, Celse 1971. Réédition, Paris, Société de Saint-Vincent-de-Paul, 2013.
Tome III, L'engagement, (1845-1849), édition critique sous la direction de Didier Ozanam, Paris, Celse, 1978.
Tome IV, Les dernières années, (1850-1853), édition critique par Christine Franconnet. Paris, Éditions Klincksieck, 1992.
Tome V, Supplément et Tables, édition critique sous la direction de Didier Ozanam. Paris, Éditions Klincksieck, 1997.
Tome VI, Deuxième Supplément, édition critique sous la direction de Didier Ozanam. Paris, Société de Saint-Vincent-de-Paul, 2013.

Medaillon frederic ozanam 2

http://www.peintre-icones.fr/PAGES/CALENDRIER/Septembre/8.html.

Fils de médecin, Frédéric passa son enfance à Lyon, au sein d'une famille chrétienne. Ses camarades d'école sont peu sensibles à l'instruction chrétienne ; il traverse alors profonde crise spirituelle.

C'est son professeur de philosophie, l'abbé Noirot, qui l'aide à structurer avec honnêteté intellectuelle et rigueur ce qui sera sa démarche de croyant adulte.

Des deuils répétés le rendent attentif à la douleur des autres. Etudiant en droit, puis en lettres à Paris, il s'intéresse aux problèmes politiques et sociaux de son temps.

En pleine révolution industrielle, il s'interroge sur le rôle de l'Eglise vis à vis des pauvres, dont le nombre est croissant.

Suite à une épidémie de choléra à Paris, il fonde en 1833, avec l'aide de Soeur Rosalie Rendu, fille de la Charité, d'Emmanuel Bailly, journaliste catholique, de cinq de ses amis, les Conférences Saint Vincent de Paul dont les membres apportent amitié, soutien spirituel, aide morale ou matérielle aux familles et personnes seules, en difficulté.

Désireux de faire partager sa Foi, il est aussi à l'origine des "Conférences de Notre-Dame". Chez cet homme marié et père d'une fille, l'amour conjugal et l'amour paternel font jaillir de nouvelles sources de tendresse et d'attention aux autres.

Malgré la maladie qui l'emportera, il se dépense sans compter jusqu'au bout pour son oeuvre, tout en exerçant son métier de professeur à la Sorbonne.

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http://nominis.cef.fr/contenus/saint/9927/Bienheureux-Frederic-Ozanam.html.

Bienheureux Frédéric Ozanam

Fondateur de la société Saint Vincent de Paul (? 1853)

Homme d’une érudition et d’une piété remarquables, il mit sa science éminente au service de la défense et de la propagation de la Foi, montra aux pauvres une Charité assidue dans la Société de Saint-Vincent de Paul et, père exemplaire, fit de sa famille une église domestique.

Son père était médecin à Milan et ancien officier de cavalerie dans les armées napoléoniennes.
En 1815, quand la ville repassa sous domination autrichienne, la famille Ozanam rentra en France, où Frédéric fit ses études de droit. Il était alors logé par Ampère.
C'est alors que ses opinions politiques se dirigèrent vers le républicanisme, car il fut très marqué par la révolte des ouvriers tisserands, les Canuts à Lyon.
Sa vie s'orienta vers l'aide aux plus démunis. Il décida, en avril 1833, avec des amis parisiens de fonder une petite société vouée au soulagement des pauvres, qui prit le nom de Conférence de la charité.
La conférence se plaça sous le patronage de saint Vincent de Paul. Il fut alors aidé dans sa tâche par la bienheureuse Rosalie Rendu, des Filles de la Charité.
En 1839, il obtint son doctorat ès lettres, puis l'agrégation pour devenir professeur de littérature comparée à la Sorbonne.
Il s'engagea également en politique, se présentant, sans succès, aux élections législatives de 1848. En 1841, il se maria. Peu après, il fut atteint par la maladie et mourut à Marseille en 1853.
Béatification de Frédéric Ozanam - Homélie le Vendredi 22 Août 1997 - Notre-Dame de Paris
société saint Vincent de Paul , Frédéric Ozanam, un modèle chrétien pour notre temps.
- D’origine lyonnaise, Ozanam vient très jeune à Paris pour faire carrière dans l’enseignement. Il n’entend pas seulement affirmer sa foi dans ses paroles et ses écrits, il veut la mettre en œuvre auprès des déshérités... (diocèse de Paris)
- Frédéric Ozanam (1813-1853) Après avoir fondé, à 20 ans, la société Saint-Vincent-de-Paul, ce laïc père de famille, Béatifié par Jean-Paul II, a manifesté, sa vie durant, une foi ardente et une charité inventive au service des plus pauvres. (Témoins - site de l'Église catholique en France)

À Marseille, en 1853, le trépas du Bienheureux Frédéric Ozanam. Homme d’une érudition et d’une piété remarquables, il mit sa science éminente au service de la défense et de la propagation de la foi, montra aux pauvres une charité assidue dans la Société de Saint-Vincent de Paul et, père exemplaire, fit de sa famille une église domestique.

Martyrologe romain

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http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_Ozanam.

Antoine-Frédéric Ozanam (Milan, 23 avril 1813Marseille, 8 septembre 1853), historien et essayiste catholique français, professeur d'histoire de la littérature étrangère à la Sorbonne, fondateur de la Société de Saint-Vincent-de-Paul qui a été béatifié par le Pape Jean-Paul II le 22 août 1997.

Biographie

Frédéric Ozanam est né à Milan le 23 avril 1813. Son père, Jean-Antoine-François Ozanam (1773-1837), d'abord officier de cavalerie dans les armées napoléoniennes participant pendant sept années à de nombreuses campagnes militaires, puis négociant à Lyon et Paris, s'était fixé à Milan en 1809.

C'est là qu'il devint médecin en 1810 avant de rentrer en 1816 à Lyon où il est nommé à l'Hôtel-Dieu comme médecin suppléant en 1818 puis comme titulaire de 1823 à 1834.

Sa mère, Marie Nantas (1781-1839), était fille d'un négociant en soies de Lyon.

Frédéric Ozanam fait ses études classiques au Collège royal de Lyon où il a comme professeur de philosophie l'abbé Noirot.

Dès 1829, il aime écrire et participe à la rédaction du journal L'Abeille Française. Au lendemain des émeutes ouvrières lyonnaises de 1831, il n'a que dix-huit ans, ses Réflexions sur la doctrine de Saint-Simon reçoivent les éloges de Lamartine, de Chateaubriand et de Tocqueville.

Cependant, selon la volonté de son père qui souhaite le voir entrer dans la magistrature, il entre d'abord en stage chez un avoué lyonnais avant de poursuivre ses études à l’École de droit de Paris à partir de novembre 1831.

Il est alors logé par André-Marie Ampère, fréquente assidûment la bibliothèque de l'Institut et continue l'étude de l'hébreu et du sanscrit commencée à Lyon.

Frédéric est à la fois un fervent catholique et un étudiant engagé. Il n'hésite pas à intervenir à la fin des cours pour protester contre les attaques que certains professeurs rationalistes prononçaient contre l’Église et le christianisme.

Il fréquente alors le salon de Montalembert, il participe à la Conférence d'Histoire fondée par M. Bailly, où les jeunes étudiants catholiques retrouvaient des incroyants pour discuter de sujets divers.

C'est là qu'un jour il entend cette critique: « Le christianisme a fait autrefois des prodiges, mais aujourd'hui, il est mort. Vous vous vantez d'être catholiques, que faites-vous? Où sont les œuvres qui démontrent votre Foi et qui peuvent nous la faire respecter et admettre? "

 

C'est ce qui le détermina à s'orienter vers l'aide aux plus démunis : le 23 Avril 1833, il fonde avec des amis étudiants, paroissiens comme lui de l'église Saint-Étienne-du-Mont, une petite société vouée au soulagement des pauvres, qui prend le nom de Conférence de la charité.

Par la suite, la conférence se place sous le patronage de Saint Vincent de Paul. Les familles visitées sont signalées à la Conférence par Sœur Rosalie Rendu, une Fille de la Charité très active dans les quartiers pauvres de Paris.

Bailly aide la nouvelle société à s'organiser, lui prêtant notamment le bureau de son journal, la Tribune Catholique, situé au n° 18 de la rue du Petit Bourbon-Saint-Sulpice (aujourd'hui n°38 de la rue Saint-Sulpice), et il en est le premier président.

L'action entreprise a un triple but, exercer la charité chrétienne envers les pauvres, préserver moralement les jeunes gens contre "les tentations du monde", et faire une action à caractère social: "la question qui agite aujourd'hui le monde autour de nous [...] est une question sociale ; c'est la lutte de ceux qui n'ont rien et de ceux qui ont trop ; c'est le choc violent de l'opulence et de la pauvreté qui fait trembler le sol sous nos pas."

Toute sa vie, Frédéric Ozanam reste attaché à la Société de Saint-Vincent-de-Paul, participant à son développement et à son rayonnement mais refusant toujours la fonction de président.

 

Parallèlement à la fondation de la Conférence de charité, Frédéric avec deux de ses camarades étudiants, fait parvenir à Mgr Quélen, archevêque de Paris, une pétition signée d'une centaine d'étudiants catholiques pour que soient organisées des conférences à Notre-Dame de Paris où un prédicateur prestigieux donnerait un enseignement capable de détruire dans les esprits de la jeunesse chrétienne les effets des doctrines rationalistes.

La pétition est renouvelée l'année suivante, elle a près de 200 signatures et satisfaction est donnée à cette demande: ces conférences ont lieu pour une première fois au carême 1834. En 1835, prêchées par Lacordaire, elles obtiennent un immense succès.

A Paris, Frédéric Ozanam obtient la licence de droit, celle de lettres et en 1836 le doctorat de droit.

Il devient avocat et pratique quelque temps ce métier à la Cour royale de Lyon, mais sans conviction car il est plus attiré vers le professorat.

Aussi s'intéresse-t-il au projet formé par des notabilités lyonnaises de créer une chaire de droit commercial ; il songe à s'y présenter et recherche des appuis à sa candidature.

En même temps, il prépare sa thèse de doctorat ès-lettres sur Dante et la soutient en janvier 1839.

La chaire de professeur de Philosophie au Collège d'Orléans lui était proposée mais il opte pour celle de droit commercial de Lyon, finalement créée et obtenue.

Il ouvre son cours de droit commercial en décembre 1839 mais il ambitionne, avec l'appui de Victor Cousin nommé ministre de l'Instruction Publique en mars 1840, la succession de Quinet à la chaire de littérature étrangère de Lyon.

 

Cousin lui demande de se présenter auparavant à l'agrégation de littérature qui vient d'être instituée.

Frédéric la prépare, il est reçu premier ; aussitôt Fauriel, titulaire de la chaire de littérature étrangère de la Sorbonne demande et obtient qu'Ozanam soit nommé son suppléant en octobre 1840.

A partir de janvier 1841, Frédéric Ozanam enseigne à la Sorbonne où il succédera à Fauriel en tant que titulaire après la mort de celui-ci en 1844.

Atteint d'une grave pleurésie en 1846, il est obligé d'arrêter ses cours et il part en Italie à la fois pour une mission de recherche et pour retrouver la santé.

A Rome, il est reçu en audience privée par le nouveau Pape, Pie IX, qui lui parle des Conférences de charité mais aussi de la France et de la jeunesse étudiante.

De retour en France en 1847, il peut reprendre ses cours. Sa carrière se déroule dans le contexte difficile de la querelle entre l’Église et l'Université : le Monopole universitaire est contesté au nom de la liberté de l'enseignement.

Il s'efforce de concilier fidélité à l'Eglise et fidélité à l'Université, "de relever le défi de l'évangélisation de l'intelligence" et de "concilier la raison et la Foi"

 

L'année 1848 marque plus nettement son engagement politique et surtout social. Peu avant les journées révolutionnaires de février sa célèbre phrase "Passons aux Barbares" est prononcée dans un discours au Cercle Catholique ; il participe à la fondation du journal l'Ère nouvelle, avec Lacordaire et l'abbé Maret pour défendre les idées des catholiques libéraux et l'idéal démocratique ; en avril il se présente à Lyon sans succès aux élections législatives ; lors de l'insurrection de juin, il fait une démarche auprès de Mgr Affre pour lui demander de tenter de rétablir la paix.

Arrivé sur une barricade place de la Bastille, l'archevêque est atteint d'une balle de fusil, et meurt peu après.

A nouveau malade en 1852, Frédéric Ozanam part en cure aux Eaux-Bonnes dans les Pyrénées puis séjourne à Biarritz et Bayonne d'où il se rend à Burgos, en Espagne, "le Pays du Cid".

Il poursuit sa quête de guérison, rejoignant à la fin de l'année Marseille puis l'Italie. D'abord à Pise puis à San Jacopo et à l'Antignano, il voit la maladie faire des progrès, revient en France à la fin du mois d'août 1853 et meurt à Marseille quelques jours plus tard.

Postérité

Avant son départ de Lyon à la fin de l'année 1840, Frédéric Ozanam s'était fiancé avec (Marie Joséphine) Amélie Soulacroix (1820-1894), la fille du recteur de l'Académie de Lyon, Jean-Baptiste Soulacroix, et de Zélie Magagnos.

Le mariage est célébré le 23 juin 1841; quatre années plus tard, il devient le père d'une petite fille qu'il appelle Marie.

Marie Ozanam (24 juillet 1845-Paris †26 juin 1912-Paris) épouse le 16 juillet 1866 Laurent Laporte (°12 octobre 1843-Lyon †2 novembre 1922).

Le 16 mai 1868, Frédéric Laporte, leur fils unique, naît à Paris. Il épousera en 1896 Marguerite Récamier, fille du général Max Récamier, avec laquelle il aura sept enfants. D'où la descendance actuelle de Frédéric Ozanam.

Béatification

Il a été béatifié par le Pape Jean-Paul II le 22 août 1997, en la cathédrale Notre-Dame de Paris, au cours des Journées mondiales de la jeunesse de Paris.

Il a déclaré alors : « On peut voir en Frédéric Ozanam un précurseur de la doctrine sociale de l'Église, que le Pape Léon XIII développera quelques années plus tard dans l'encyclique Rerum Novarum. »

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http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/travels/1997/documents/hf_jp-ii_hom_19970822_fr.html.

Béatification de Frédéric OZANAM - Homélie

Vendredi 22 Août 1997 - Notre-Dame de Paris

1. «L'amour vient de Dieu» (1 Jn 4,7). L'Évangile de ce jour nous présente la figure du bon Samaritain. Par cette parabole, le Christ veut montrer à ses auditeurs qui est le prochain cité dans le plus grand commandement de la Loi divine: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même» (Lc 10,27). Un docteur de la Loi demandait que faire pour avoir part à la vie éternelle: il trouva dans ces paroles la réponse décisive. Il savait que l'amour de Dieu et du prochain est le premier et le plus grand des commandements. Malgré cela, il demande: «Et qui donc est mon prochain? » (Lc 10,29).

Le fait que Jésus propose un Samaritain en exemple pour répondre à cette question est significatif. En effet, les Samaritains n'étaient pas particulièrement estimés par les Juifs. De plus, le Christ compare la conduite de cet homme à celle d'un prêtre et d'un lévite qui virent l'homme blessé par les brigands gisant à demi mort sur la route, et qui passèrent leur chemin sans lui porter secours. Au contraire le Samaritain, qui vit l'homme souffrant, «fut saisi de pitié» (Lc 10,33); sa compassion l'entraîna à toute une série d'actions. D'abord il pansa les plaies, puis il porta le blessé dans une auberge pour le soigner; et, avant de partir, il donna à l'aubergiste l'argent nécessaire pour s'occuper de lui (cf. Lc 10,34-35). L'exemple est éloquent. Le docteur de la Loi reçoit une réponse claire à sa question: qui est mon prochain? Le prochain, c'est tout être humain, sans exception. Il est inutile de demander sa nationalité, son appartenance sociale ou religieuse. S'il est dans le besoin, il faut lui venir en aide. C'est ce que demande la première et la plus grande Loi divine, la loi de l'amour de Dieu et du prochain.

Fidèle à ce commandement du Seigneur, Frédéric Ozanam, a cru en l'amour, l'amour que Dieu a pour tout homme. Il s'est lui-même senti appelé à aimer, donnant l'exemple d'un grand amour de Dieu et des autres. Il allait vers tous ceux qui avaient davantage besoin d'être aimés que les autres, ceux auxquels Dieu Amour ne pouvait être effectivement révélé que par l'amour d'une autre personne. Ozanam a découvert là sa vocation, il y a vu la route sur laquelle le Christ l'appelait. Il a trouvé là son chemin vers la sainteté. Et il l'a parcouru avec détermination.

2. «L'amour vient de Dieu». L'amour de l'homme a sa source dans la Loi de Dieu; la première lecture de l'Ancien Testament le montre. Nous y trouvons une description détaillée des actes de l'amour du prochain. C'est comme une préparation biblique à la parabole du bon Samaritain.

La deuxième lecture, tirée de la première Lettre de saint Jean, développe ce que signifie la parole «l'amour vient de Dieu». L'Apôtre écrit à ses disciples: «Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l'amour vient de Dieu. Tous ceux qui aiment sont enfants de Dieu et ils connaissent Dieu. Celui qui n'aime pas ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour» (1 Jn 4,7-8). Cette parole de l'Apôtre est vraiment le cœur de la Révélation, le sommet vers lequel nous conduit tout ce qui a été écrit dans les Évangiles et dans les Lettres apostoliques. Saint Jean poursuit: «Voici à quoi se reconnaît l'amour: ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, c'est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils qui est la victime offerte pour nos péchés» (ibid., 10). La rédemption des péchés manifeste l'amour que nous porte le Fils de Dieu fait homme. Alors, l'amour du prochain, l'amour de l'homme, ce n'est plus seulement un commandement. C'est une exigence qui découle de l'expérience vécue de l'amour de Dieu. Voilà pourquoi Jean peut écrire: «Puisque Dieu nous a tant aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres» (1 Jn 4,11).

L'enseignement de la Lettre de Jean se prolonge; l'Apôtre écrit: «Dieu, personne ne l'a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour atteint en nous sa perfection. Nous reconnaissons que nous demeurons en lui, et lui en nous, à ce qu'il nous donne part à son Esprit» (1 Jn 4,12-13). L'amour est donc la source de la connaissance. Si, d'un côté, la connaissance est une condition de l'amour, d'un autre côté, l'amour fait grandir la connaissance. Si nous demeurons dans l'amour, nous avons la certitude de l'action de l'Esprit Saint qui nous fait participer à l'amour rédempteur du Fils que le Père a envoyé pour le salut du monde. En connaissant le Christ comme Fils de Dieu, nous demeurons en Lui et, par Lui, nous demeurons en Dieu. Par les mérites du Christ, nous avons cru en l'amour, nous connaissons l'amour que Dieu a pour nous, nous savons que Dieu est amour (cf. 1 Jn 4,16). Cette connaissance par l'amour est en quelque sorte la clé de voûte de toute la vie spirituelle du chrétien. «Qui demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu en lui» (ibid.).

3. Dans le cadre de la Journée mondiale de la Jeunesse, qui a lieu à Paris cette année, je procède aujourd'hui à la béatification de Frédéric Ozanam. Je salue cordialement Monsieur le Cardinal Jean-Marie Lustiger, Archevêque de Paris, ville où se trouve le tombeau du nouveau bienheureux. Je me réjouis aussi de la présence à cet événement d'Évêques de nombreux pays. Je salue avec affection les membres de la Société de Saint-Vincent de Paul venus du monde entier pour la béatification de leur fondateur principal, ainsi que les représentants de la grande famille spirituelle héritière de l'esprit de Monsieur Vincent. Les liens entre vincentiens furent privilégiés dès les origines de la Société puisque c'est une Fille de la Charité, sœur Rosalie Rendu, qui a guidé le jeune Frédéric Ozanam et ses compagnons vers les pauvres du quartier Mouffetard, à Paris. Chers disciples de saint Vincent de Paul, je vous encourage à mettre en commun vos forces, pour que, comme le souhaitait celui qui vous inspire, les pauvres soient toujours mieux aimés et servis et que Jésus Christ soit honoré en leurs personnes !

4. Frédéric Ozanam aimait tous les démunis. Dès sa jeunesse, il a pris conscience qu'il ne suffisait pas de parler de la charité et de la mission de l'Église dans le monde: cela devait se traduire par un engagement effectif des chrétiens au service des pauvres. Il rejoignait ainsi l'intuition de Monsieur Vincent: «Aimons Dieu, mes frères, aimons Dieu, mais que ce soit aux dépens de nos bras, que ce soit à la sueur de nos visages» (Saint-Vincent de Paul, XI, 40). Pour le manifester concrètement, à l'âge de vingt ans, avec un groupe d'amis, il créa les Conférences de Saint-Vincent de Paul, dont le but était l'aide aux plus pauvres, dans un esprit de service et de partage. Très vite, ces Conférences se répandirent en dehors de France, dans tous les pays d'Europe et du monde. Moi-même, comme étudiant, avant la deuxième guerre mondiale, je faisais partie de l'une d'entre elles.

Désormais l'amour des plus misérables, de ceux dont personne ne s'occupe, est au cœur de la vie et des préoccupations de Frédéric Ozanam. Parlant de ces hommes et de ces femmes, il écrit : «Nous devrions tomber à leurs pieds et leur dire avec l'Apôtre : "Tu es Dominus meus". Vous êtes nos maîtres et nous serons vos serviteurs; vous êtes pour nous les images sacrées de ce Dieu que nous ne voyons pas et, ne sachant pas l'aimer autrement, nous l'aimons en vos personnes» (à Louis Janmot).

5. Il observe la situation réelle des pauvres et cherche un engagement de plus en plus efficace pour les aider à grandir en humanité. Il comprend que la charité doit conduire à travailler au redressement des injustices. Charité et justice vont de pair. Il a le courage lucide d'un engagement social et politique de premier plan à une époque agitée de la vie de son pays, car aucune société ne peut accepter la misère comme une fatalité sans que son honneur n'en soit atteint. C'est ainsi qu'on peut voir en lui un précurseur de la doctrine sociale de l'Église, que le Pape Léon XIII développera quelques années plus tard dans l'encyclique Rerum novarum.

Face aux pauvretés qui accablent tant d'hommes et de femmes, la charité est un signe prophétique de l'engagement du chrétien à la suite du Christ. J'invite donc les laïcs et particulièrement les jeunes à faire preuve de courage et d'imagination pour travailler à l'édification de sociétés plus fraternelles où les plus démunis seront reconnus dans leur dignité et trouveront les moyens d'une existence respectable. Avec l'humilité et la confiance sans limites dans la Providence, qui caractérisaient Fréderic Ozanam, ayez l'audace du partage des biens matériels et spirituels avec ceux qui sont dans la détresse !

6. Le bienheureux Frédéric Ozanam, apôtre de la charité, époux et père de famille exemplaire, grande figure du laïcat catholique du dix-neuvième siècle, a été un universitaire qui a pris une part importante au mouvement des idées de son temps. Étudiant, professeur éminent à Lyon puis à Paris, à la Sorbonne, il vise avant tout la recherche et la communication de la vérité, dans la sérénité et le respect des convictions de ceux qui ne partagent pas les siennes. «Apprenons à défendre nos convictions sans haïr nos adversaires, écrivait-il, à aimer ceux qui pensent autrement que nous, [...] plaignons-nous moins de notre temps et plus de nous-mêmes» (Lettres, 9 avril 1851). Avec le courage du croyant, dénonçant tous les égoïsmes, il participe activement au renouveau de la présence et de l'action de l'Église dans la société de son époque. On connaît aussi son rôle dans l'institution des Conférences de Carême en cette cathédrale Notre-Dame de Paris, dans le but de permettre aux jeunes de recevoir un enseignement religieux renouvelé face aux grandes questions qui interrogent leur foi. Homme de pensée et d'action, Frédéric Ozanam demeure pour les universitaires de notre temps, enseignants et étudiants, un modèle d'engagement courageux capable de faire entendre une parole libre et exigeante dans la recherche de la vérité et la défense de la dignité de toute personne humaine. Qu'il soit aussi pour eux un appel à la sainteté !

7. L'Église confirme aujourd'hui le choix de vie chrétienne fait par Ozanam ainsi que le chemin qu'il a emprunté. Elle lui dit: Frédéric, ta route a été vraiment la route de la sainteté. Plus de cent ans ont passé, et voici le moment opportun pour redécouvrir ce chemin. Il faut que tous ces jeunes, presque de ton âge, qui sont rassemblés si nombreux à Paris, venant de tous les pays d'Europe et du monde, reconnaissent que cette route est aussi la leur. Il faut qu'ils comprennent que, s'ils veulent être des chrétiens authentiques, ils doivent prendre ce même chemin. Qu'ils ouvrent mieux les yeux de leur âme aux besoins si nombreux des hommes d'aujourd'hui. Qu'ils comprennent ces besoins comme des défis. Que le Christ les appelle, chacun par son nom, afin que chacun puisse dire: voilà ma route! Dans les choix qu'ils feront, ta sainteté, Frédéric, sera particulièrement confirmée. Et ta joie sera grande. Toi qui vois déjà de tes yeux Celui qui est amour, sois aussi un guide sur tous les chemins que ces jeunes choisiront, en suivant aujourd'hui ton exemple!

Date de dernière mise à jour : 09/09/2024

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