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Saint Hilarion, Abbé à Gaza, Solitaire († 372). Fête le 21 Octobre.
Lundi 21 Octobre 2024 : Fête de Saint Hilarion, Abbé à Gaza, Solitaire († 372).
http://nominis.cef.fr/contenus/saint/2051/Saint-Hilarion.html
Saint Hilarion
Abbé à Gaza (? 372)
Sa vie a été écrite par saint Jérôme qui nous donne ainsi une très bonne esquisse biographique. Ses parents étaient païens.
Très jeune, il découvrit Jésus-Christ. Pour mieux vivre l'évangile, il se retira au désert à 15 ans où sa seule lecture fut celle des Saintes Ecritures.
Des admirateurs le poursuivent, tant est grand son rayonnement. La foule veut l'empêcher de partir.
Il commence une grève de la faim et, avec quarante Moines, il se dirige vers Alexandrie, puis vers la Lybie et la Sicile.
Là encore, il est assiégé par "une multitude innombrable" d'admirateurs. Il gagne la Dalmatie et enfin Chypre où il peut passer les cinq dernières années de sa vie dans la solitude et la Paix. Saint Jérôme cite de lui beaucoup de faits merveilleux et des paroles pleines de la Sagesse Divine.
Au moment de mourir dans la Paix du Seigneur, il s'anima contre lui-même : "Il y a près de soixante-dix ans que tu sers Jésus-Christ. Et tu appréhendes encore la mort ?"
À Chypre, vers 371, Saint Hilarion, Abbé. Marchant sur les traces de saint Antoine, il mena d’abord près de Gaza une vie solitaire, puis fut, dans cette île, le fondateur et le modèle de la vie érémitique.
Martyrologe romain.
https://levangileauquotidien.org/FR/display-saint/5d1d163a-6c38-412a-ae93-d2151679aa96
Saint Hilarion
Solitaire
(† 372)
Saint Hilarion naquit en Égypte, de parents riches et païens. A quinze ans, éclairé des beautés de la Foi Chrétienne, il reçut le Baptême et, tout épris du désir de la perfection, courut au désert pour voir Antoine, dont le nom était déjà célèbre.
A la vue du patriarche du désert, il s'écria : « Et moi aussi, Dieu me veut ermite ! » Il vendit peu après le patrimoine de ses parents, qui venaient de mourir, et s'enfonça dans la solitude.
Le démon, furieux de voir un enfant égaler en ferveur les plus anciens anachorètes, lui déclara une guerre acharnée ; il employa tous les moyens : la crainte, les coups, la séduction, les tableaux impurs, les apparitions d'animaux ; l'ermite triompha de tout en multipliant ses austérités.
Un jour pourtant, Hilarion, chantant des psaumes, était distrait et ne priait que de bouche ; le démon, fier de cette légère faiblesse du saint, lui sauta sur le dos et se moqua de lui.
Le solitaire s'humilia, pleura sa faute et profita de cette négligence pour redoubler d'ardeur au service du Seigneur. Cet homme, qui avait tant à souffrir du démon, reçut de Dieu le pouvoir de se venger de lui ; on amenait de toutes parts des possédés à Hilarion, qui les délivrait des malins esprits.
Cependant, les foules accourant vers lui, attirées par sa réputation de sainteté, le saint regretta sa solitude primitive : « Je reçois, s'écria-t-il, ma récompense ici bas ; il faut aller me cacher pour Prier et souffrir, si je veux me rendre digne de la Miséricorde de Dieu. »
Quand il voulut partir, plus de dix mille personnes l'arrêtèrent par leurs larmes et leurs gémissements.
Il réussit pourtant à s'échapper, mais le désert fleurissait sous ses pas, l'enthousiasme des foules le suivait partout.
Le Seigneur, prenant pitié de ses larmes, l'avertit de sa mort prochaine. Hilarion s'étendit sur une natte : « Sors, de mon âme, dit-il, sors de ton corps, brise les derniers liens. Pourquoi tarder encore ? Il y a bientôt soixante ans que tu sers le Christ, peux-tu craindre la mort ? »
Et il rendit l'esprit. Digne émule du grand Saint Antoine, il a mérité le titre de Patriarche des solitaires de la Palestine.
https://orthodoxie.com/21-octobre-ancien-calendrier3-novembre-nouveau/
Le 21 Octobre, mémoire de notre Saint Père HILARION le GRAND.
Saint Hilarion naquit en Palestine, en 293, dans le village de Thabatha, non loin de Gaza. Ses parents païens l'envoyèrent apprendre les lettres humaines à Alexandrie.
Ce fut l'occasion pour lui d'entrer en contact avec les Chrétiens et de découvrir la doctrine sublime de l'Evangile, qui a rendue folle la sagesse du monde.
Ayant entendu parler de Saint Antoine, dont la renommée brillait dans toute l'Egypte, Hilarion se mit en route pour le désert, afin de lui rendre visite.
A la vue de la vie angélique que menait Antoine, il décida de rester à ses côtés, avec les autres disciples du Père des Moines.
Mais comme les foules qui accouraient vers le désert pour recevoir la Bénédiction du Saint empêchaient Antoine de vaquer à la Prière silencieuse, il décida de partir vers les âpres solitudes du désert intérieur.
Après avoir donné à Hilarion sa tunique de crin et son manteau de peau, il envoya le jeune garçon, qui n'avait alors que quinze ans, pratiquer l'ascèse avec quelques compagnons dans le désert situé près de Meiouma, dans la région de Gaza.
Hilarion partit audacieusement engager la lutte contre les démons habitant cette effroyable solitude, où nul ne demeurait et qui n'était traversée de temps à autre que par des bandes de brigands.
Il entreprit là de réduire son corps en servitude et d'éteindre les ardeurs de la jeunesse par un jeûne sévère: Il ne se nourrissait que de quinze figues par jour, après le coucher du soleil. Pendant la journée, il priait et chantait sans cesse les Psaumes en labourant le sol aride, afin que la fatigue du travail s'ajoute à celle du jeûne, sans produire quoique ce soit qui puisse être vendu et entraîner la tentation de l'avarice.
Le démon ainsi attaqué dans sa propre demeure par un enfant, passa à l'assaut, comme il l'avait fait pour Saint Antoine.
Il lui apparut sous forme de bêtes sauvages, tenta de lui faire peur par des bruits terrifiants et inexplicables.
Mais tout cela s'avérait inutile, car le jeune homme repoussait ses assauts par le signe de la Croix et prenait lui-même l'initiative du combat en raillant l'impuissance du Malin.
De l'âge de seize ans jusqu'à l'âge de vingt ans, il n'eut d'autre abri qu'une cabane de joncs et d'herbes marécageuses.
Il se construisit ensuite une cellule si basse qu'elle ressemblait davantage à un sépulcre qu'à une maison.
Il couchait sur la terre dure, ne se lavait et ne se coupait les cheveux qu'une fois par an, le jour de Pâques.
Il ne lava jamais le sac de peau que lui avait donné Saint Antoine, et ne changeait sa tunique que lorsqu'elle tombait en pièces.
Il savait toute l'Ecriture Sainte par coeur et la récitait tout haut en se tenant avec crainte, comme si Dieu était présent devant ses yeux.
De l'âge de vingt-et-un ans à celui de vingt-sept ans, il ne mangea chaque jour qu'un peu de lentilles trempées dans de l'eau froide pendant trois ans, et les trois autres années se contenta de pain avec du sel et de l'eau.
De 27 à 30 ans, il ne vécut que d'herbes sauvages; de 30 à 35 ans de pain d'orge et d'un peu d'herbes cuites sans huile.
Mais atteint alors d'une maladie et sa vue ayant baissée, il rajouta un peu d'huile à son menu et continua ainsi jusqu'à l'âge de 63 ans.
Voyant son corps s'affaiblir et croyant que sa mort était proche, il ne mangea plus de pain jusqu'à la fin de ses jours, redoublant ainsi de ferveur, comme un jeune novice, à l'âge où d'autres ont coutume de diminuer leurs austérités.
Il continua ainsi sa manière de vivre jusqu'à la mort, ne mangeant jamais qu'après que le soleil soit couché et ne rompant jamais son jeûne, ni aux jours de fêtes, ni dans ses plus grandes maladies.
Ces travaux surhumains qu'entreprit Saint Hilarion par Amour de Dieu ouvrirent non seulement son coeur à recevoir la Contemplation des Mystères Célestes, mais la grâce recouvrit aussi son corps et lui donna le pouvoir d'accomplir des miracles pour la consolation des fidèles.
Il guérit des malades et délivra un grand nombre de possédés par des esprits impurs. Alors qu'il n'était encore âgé que de 22 ans, sa réputation s'était déjà répandue dans toute la Palestine et même jusqu'en Egypte et en Syrie.
On accourait vers lui en foule, et nombreux étaient ceux qui lui demandaient d'embrasser la vie angélique à ses côtés; car jusqu'alors la vie monastique n'était pas encore apparue en Palestine et en Syrie.
C'est ainsi «Hilarion devint pour ces régions ce que Saint Antoine était pour l'Egypte. Il restait en relation épistolaire avec le grand Antoine.
Lorsqu'on amenait à ce dernier des malades venus de ces régions, il leur disait: «Pourquoi vous donner la peine de venir de si loin, puisque vous avez là-bas mon fils Hilarion?»
Ceux qui embrassèrent la vie solitaire et s'installèrent dans des cellules autour de Saint Hilarion atteignirent bientôt le nombre de deux mille. Tous le reconnaissaient comme leur Père et leur guide.
Une fois l'an, à l'époque des vendanges, Hilarion partait visiter tous les monastères. Il leur apportait alors leur subsistance pour l'année et prenait l'occasion de rassembler la foule de ses disciples.
Parvenu à l'âge de 63 ans, la multitude des frères rangés sous sa direction et les foules de malades et de fidèles, qui accouraient sans cesse de toutes parts vers sa retraite, ne lui laissaient plus un instant de répit pour vaquer à la Contemplation dans le silence.
Aussi, c'est avec des larmes abondantes qu'il se souvenait de ses premières années passées dans l'ascèse, inconnu de tous.
A force de larmes, il parvint à faire accepter son départ à ses disciples. Mais le jour venu, plus de dix mille personnes voulurent le suivre partout où il se rendrait, afin de ne pas perdre la grâce qui était attachée à sa personne.
Il parvint à les persuader de s'en retourner et ne prit avec lui que quarante disciples capables de supporter de longs voyages à pieds en jeûnant tout le jour.
Comme il avait appris la mort de Saint Antoine, Hilarion se dirigea vers l'Egypte, pour vénérer les lieux qui avaient été sanctifiés par le séjour du Saint.
C'est avec abondantes larmes qu'il visita et se prosterna devant tous les lieux et les objets qu'avait touchés Antoine.
Au sortir du désert de Saint Antoine, Hilarion partit en quête de solitude. Mais où qu'il se rendit, du désert à Alexandrie, il répandait autour de lui la grâce, les miracles et les guérisons, si bien qu'on accourrait en foule et que sa renommée le devançait partout où il allait, sans jamais lui laisser de repos.
Pendant les trois années (360-363) de la tyrannie de Julien l'Apostat, le monastère de saint Hilarion près de Gaza fut détruit et ses moines dispersés, aussi le Saint décida-t-il de trouver refuge en Libye.
De là, il fit voile pour la Sicile, pensant trouver la solitude dans ces régions où il était inconnu. Or, contraint par son amour des hommes, il chassa à nouveau les démons, guérit les malades et attira ainsi à lui les foules.
Il s'enfuit une nouvelle fois et se rendit dans un bourg de Dalmatie, région encore habitée par les barbares.
Mais là encore, il mit à mort une bête monstrueuse qui effrayait les habitants, et les convertit au Christianisme.
Il prit la fuite de nuit pour échapper aux honneurs et s'embarqua sur un vaisseau marchand pour l'île de Chypre.
A peine arrivé sur l'île, les possédés se mirent à crier en annonçant avec panique qu'Hilarion, le serviteur de Jésus-Christ, était venu dans l'île pour les en chasser.
Il lui fallut donc trouver une nouvelle retraite. C'est pourquoi il se rendit dans un endroit inhabité de l'île et s'installa dans une grotte inaccessible, située au sommet d'une montagne escarpée.
Il demeura là cinq ans, visité seulement de temps à autre par son fidèle disciple Hésychius, qui venait lui donner des nouvelles de Palestine.
Parvenu à l'âge de quatre-vingt ans, le corps extrêmement affaibli par ses austérités soutenues, Hilarion fit les préparatifs pour son départ et réunit autour de lui les quelques fidèles qui avaient pu atteindre sa demeure.
Alors qu'il était étendu, presque mort de corps, il gardait les yeux ouverts en disant: «Sors mon âme, que crains-tu? Sors, de quoi as-tu peur? Tu as servi Jésus-Christ près de soixante-dix ans et tu crains la mort?»
En achevant ces paroles, il rendit son âme à Dieu et fut immédiatement enterré par ses disciples, conformément à ses instructions, afin de ne pas recevoir les honneurs de la sépulture des Saints.
Quelque temps plus tard, Hésychius vint prendre le corps du Saint et le transporta en Palestine, pour qu'il soit vénéré par la multitude de ses disciples.
Pour un approfondissement biographique
> > > Saint Hilarion, Abbé à Gaza
http://abbaye-saint-benoit.ch/saints/jerome/mystiques/021.htm.
Sa vie, écrite par saint Jérôme qui nous donne ainsi une très bonne esquisse biographique.
VIE DE SAINT HILARION.
CHAPITRE III. Abrégé de toute la vie de saint Hilarion.
CHAPITRE IV. Saint Hilarion commence à faire des miracles.
CHAPITRE V. Saint Hilarion guérit les enfants d’Elpide et d'Aristenète.
CHAPITRE VII. De quelle sorte Italicus demeura victorieux au cirque par le moyen de saint Hilarion.
CHAPITRE VIII. Saint Hilarion délivre une fille d'un charme qui l'avait rendue éperdument amoureuse.
CHAPITRE IX. Saint Hilarion délivre un officier des gardes de l'empereur qui était possédé.
CHAPITRE XIII. Description de la demeure de saint Antoine.
CHAPITRE XVIII. Mort de saint Hilarion, et conclusion de tout ce discours.
AVANT-PROPOS.
A ASELLA.
Vertueuse Asella, l'ornement et la gloire des vierges, souvenez-vous de moi, je vous prie, en vos saintes oraisons.
Entretenant d'écrire la vie du bienheureux Hilarion, j'invoque le Saint-Esprit dont il était rempli, afin que celui qui l'a comblé de tant de vertus m'assiste pour les raconter dignement, et: égale mes paroles à ses actions ; car, comme dit Salluste, on n'estime ceux qui ont fait des choses excellentes et extraordinaires qu'à proportion des louanges que des esprits rares leur ont données.
Alexandre-le-Grand (que Daniel figure sous le nom d’un léopard ou d'un bouc), voyant le tombeau d'Acitille, s'écria :
« O que tu as été heureux d'avoir rencontré un si grand esprit pour publier ton héroïque vaillance! » voulant signifier Homère par ces paroles.
Or j'ai a écrire la vie d'un homme si admirable que, si Homère était vivant, ou il me porterait envie d'avoir trouvé une matière si (240) favorable, ou, s'il entreprenait de la traiter, il y succomberait lui-même; car, encore que saint Epiphane, évêque de Salamine en Cypre, qui a eu grande familiarité avec Hilarion, ait écrit en peu de mots ses louanges dans une lettre qui est entre les mains de tout le monde, il y a toutefois grande différence entre se servir de lieux communs pour louer un homme mort ou représenter les vertus qui lui ont été particulières. Ainsi entreprenant, plutôt en faveur de saint Epiphane que pour lui faire tort, l'ouvrage qu'il n'a fait que commencer, je méprise la voix de la médisance, qui, ayant déjà trouvé à redire à la vie de Paul que j'ai écrite, pourra bien aussi blâmer celle d'Hilarion, prenant la solitude de l'un pour un sujet de calomnie, et reprochant à l'autre qu'il a trop conversé parmi le monde; comme si ce que je dis de celui qui s'est toujours caché n'était qu'une fable, ou que l'on dût moins estimer l'autre à cause qu'il a été vu de plusieurs.
Leurs pères, qui sont les pharisiens, en ont autrefois usé de la même sorte, n'ayant pu approuver ni la solitude et le jeûne de saint Jean, ni de voir notre Sauveur environné de grandes troupes, et qu'il bût et mangeât en la manière ordinaire.
Mais je vais mettre la main à l'oeuvre que j'ai entreprise, et boucher mes oreilles pour passer outre sans entendre aboyer les chiens de Scylla.
Je souhaite, très sacrée vierge, que vous demeuriez toujours en la grâce de Jésus-Christ, et que vous ne m'oubliez pas en vos saintes Prières.
CHAPITRE I. Saint Hilarion, ayant passé quelque temps auprès de saint Antoine, se retire à l'âge de quinze ans dans un désert de la Palestine.
Hilarion était d'un bourg nommé Tabate qui est assis, du côté du midi, à cinq milles ou environ de Gaza, ville de Palestine.
Son père et sa mère étant idolâtres, cette rose, ainsi que l'on dit communément, fleurit au milieu de ces épines.
Ils l'envoyèrent apprendre les lettres humaines à Alexandrie, où il donna des preuves d'un grand esprit et d'une grande pureté de moeurs, autant que son âge le pouvait permettre; ce qui le rendit en peu de temps aimé de tous et savant en rhétorique.
Mais, ce qui est incomparablement plus estimable, étant entré dans la Foi de Jésus-Christ, il ne prenait plaisir ni aux fureurs du cirque, ni au sang des gladiateurs, ni aux dissolutions du théâtre, mais toute sa joie était de se trouver à l'église en l'assemblée des fidèles.
Ayant entendu parler de saint Antoine, dont le nom était si célèbre dans toute l'Égypte, l'extrême désir qu'il eut de le voir le fit aller dans le désert ; et aussitôt qu'il eut reçu cette consolation, il changea d'habit et demeura près de deux mois auprès de lui, observant avec grand soin sa manière de vivre et la gravité de ses moeurs, quelle était son assiduité en l'Oraison, son Humilité à recevoir ses frères, sa Sévérité à les reprendre, sa Gaîté à les exhorter, et comme nulle infirmité n'était capable d'interrompre son abstinence en toutes choses et l'âpreté de ses jeûnes.
Mais, ne pouvant souffrir davantage l'abord et la multitude de ceux qui venaient de tous côtés chercher saint Antoine pour être soulagés de diverses maladies, et particulièrement de l'obsession des démons, et disant que, puisqu'il n'y avait point d'apparence de voir dans le désert autant de monde que dans les villes, il fallait qu'il commençât ainsi qu'avait commencé Antoine, lequel, comme un vaillant soldat, pouvait alors jouir du fruit de ses victoires, au lieu que lui n'était pas encore seulement entré dans le combat, il s'en retourna en son pays avec, quelques solitaires; et ses parents étant déjà morts, il donna une partie de son bien à ses frères et l'autre aux pauvres, sans se réserver chose quelconque, à cause que cet exemple ou ce supplice d'Ananias et de Saphira, que nous voyons dans les Actes des apôtres, lui faisait peur, et principalement parce qu'il avait gravé dans son esprit cette parole de notre Seigneur : « Celui qui ne renonce pas à tout ce qu'il possède ne saurait être mon disciple. »
Il n'avait lors que quinze ans; et, s'étant en cette sorte dépouillé de toutes choses et armé de Jésus-Christ, il entra dans cette solitude qui, étant sur la main gauche lorsque l'on va en Egypte le long du rivage, est éloignée de sept milles de Majma, où se fait tout le trafic de Gaza.
Ces lieux étant remplis de meurtres par les brigandages qui s'y faisaient, et ses proches et ses amis l'ayant averti d'un si grand péril, il méprisa la mort pour éviter une autre mort.
Chacun s'étonnait de son courage; et on eût encore plus admiré qu'il fût capable en cet âge de prendre une telle résolution, si l'on n'eût vu reluire dans ses yeux cette flamme qui brûlait son coeur, et ces étincelles de sa Foi si vive et si ardente.
Si son teint était délicat, son corps et sa complexion ne l'étaient pas moins; et, étant très sensible à toutes les injures de l'air, le moindre froid ou le moindre chaud était capable de lui donner beaucoup de peine.
CHAPITRE II. De la merveilleuse austérité avec laquelle saint Hilarion vivait dans ce désert, et de sa constance à soutenir les tentations des démons.
Ainsi, se couvrant seulement d'un sac et prenant une tunique de poil (que le bienheureux Antoine lui avait donnée lorsqu'il prit congé de lui) avec un sayon de paysan, il s'arrêta, entre la mer et les marais, dans une vaste et effroyable solitude où il ne mangeait que quinze figues par jour après que le soleil était couché.
Et comme cette contrée, ainsi que j'ai déjà dit, était toute pleine de voleurs, nul autre homme que lui n'avait jamais demeuré en ce lieu-là. Que pouvait faire le démon eu le voyant vivre de la sorte? De quel côté se pouvait-il tourner? Il en enrageait, et celui qui avait dit autrefois avec tant d'insolence et de vanité
« Je monterai dans le ciel; j'établirai mon trône sur les astres et serai semblable au Très-Haut,» se voyait vaincu par un enfant, qui le foulait aux pieds avant que son âge lui permit de pécher. Cet esprit de ténèbres, ne pouvant lui faire pis, chatouillait ses sens et s'efforçait de faire sentir à son corps, qui entrait dans les premiers bouillons de la jeunesse, les ardeurs de la volupté qui jusqu'alors lui étaient inconnues.
Ainsi ce jeune soldat de Jésus-Christ était contraint de porter son imagination à des choses qu'il ignorait, et de, penser et repenser à des pompes et à des magnificences qu'il n'avait jamais vues; sur quoi, entrant en colère contre lui-même et se meurtrissant l'estomac de coups, comme si en frappant son corps il eût pu chasser ces pensées de son esprit, il disait:
« Malheureux animal, je t'empêcherai bien de regimber : je te chargerai excessivement et te ferai travailler par le chaud et par le froid, afin que tu penses plutôt à manger qu'à te donner du plaisir. »
Ainsi après trois ou quatre jours de jeûne, il soutenait seulement avec le suc de quelques herbes et un peu de figues son corps qui n'en pouvait plus; il priait et chantait des psaumes quasi à toute heure, et labourait la terre afin que ce travail redoublât celui de ses jeûnes.
Il imitait aussi la façon de vivre des solitaires d'Egypte en faisant des paniers d'osier, et suivait le précepte de l'Apôtre lorsqu'il dit que « celui qui ne travaille point ne doit point manger. » Ainsi son corps devint exténué de telle sorte qu'à peine sa peau tenait-elle encore à ses os.
Il entendit une nuit comme des plaintes de petits enfants, des pleurs de femmes, des bêlements de brebis, des mugissements de boeufs, des rugissements de lions, le bruit d'une armée et le son de plusieurs voix barbares et confuses, et fut en cette sorte plus épouvanté par l'ouïe que par la vue; mais reconnaissant que tout cela n'était que des jeux du démon, il se jeta à genoux, fit le signe de la Croix sur son front, et s'étant ainsi armé du bouclier de la Foi, il combattait d'autant plus courageusement qu'il était par terre.
Ayant quelque désir de voir ce qu'il avait horreur d'entendre, il jetait les yeux de tous côtés lorsque soudain il aperçut, la lune étant fort claire, un chariot tiré par des chevaux enflammés tomber sur lui; sur quoi il n'eut pas plus tôt imploré à haute voix l'assistance de Jésus-Christ que la terre s'ouvrit et engloutit toute cette machine; ce que voyant, il commença de dire : « Il a précipité dans la mer le cheval et le cavalier; » et cet autre passage de l'Ecriture : « Ils se glorifient en leurs chariots et en leurs chevaux, mais nous ne nous glorifions qu'au nom du Seigneur. »
Hilarion a souffert tant de tentations et les démons lui ont dressé de jour et de nuit tant de diverses embûches que si je les voulais toutes raconter, je passerais les bornes d'un juste volume.
Combien de fois, lorsqu'il était couché, des femmes toutes nues se sont-elles présentées devant lui! Et combien de fois, lorsqu'il avait faim, des festins magnifiques ont-ils paru devant ses yeux! Quelquefois, lorsqu'il priait, des loups en hurlant et des renards en jappant sautaient par-dessus lui; et lorsqu'il chantait des psaumes, il eut pour spectacle un combat de gladiateurs dont l'un, tombant comme mort à ses pieds, le priait de lui donner la sépulture.
Une autre fois s'étant mis en Oraison, la tête appuyée contre terre, et par la misère de l'infirmité humaine son esprit s'étant distrait et pensant à autre chose, ce vigilant charretier infernal sauta sur ses épaules et, en lui donnant des talons par les côtés et lui frappant la tête avec son fouet, lui criait : « Sus! sus! cours donc! Pourquoi t'endors-tu? » et en cet état, s'éclatant de rire, lui demandait si le courage lui manquait et s'il voulait qu'il lui donnât de l'orge.
CHAPITRE III. Abrégé de toute la vie de saint Hilarion.
Depuis l'âge de seize ans jusqu'à vingt il n'eut autre défense contre le chaud et la pluie qu'une cabane qu'il avait faite avec du jonc et quelques autres herbes marécageuses.
Depuis il lit un petite cellule qui se voit encore aujourd'hui, large de quatre pieds et haute de cinq, et ainsi plus basse que lui, mais un peu plus longue qu'il ne fallait pour son petit corps, en sorte qu'elle paraissait plutôt un sépulcre que non pas la retraite d'un homme vivant.
Il ne coupait ses cheveux qu'une fois l'année, le jour de Pâques ; il coucha jusqu'à la mort sur la terre dure et sur un peu de jonc; il ne lava jamais le sac dont il s'était revêtu, disant qu'il n'y avait point d'apparence de chercher la propreté dans le cilice ; il ne changeait de tunique que quand la sienne était en pièces; et, sachant toute l’Ecriture sainte par coeur, après qu'il avait fait Oraison et chanté clos psaumes il la récitait tout haut comme si Dieu eût été présent.
Or, parce qu'il serait trop long de raconter ses grandes actions selon les divers temps qu'il les a faites, je les renfermerai en peu de mots et représenterai par même moyen toute sa vie devant les yeux du lecteur, et puis je reprendrai la suite de ma narration.
Depuis vingt-un ans jusqu a vingt-sept il ne mangea autre chose, durant les trois premières années, qu'un peu de lentilles trempées dans de l'eau froide, et durant les autres trois années que du pain avec du sel et de l'eau ; depuis vingt-sept ans jusqu'à trente il ne vécut que d'herbes sauvages et de racines crues de quelques arbrisseaux ; depuis trente-un ans jusqu'à trente-cinq il n'eut pour toute viande que six onces de pain d'orge et un peu d'herbes cuites sans huile; mais sentant obscurcir ses yeux, et étant tourmenté d'une gratelle qui lui donnait une violente démangeaison par tout le corps et rendait sa peau aussi dure que de la pierre ponce, il ajouta de l'huile à ce que je viens de dire, et continua jusqu'à soixante-trois ans à vivre dans cette extrême abstinence, ne goûtant outre cela ni d'aucun fruit, ni d'aucun légume, ni de chose quelconque.
Alors voyant que son corps s'exténuait et croyant que sa mort était proche, il ne mangea plus de pain depuis soixante-quatre ans jusqu'à quatre-vingts, sa ferveur étant si incroyable qu'il semblait qu'il ne fit que d'entrer dans le service de Dieu en un âge où les autres ont coutume de diminuer leurs austérités.
On lui faisait un breuvage avec de la farine et quelques Herbes hachées, lotit son boire et son manger pesant ainsi à peine cinq onces.
II continua jusqu'à la mort en cette manière de vivre, ne mangeant jamais qu'après que le soleil était couché, et ne rompant jamais son jeune ni aux jours de fêtes ni dans ses plus grandes maladies.
CHAPITRE IV. Saint Hilarion commence à faire des miracles.
Mais il est temps de reprendre la narration que j'avais quittée. Lorsque Hilarion demeurait encore dans sa cabane, n'étant lors âgé que de dix-huit ans, les voleurs vinrent le chercher la nuit , soit qu'ils crussent qu'il eût quelque chose qu'ils laissent dérober, ou qu'ils estimassent qu'il leur fût honteux qu'un jeune homme seul ne craignit point leurs violences.
Ainsi courant de tous côtés, entre la mer et les marais depuis le soir jusqu'au lever du soleil, ils ne purent jamais trouver le lieu où il se retirait; mais l'ayant rencontre, lorsque le jour était déjà fort grand, ils lui dirent en riant : « Que ferais-tu si des voleurs venaient à toi? »
Il répondit: « Un homme qui n'a rien n'a point de peur des voleurs; » et sur ce qu' ils repartirent : « Mais ils te peuvent tuer.»
— « Ils le peuvent sans doute, » répliqua- t-il, « mais cela ne fait pas que je les craigne, parce que je suis tout préparé à la mort; » sur quoi ces voleurs admirant sa Foi et sa constance, ils lui contèrent leur égarement de la nuit précédente, de quelle sorte leurs yeux avaient été obscurcis, et lui promirent de mieux vivre à l'avenir.
Il était dans la solitude et âgé de vingt-deux ans sans être connu de personne que par sa réputation, qui le rendait célèbre en toutes les villes de la Palestine, lorsqu'une femme d'Eleuteropolis qui, ayant demeuré quinze ans sans avoir des enfants, se voyait méprisée de son mari à cause de sa stérilité, osa la première l'aborder, et, comme il ne pensait à rien moins, se jeta à ses genoux et lui dit :
« Pardonnez à ma hardiesse, pardonnez à mon besoin. Pourquoi détournez-vous vos yeux de moi? Pourquoi fuyez-vous celle qui vous prie? Ne me regardez pas comme femme, mais regardez-moi comme misérable. Mon sexe a porté le sauveur du monde, et « ce ne sont pas les saints mais les malades qui ont besoin de médecin.»
Il s'arrêta à ces paroles, et, y ayant si longtemps qu'il n'avait vu de femme, lui demanda la cause de sa venue et de ses pleurs, laquelle ayant apprise, il leva les yeux au Ciel, lui dit d'avoir bonne espérance, l'accompagna de ses larmes lorsqu'elle l'eut quitté, et au bout d'un an la revit avec un fils que Dieu lui donna.
CHAPITRE V. Saint Hilarion guérit les enfants d’Elpide et d'Aristenète.
Ce fut là le commencement de ses miracles; mais un autre beaucoup plus grand le rendit encore plus célèbre.
Aristenète, femme d'Elpide qui fut depuis grand-maître du palais de l'empereur, fort recommandable entre ceux de sa nation mais beaucoup plus entre les Chrétiens, retournant avec son mari et trois de ses enfants de visiter saint Antoine, fut obligée de s'arrêter à Gaza à cause de leur indisposition; mais soit par la corruption de l'air ou (comme il parut ensuite) pour la gloire d'Hilarion, serviteur de Dieu, ses trois enfants étant tombés dans une violente fièvre, ils furent abandonnés des médecins.
Cette pauvre mère, criant et hurlant, courait au milieu de ses trois fils qui étaient comme autant de corps morts, allant tantôt vers l'un et tantôt vers l'autre sans savoir lequel elle devait pleurer le premier.
Enfin ayant appris qu'il y avait un solitaire dans un désert assez proche, oubliant la pompe des personnes de sa condition et se souvenant seulement qu'elle était mère, elle part accompagnée de quelques servantes et de quelques eunuques, son mari lui ayant à peine persuadé de monter sur un âne.
Etant arrivée, vers Hilarion, elle lui dit : « Je vous conjure par le Dieu que nous adorons, par notre Seigneur Jésus-Christ qui est la clémence même, et par sa Croix et par son Sang, de me rendre mes trois fils, et de venir à Gaza afin que le Nom de Notre Sauveur et de notre maître soit glorifié dans une ville païenne, et que l'idole de Marnas tombe par terre.
Hilarion, ne pouvant se résoudre à lui accorder sa demande, et disant qu'il n'était jamais sorti de sa cellule et qu'il n'avait point coutume, non seulement d'aller dans les villes, mais d'entrer même dans les moindres villages, Aristenète se jeta par terre en criant par diverses fois :
« Hilarion, serviteur de Dieu, rendez-moi mes enfants, et que ceux qu'Antoine a embrassés en Egypte soient conservés par vous en Syrie! »
Tous ceux qui étaient présents fondaient en larmes, et lui-même pleurait en lui refusant sa Prière.
Que dirai-je plus? cette dame ne s'en voulut jamais aller qu'après qu'il lui eût promis que le soleil ne serait pas plus tôt couché qu'il entrerait dans Gaza.
Etant arrivé, et ayant considéré l'un après l'autre dans leurs lits ces jeunes enfants que l'ardeur de la fièvre dévorait, il invoqua le Nom de Jésus-Christ.
O effet admirable de la souveraine puissance de ce Nom! On vit soudain d'une même manière sortir une sueur de ces trois corps ainsi que de trois fontaines; et en même temps ces malades, prenant de la nourriture, reconnaissant leur mère éplorée et rendant des actions de grâces à Dieu, baisèrent les mains du saint.
Ce miracle ayant été su et s'étant répandu de tous côtés, on voyait comme à l'envi les peuples de Syrie et d'Égypte aller vers lui à grandes troupes ; en sorte que plusieurs embrassaient la Foi de Jésus-Christ et faisaient profession de la vie solitaire, car il n'y avait point encore jusqu'alors de monastères dans la Palestine, et avant saint Hilarion on n'avait point vu de solitaires dans la Syrie.
Il fut le premier fondateur en ce pays de cette manière de vivre ; il fut le premier qui en donna les instructions; et, comme notre Seigneur Jésus-Christ avait le vieillard Antoine dans l'Égypte, il avait le jeune Hilarion dans la Palestine.
Date de dernière mise à jour : 21/10/2024
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