Saint Léon I le Grand, Pape (45ème) et Docteur de l'Église (406-461). Fête le 10 Novembre.

Dimanche 10 Novembre 2024 : Fête de Saint Léon I, le Grand, Pape (45ème) et Docteur de l'Église (406-461).
On dit que c'est lui qui arrêta Attila qui s'apprêtait à envahir l'Italie à la tête des Huns, en 452. Les barbares, murmurant de voir leur chef reculer, lui demandèrent raison de sa conduite: "Pendant que le Pontife me parlait, leur dit-il, je voyais à ses côtés un autre Pontife d'une majesté toute divine; il se tenait debout, ses yeux lançaient des éclairs, et il me menaçait du glaive qu'il brandissait dans sa main; j'ai compris que le Ciel se déclarait pour la ville de Rome." Ce personnage n'était autre que Saint Pierre.
Les Romains firent une réception enthousiaste au Pontife victorieux. Le génie de Raphaël a immortalisé cette scène dans une peinture célèbre.

Statue stleo 11 2http://nominis.cef.fr/contenus/saint/12/Saint-Leon-le-Grand.html

Saint Léon le Grand

Pape (45 ème) de 440 à 461 (? 461)

Il devint Pape à une époque troublée. C'était la lente agonie de l'empire romain sous les coups des invasions des Francs, des Wisigoths, des Vandales, des Huns, des Burgondes.
Pour l'Église, c'est le risque d'éclatement en de nombreuses hérésies. En particulier les monophysites qui acceptaient la Divinité du Christ mais refusaient qu'il soit vraiment Homme ; les nestoriens qui acceptaient que Jésus soit vrai Homme, mais pas vraiment le Verbe de Dieu.

Il apporta son soutien à Flavien, le Patriarche de Constantinople par une lettre dogmatique "le tome à Flavien", qui sera la base de la définition du Concile Christologique de Chalcédoine (451) quelques années plus tard: Le Christ-Jésus réunit en sa seule personne toute la nature Divine et toute la nature Humaine.

En 452, il sauve Rome des hordes d'Attila, mais ne peut empêcher le sac de Rome par les Vandales en 455.
Dans cet Occident démoralisé, il reste le seul et vrai recours moral.

Le Pape Benoît XVI, le 5 mars 2008:
Élu en 440, son Pontificat dura plus de vingt ans, dans un temps troublé. "Les invasions barbares, l'affaiblissement de l'autorité impériale en occident, une forte crise sociale poussèrent l'Évêque de Rome à jouer un rôle notable jusque dans les affaires politiques". Ainsi en 452 Léon rencontra Attila à Mantoue dans l'espoir de dissuader les Huns de poursuivre leurs opérations dans le nord de l'Italie.

Trois ans plus tard il traita avec Genséric qui s'était emparé de Rome afin que soient épargnées du pillage les Basiliques du Latran et du Vatican, ainsi que St.Paul hors les murs, dans lesquelles la population avait trouvé refuge.

A travers ses nombreuses homélies et lettres, Léon I démontre "sa grandeur dans le service à la Vérité et à la Charité, dans l'exercice assidu du langage, théologique et pastoral à la fois... Toujours attentif aux fidèles et au peuple de Rome, il avait aussi le souci de la communion entre les Églises locales, ce pourquoi il fut l'infatigable promoteur de la primauté romaine". Sous son pontificat se tint le Concile de Chalcédoine, le plus important de tous les précédents puisqu'il "affirma l'union en la personne du Christ des natures Humaine et Divine, sans confusion ni séparation".

Ce Pape, a souligné Benoît XVI, évalua de manière aigüe la responsabilité du successeur de Pierre, dont la mission est unique dans l'Église car "seul cet apôtre a reçu ce qui a été annoncé aux autres.
Tant en orient qu'en occident", saint Léon a su exercer cette responsabilité en intervenant ici ou là mais toujours avec prudence, fermeté et lucidité, que ce soit par écrit ou par le biais de ses envoyés. Il démontra combien l'exercice de la primauté romaine était, comme elle l'est aujourd'hui, pour servir efficacement la communion qui caractérise l'unique Église du Christ".
"Conscient du caractère transitoire de la période dans laquelle il vivait -a précisé le Saint-Père, d'une période de crise entre la Rome païenne et la Rome Chrétienne, Léon le grand sut rester proche des gens, du peuple et des fidèles par son action pastorale et sa prédication.
Il liait la liturgie à la vie quotidienne des Chrétiens", démontrant que la "liturgie Chrétienne n'est pas l'évocation du passé mais l'actualisation de réalités invisibles en action dans la vie de chacun de nous".
(Source: VIS 080305 530)

Mémoire de Saint Léon le Grand, Pape et Docteur de l’Église. Né en Étrurie, il fut d’abord diacre empressé de Rome, puis élevé sur le siège de Pierre, il mérita à bon droit d’être appelé Grand, aussi bien pour avoir nourri son troupeau d’une parole excellente et prudente que pour avoir affirmé avec force par ses légats au Concile œcuménique de Chalcédoine la doctrine orthodoxe sur l’incarnation Divine.
Il fut mis au tombeau en ce jour à Rome, près de Saint Pierre, en 461.

Martyrologe romain.

San leone i detto magno d 2https://levangileauquotidien.org/FR/display-saint/3c5e0a58-055e-49d4-97bd-e0231af74f69

Saint Léon I le Grand
Pape, Docteur de l'Église
(406-461)

Le 45° Pape de l'Église, Léon I, est né en Toscane en 406.
Il fut diacre du Pape Célestin avant d'être envoyé en mission en Gaule. C'est là qu'il apprit sa nomination Pontificale sous le nom de Léon I, pour succéder au Pape Sixte III.
L'époque est une époque très troublée : en même temps que commence la lente agonie de l'empire romain sous les coups des invasions des Francs, des Wisigoths, des Vandales, des Huns, des Burgondes, l'Église risque l'éclatement, confrontée à de nombreuses hérésies.

On dit que c'est lui qui arrêtera Attila qui s'apprêtait à envahir l'Italie à la tête des Huns, en 452.
L'armée de l'empereur étant insuffisante, c'est la rencontre entre Léon et Attila qui décidera celui-ci à épargner Rome et à se retirer derrière le Danube.
Pour remercier le Ciel, Léon fera fabriquer une statue de St Pierre avec le bronze provenant d'une statue de Jupiter.
Léon s'opposera ensuite à la mise à sac de Rome par les Vandales, mais ne pourra l'éviter en 455.

Léon I apporta son soutien à Flavien, le patriarche de Constantinople, par une lettre dogmatique "le tome à Flavien", qui sera la base de la définition du Concile Christologique de Chalcédoine (451) quelques années plus tard : Le Christ-Jésus réunit en sa seule personne toute la nature Divine et toute la nature Humaine.
Il laissa de très nombreuses homélies, Prières liturgiques et lettres, pleines d'enseignement. Il fut proclamé Docteur de l'Église en 1754.
Il sera le premier Pape à être enterré dans la Basilique Saint-Pierre de Rome.

Stleoi 1Pour approfondir, lire la Catéchèse du Pape Benoît XVI :
>>> Saint Léon le Grand
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]

BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 5 Mars 2008

Saint Léon le Grand

Chers frères et sœurs,
En poursuivant notre chemin parmi les Pères de l'Eglise, véritables astres qui brillent de loin, nous abordons pendant notre rencontre d'aujourd'hui la figure d'un Pape qui, en 1754, fut proclamé Docteur de l'Eglise par Benoît XIV: il s'agit de saint Léon le Grand.
Comme l'indique l'épithète que la tradition lui attribua très tôt, il fut véritablement l'un des plus grands Papes qui aient honoré le Siège romain, contribuant largement à en renforcer l'autorité et le prestige.
Premier Evêque de Rome à porter le nom de Léon, adopté ensuite par douze autres Souverains Pontifes, il est également le premier Pape dont nous soit parvenue la prédication qu'il adressait au peuple qui se rassemblait autour de lui pendant les Célébrations.
Il est naturel de penser également à lui dans le contexte des actuelles Audiences générales du mercredi, des rendez-vous qui pendant les dernières décennies sont devenus pour l'Evêque de Rome une forme habituelle de rencontre avec les fidèles et avec de nombreux visiteurs de toutes les parties du monde.
Léon était originaire de la région italienne de la Tuscia. Il devint diacre de l'Eglise de Rome autour de l'an 430 et, avec le temps, il acquit au sein de celle-ci une position de grande importance.
Ce rôle de premier plan poussa Galla Placidia, qui à cette époque dirigeait l'Empire d'Occident, à l'envoyer en Gaule en 440 pour résoudre une situation difficile. Mais au cours de l'été de cette année, le Pape Sixte III - dont le nom est lié aux magnifiques mosaïques de Sainte-Marie-Majeure - mourut, et ce fut précisément Léon qui lui succéda, recevant la nouvelle alors qu'il accomplissait justement sa mission de paix en Gaule.
De retour à Rome, le nouveau Pape fut consacré le 29 septembre 440. C'est ainsi que commença son Pontificat, qui dura plus de vingt-et-un an, et qui a été sans aucun doute l'un des plus importants de l'histoire de l'Eglise. A sa mort, le 10 novembre 461, le Pape fut enterré auprès de la tombe de saint Pierre. Ses reliques sont conservées aujourd'hui encore dans l'un des autels de la Basilique vaticane.
Le Pape Léon vécut à une époque très difficile:  la répétition des invasions barbares, le progressif affaiblissement en Occident de l'autorité impériale et une longue crise sociale avaient imposé à l'Evêque de Rome - comme cela devait se produire de manière encore plus forte un siècle et demi plus tard pendant le pontificat de Grégoire le Grand - d'assumer un rôle important également dans les événements civils et politiques.
Cela ne manqua pas, bien évidemment, d'accroître l'importance et le prestige du Siège romain. Un épisode de la vie de Léon est en particulier resté célèbre.
Il remonte à 452, lorsque le Pape rencontra à Mantoue, avec une délégation romaine, Attila, chef des Huns, et le dissuada de poursuivre la guerre d'invasion par laquelle il avait déjà dévasté les régions du nord-est de l'Italie.
Et ainsi sauva-t-il le reste de la péninsule. Cet événement important devint vite mémorable, et il demeure comme le signe emblématique de l'action de paix accomplie par le Pontife.
Trois ans plus tard, l'issue d'une autre initiative Papale, signe d'un courage qui nous stupéfie encore, ne fut malheureusement pas aussi positive: en effet, au printemps 455 Léon ne réussit pas à empêcher que les Vandales de Genséric, arrivés aux portes de Rome, envahissent la ville sans défense, qui fut mise à sac pendant deux semaines.
Toutefois, le geste du Pape - qui, sans défense et uniquement entouré de son clergé, alla à la rencontre de l'envahisseur pour le conjurer de s'arrêter - empêcha au moins que Rome ne soit incendiée et obtint que le terrible sac épargnât les Basiliques Saint-Pierre, Saint-Paul et Saint-Jean, dans lesquelles une partie de la population terrorisée se réfugia.
Nous connaissons bien l'action du Pape Léon, grâce à ses très beaux sermons - nous en conservons près de cent dans un latin splendide et clair - et grâce à ses lettres, environ cent cinquante.
Dans ces textes, le Pape apparaît dans toute sa grandeur, tourné vers le service de la Vérité dans la Charité, à travers un exercice assidu de la Parole, qui le montre dans le même temps théologien et pasteur.
Léon le Grand, constamment attentif à ses fidèles et au peuple de Rome, mais également à la communion entre les différentes Eglises et à leurs nécessités, fut le défenseur et le promoteur inlassable du primat romain, se présentant comme l'authentique héritier de l'Apôtre Pierre:  les nombreux Evêques, en grande partie orientaux, réunis au Concile de Chalcédoine se montrèrent bien conscients de cela.
Se déroulant en 451, avec la participation de trois cent cinquante Evêques, ce Concile fut la plus importante assemblée célébrée jusqu'alors dans l'histoire de l'Eglise.
Chalcédoine représente le point d'arrivée sûr de la Christologie des trois Conciles œcuméniques précédents: celui de Nicée de 325, celui de Constantinople de 381 et celui d'Ephèse de 431.
Au VI siècle, ces quatre Conciles, qui résument la Foi de l'Eglise des premiers siècles, furent en effet déjà comparés aux quatre Evangiles:  c'est ce qu'affirme Grégoire le Grand dans une lettre célèbre (I, 24), dans laquelle il déclare "accueillir et vénérer, comme les quatre livres du saint Evangile, les quatre Conciles", car c'est sur eux - explique encore Grégoire - "comme sur une pierre carrée que s'élève la structure de la sainte Foi". Le Concile de Chalcédoine - repoussant l'hérésie d'Eutichios, qui niait la véritable nature humaine du Fils de Dieu - affirma l'union dans son unique Personne, sans confusion ni séparation, des deux natures Humaine et Divine.
Cette Foi en Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, était affirmée par le Pape dans un important texte doctrinal adressé à l'Evêque de Constantinople, qui s'intitule Tome à Flavien, qui, lu à Chalcédoine, fut accueilli par les Evêques présents avec une acclamation éloquente, dont la description est conservée dans les actes du Concile: "Pierre a parlé par la bouche de Léon", s'exclamèrent d'une seule voix les Pères conciliaires.
C'est en particulier de cette intervention, ainsi que d'autres effectuées au cours de la controverse Christologique de ces années-là, qu'il ressort de manière évidente que le Pape ressentait avec une urgence particulière  la  responsabilité du Successeur de Pierre, dont le rôle est unique dans l'Eglise, car "à un seul apôtre est confié ce qui est communiqué à tous les apôtres", comme affirme Léon dans l'un de ses sermons pour la Fête des saints Pierre et Paul (83, 2).
Et le Pape sut exercer ces responsabilités, en Occident comme en Orient, en intervenant en diverses circonstances avec prudence, fermeté et lucidité à travers ses écrits et au moyen de ses légats.
Il montrait de cette manière que l'exercice du primat romain était alors nécessaire, comme il l'est aujourd'hui, pour servir efficacement la communion, caractéristique de l'unique Eglise du Christ.
Conscient du moment historique dans lequel il vivait et du passage qui se produisait - à une période de crise profonde - entre la Rome païenne et la Rome Chrétienne, Léon le Grand sut être proche du peuple et des fidèles à travers l'action pastorale et la prédication.  
Il  anima  la  charité dans une Rome éprouvée par les famines, l'afflux des réfugiés, les injustices et la pauvreté.
Il fit obstacle aux superstitions païennes et à l'action des groupes manichéens. Il relia la liturgie à la vie quotidienne des chrétiens: en unissant par exemple la pratique du jeûne à la Charité et à l'aumône, en particulier à l'occasion des Quattro tempora, qui marquent pendant le cours de l'année le changement des saisons.
Léon le Grand enseigna en particulier à ses fidèles - et aujourd'hui encore ses paroles restent valables pour nous - que la liturgie chrétienne n'est pas le souvenir d'événements passés, mais l'actualisation de réalités invisibles qui agissent dans la vie de chacun.
C'est ce qu'il souligne dans un sermon (64, 1-2) à propos de la Pâque, à célébrer à chaque époque de l'année "pas tant comme quelque chose du passé, mais plutôt comme un événement du présent".
Tout cela s'inscrit dans un projet précis, insiste le saint Pontife:  en effet, de même que le Créateur a animé par le souffle de la vie rationnelle l'homme façonné avec la boue de la terre, après le péché originel, il a envoyé son Fils dans le monde pour restituer à l'homme la dignité perdue et détruire la domination du diable, à travers la Vie nouvelle de la Grâce.
Tel est le mystère Christologique auquel saint Léon le Grand, avec sa lettre au Concile d'Ephèse, a apporté une contribution efficace et essentielle, confirmant pour tous les temps - par l'intermédiaire de ce Concile - ce que dit saint Pierre à Césarée de Philippe.
Avec Pierre et comme Pierre, il confesse: "Tu es Le Christ, Le Fils du Dieu vivant". Il est donc Dieu et Homme à la fois, "il n'est pas étranger au genre humain, mais étranger au péché" (cf. Serm. 64).
Dans la force de cette Foi Christologique, il fut un grand porteur de Paix et d'Amour. Il nous montre ainsi le chemin: dans la Foi nous apprenons la Charité.
Nous apprenons donc avec saint Léon le Grand à croire dans Le Christ, vrai Dieu et vrai Homme, et à réaliser cette Foi chaque jour dans l'action pour la Paix et dans l'Amour pour le prochain.

Leoattila raphael Rencontre de Léon le Grand avec Attila
1512 Raphaël
Palais du Vatican, salle d'Héliodore.

http://magnificat.ca/cal/fr/saints/saint_leon_le_grand.html

SAINT LÉON LE GRAND, Pape (398-461)

Saint Léon le Grand naquit à Rome, d'une des premières familles de la Toscane, vers la fin du IVe siècle.
Son rare mérite l'éleva promptement au titre d'archidiacre de l'Église romaine; il n'avait guère plus de quarante ans, quand il fut appelé, par les vœux du clergé et du peuple, sur le siège de saint Pierre.

Toutes les qualités d'un Pape remarquable parurent dans sa personne, et c'est à juste titre que la postérité, après ses contemporains, lui a donné le nom de Grand.
L'époque était difficile: les manichéens, les donatistes, les ariens, les priscillianistes, les nestoriens et les eutychiens infestaient l'Église de leurs hérésies.

Le saint et docte Pontife, armé du glaive de la Parole infaillible, combattit avec vigueur la doctrine impie de tous les côtés à la fois; par ses lettres, par ses légats, par des Conciles, il suscita un grand mouvement de résistance à l'erreur et le retour d'une grande multitude d'âmes à la Justice et à la Vérité.

Sa magnifique lettre au Concile de Chalcédoine produisit un tel effet que les six cents Évêques, après en avoir entendu la lecture, s'écrièrent d'une voix unanime: "C'est Pierre qui a parlé par Léon!"

La rencontre entre saint leon i et attila 11La rencontre entre Saint Léon I et Attila par  Alessandro Algardi. Basilique Saint Pierre. Rome. XVIème siècle.

L'un des faits les plus imposants de son beau et si fécond Pontificat, c'est sa procession solennelle au-devant d'Attila, roi des Huns, surnommé le fléau de Dieu, qui avançait vers Rome pour la détruire.
Attila l'accueillit avec respect et lui promit de laisser en paix la Ville éternelle, moyennant un faible tribut annuel.

Les barbares, murmurant de voir leur chef reculer, lui demandèrent raison de sa conduite:
"Pendant que le Pontife me parlait, leur dit-il, je voyais à ses côtés un autre Pontife d'une Majesté toute Divine; il se tenait debout, ses yeux lançaient des éclairs, et il me menaçait du glaive qu'il brandissait dans sa main; j'ai compris que le Ciel se déclarait pour la ville de Rome."
Ce personnage n'était autre que Saint Pierre.

Les Romains firent une réception enthousiaste au Pontife victorieux. Le génie de Raphaël a immortalisé cette scène dans une peinture célèbre.
L'humanité, la douceur et la Charité furent les principales vertus de Saint Léon. Ses écrits, qui suffiraient à l'illustrer par la splendeur du style comme par l'élévation des pensées, montent à une hauteur plus grande encore quand il traite de l'Incarnation, et c'est pourquoi on lui a donné le titre de Docteur de l'Incarnation.
Il surpassa tous les Pontifes qui l'ont précédé, et il eut peu de successeurs dont le mérite ait approché du sien.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.

Leo 1Le Saint Pape Léon devant Attila, Vatican, Basilique Saint-Pierre

http://www.patristique.org/Les-Peres-de-l-Eglise-latine-IV-Leon-le-Grand.html

SAINT LÉON LE GRAND

L’égalité que la Divinité du Fils possède inviolablement n’est pas altérée du fait qu’il est homme ; mais cette descente du Créateur vers la créature, c’est la montée des croyants vers les biens éternels.
Sermon 25, 5e sur la Nativité

Le Créateur portait lui-même sa créature pour refaire en elle l’image de son auteur… En nous le Seigneur tremblait de notre frayeur en sorte que, prenant notre faiblesse et s’en revêtant, il habillât notre inconstance de la fermeté issue de sa force…
Le serviteur (il s’agit de saint Pierre) n’aurait pu vaincre l’effroi de l’humaine fragilité si le vainqueur de la mort n’avait d’abord tremblé… c’était comme si je ne sais quelle voix du Seigneur s’était fait entendre dans son cœur pour lui dire :
« Où vas-tu, Pierre ? Pourquoi te retirer en toi ? Reviens à moi, aie confiance en moi, suis-moi : ce temps est celui de ma Passion, l’heure de ton supplice n’est pas encore venue. Pourquoi crains-tu ce que tu surmonteras toi aussi ?
Ne te laisse pas déconcerter par la faiblesse que j’ai prise. Si moi, j’ai tremblé, c’est en raison de ce que j’ai de toi, mais toi, sois sans crainte en raison de ce que tu tiens de moi » [1].

I. Vie
Saint Léon est originaire de Toscane. Il fut élu pape en 440, succédant à Sixte III. Dès avant cette date, le diacre Léon occupait une place prépondérante dans le clergé romain : lors de cette élection, il était d’ailleurs en Gaule, chargé d’une mission politique.
On ignore tout de sa jeunesse. À sa demande, en 430 son ami Jean Cassien, qui fut diacre à Constantinople, écrivit un Traité sur l’Incarnation afin d’éclairer l’Occident sur la position de Nestorius, l’Évêque de Constantinople qui dissociait dans le Christ le Fils de Dieu et le fils de la Vierge Marie [2].
Durant son long pontificat de vingt et un ans, saint Léon se montra le gardien de l’orthodoxie, le défenseur de Rome et, comme ses Sermons le prouvent, le pasteur attentif à mener son peuple à la perfection [3].

1. Gardien de l’orthodoxie
Saint Léon s’opposa aux pélagiens, aux manichéens et aux priscillianistes, c’est-à-dire qu’il défendit la doctrine de la grâce et de sa nécessité et qu’il combattit le dualisme gnostique qui tend à mépriser la chair.
Mais l’œuvre essentielle de Léon, celle dont témoigne toute sa prédication où la doctrine de l’Incarnation est proposée comme la source même de notre vie morale et de notre sanctification, fut la grande lutte contre l’hérésie d’Eutychès.
En 431, le Concile d’Ephèse avait défini l’union hypostatique de la nature Divine et de la nature humaine du Christ en une seule personne.
Eutychès, supérieur à Constantinople d’un Monastère de plus de trois cents moines, exagéra l’unité de ces deux natures au point de dissoudre en quelque sorte l’humanité du Christ dans sa Divinité.
Par l’union hypostatique, une seule nature subsiste, disait-il, la nature Divine : c’est le monophysisme.
En 449, un nouveau Concile se réunissait à Ephèse en faveur d’Eutychès qui avait été condamné par l’Évêque de Constantinople Flavien.
Déjà le Pape avait pris nettement position dans une lettre dogmatique adressée à Flavien, la Lettre 28 ou Tome à Flavien.

Les propriétés des deux natures et substances étant pleinement sauvegardées et s’étant réunies en une seule personne, la majesté s’est revêtue de la bassesse, la force de la faiblesse et l’éternité de la mortalité…
Le Christ a pris l’état de serviteur sans la souillure du péché, relevant l’humanité sans diminuer la divinité…
Pierre, instruit par la révélation du Père, confessa que le Christ et le Fils de Dieu sont la même personne parce que l’un sans l’autre n’aurait pu opérer notre salut et qu’il était également périlleux de croire Jésus-Christ notre Seigneur, ou simplement Dieu sans humanité, ou simplement homme sans divinité.

Tome à Flavien [4]
Le Pape confia cette lettre aux légats chargés de le représenter au Concile afin qu’elle y soit lue publiquement.
Mais le patriarche d’Alexandrie, Dioscore, qui présidait le Concile, veillera à ce qu’elle soit passée sous silence.
Eutychès sera réhabilité, l’Évêque Flavien jeté en prison mourra par suite des mauvais traitements qu’il dut subir.
Le Pape désavouera ce Concile qu’il nomme lui-même le brigandage d’Ephèse. Suite aux démarches du Pape, un nouveau concile œcuménique auquel participèrent plus de 500 Évêques se réunit près de Constantinople à Chalcédoine, en 451.
La décision dogmatique qui y fut prise s’inspire directement du Tome à Flavien.

À la suite des saints Pères, nous enseignons tous à l’unanimité un seul et même Fils, Notre Seigneur Jésus-Christ, complet quant à sa Divinité, complet aussi quant à son Humanité, vrai Dieu et en même temps vrai homme, composé d’une âme raisonnable et d’un corps, consubstantiel au Père par sa Divinité, consubstantiel à nous par son humanité, né pour nous dans les derniers temps de Marie, la Vierge et la Mère de Dieu ; nous confessons un seul et même Jésus-Christ, Fils unique, que nous reconnaissons être en deux natures, sans qu’il y ait ni confusion, ni transformation, ni division, ni séparation entre elles, car la différence des deux natures n’est nullement supprimée par leur union, tout au contraire, les attributs de chaque nature sont sauvegardés et subsistent en une seule personne…

Décret dogmatique de Chalcédoine [5]

Le Concile de Chalcédoine fut celui de la Divino-Humanité.

Le Pape Léon, par sa lettre à Flavien, en avait en quelque sorte dicté le langage. Or, ce vocabulaire fut mal compris par beaucoup d’Orientaux : concordait-il avec celui de Cyrille d’Alexandrie ?
Tragiquement, le malentendu entre l’Orient et l’Occident s’aggravait et la rupture qui se préparait s’annonçait d’autant plus grave que le Pape refusait, comme ses légats, de reconnaître le 28e canon du Concile qui accordait, après Rome, la primauté au siège de Constantinople [6].

2. Défenseur de Rome
En Occident, les barbares envahissaient l’empire romain. En 452, les Huns, venus d’Asie, franchirent au nord la frontière italienne.
L’empereur Valentinien III délégua aussitôt auprès de leur roi, Attila, le Fléau de Dieu, une ambassade chargée de négocier la paix.
Elle se composait du Pape, d’un préfet et d’un consul.
La rencontre célèbre entre Attila et Léon le Grand eut lieu à Mantoue. Attila accepta de quitter l’Italie et Rome fut épargnée.
En 455, Léon le Grand s’avancera de même à la rencontre du roi des Vandales, Genséric, mais il ne put obtenir cette fois que Rome soit épargnée, elle fut pillée, mais du moins, grâce à l’intervention du Pape, la vie des habitants fut sauvegardée. Léon mourut en 461.

II. Œuvres
Il n’y a guère à parler, la Lettre à Flavien mise à part, des Lettres de Léon : ce sont des documents officiels très importants pour l’histoire de l’Église et du dogme, mais ces lettres ne sont pas son œuvre personnelle.
Quant au Sacramentaire léonien appelé le plus souvent le Veronense, il n’est pas non plus son œuvre : il est une compilation, qui vit le jour à Vérone très probablement, de formules de prières rédigées entre 440 et 550.
C’est le rôle des spécialistes de la liturgie d’y discerner la part qui revient à saint Léon ou à son influence.

Les Sermons
On a conservé 96 sermons de Saint Léon qui est le premier pape dont on ait les prédications. Le Pape prêchait, avec Foi et ferveur, aux grandes Fêtes de l’année liturgique dont nous pouvons parcourir avec lui tout le cycle : le jeûne de Décembre - l’Avent n’existait pas à Rome au Ve siècle -, Noël, l’Epiphanie, le Carême, la Passion, les Vendredi et Samedi saints, l’Ascension, la Pentecôte, le jeûne de Pentecôte correspondant aux Quatre-Temps de Pentecôte.

La continuation des Fêtes qui se succèdent les unes aux autres empêchera que ne se ralentisse la force de notre joie et que ne s’attiédisse la ferveur de notre Foi.

Sermon 31 : 1er pour l’Épiphanie [7]

On a aussi un sermon pour la fête des Saints Pierre et Paul, un sermon pour la fête de Saint Laurent, etc.
Le Pape parle encore en certaines circonstances : au jour de son Ordination épiscopale et chaque année, au jour anniversaire de cette Ordination, à l’occasion de collectes organisées au profit des pauvres, etc.

Les sermons de Saint Léon sont des homélies liturgiques qui font partie intégrante de la Célébration.
Ils ne sont pas longs : la plupart peuvent être lus oralement en un quart d’heure. Il est vrai que, bien que la langue en soit très belle, ils sont assez monotones dans leur solennité même.
Ils se déroulent en longues et majestueuses périodes cadencées. Les traduire c’est certainement les trahir !
Ces grandes phrases majestueuses et dignes ont été travaillées [8]. Et cependant, si paradoxal que cela paraisse, saint Léon est simple, c’est bien au peuple qu’il s’adresse et il peut en être compris.
Le dogme, le dogme christologique partout présent, est au service de la vie chrétienne. On a dit, et c’est vrai, que saint Léon est un moraliste mais sa morale s’enracine toujours dans la doctrine, elle prend sa source dans le mystère pascal, le Sacrement du Salut.
Près du tiers des sermons de saint Léon sont d’ailleurs consacrés à préparer les Chrétiens à la Célébration Pascale ou à la leur commenter.

Certaines formules sont lapidaires, très proches de l’expression liturgique :

Dieu tout-puissant et clément, dont la nature est bonté, dont la volonté est puissance, dont l’action est Miséricorde…
Sermon 22 : 2e de la Nativité

Le Dieu immuable dont la volonté ne peut être privée de sa bonté.
Sermon 22

L’Ascension du Christ est notre élévation, Là où a précédé la Gloire de la tête, Là est appelée l’espérance du corps.
Sermon 73 : 1er sur l’Ascension

En fait, presque toutes les formules de Saint Léon ont cette force de frappe ! Mais, traduites, elles perdent leur rythme musical et leur expressive beauté.

Saint Léon, en mettant sans cesse sous les yeux des fidèles la doctrine de l’Incarnation rédemptrice, en a développé toutes les implications : Le Christ est uni à tous les hommes par une commune nature et si chaque Chrétien doit reconnaître sa dignité, il doit de même reconnaître la dignité de son frère : tout Chrétien est par définition socialis (le mot est de saint Léon) un être social, il reconnaît en son frère la nature du Christ.
Le devoir de l’ascèse, du jeûne sur lequel saint Léon a tant insisté - s’enracine dans le respect que le chrétien a de sa dignité personnelle : il se purifie au profit de l’homme intérieur, veillant sans cesse sur ses intentions,
… afin que l’âme, libre de toute concupiscence charnelle, puisse, dans le temple de l’esprit, vaquer à la divine sagesse, là où le fracas des soucis terrestres fait silence, et se réjouir dans de saintes méditations, dans les délices éternelles.

Sermon 19, sur le jeûne

Le devoir de l’aumône s’enracine de même dans le respect que le chrétien a de la nature humaine de son frère : par l’incarnation rédemptrice, Dieu nous a reformés à son image
… afin qu’en nous se retrouve la forme même de sa bonté, il nous enflamme du feu de son amour, afin que nous l’aimions, lui-même, mais aussi tout ce qu’il aime.

Sermon 12, sur le jeûne

Le Christ s’est vraiment revêtu de notre humanité :

Celui donc, bien-aimés, qui a pris une véritable et entière nature humaine, a pris vraiment les sens de notre corps, les sentiments de notre âme. Ce n’est pas parce que tout en lui était plein de grâces et de miracles, qu’il a dû pour autant pleurer de fausses larmes, simuler la faim en prenant de la nourriture, ou feindre le sommeil en paraissant dormir.
C’est dans notre humiliation qu’il a été méprisé, dans notre affliction qu’il a été attristé, dans notre douleur qu’il a été crucifié.
Car sa miséricorde a subi les souffrances de notre état mortel afin de les guérir, sa force les a acceptées afin de les vaincre.

Sermon 58, 7e sur la Passion

Comme la nature divine ne pouvait recevoir le trait de la mort, le Christ a pourtant pris en naissant de nous ce qu’il pourrait offrir pour nous.

Sermon 59, 8e sur la Passion

Elle nous a assumés, cette nature, sans détruire ses attributs au contact des nôtres, ni les nôtres au contact des siens, et elle a fait en elle une Personne unique qui est de la Divinité et de l’humanité, de telle manière que, dans cette économie de faiblesse et de force, ni la chair ne pût être inviolable du fait de son union - à la Divinité, ni la Divinité passible du fait de son union à la chair.

Sermon 72, 2e sur la Résurrection

Il faut terminer en citant ce texte que chacun connaît sans doute par cœur :

Déposons donc le vieil homme avec ses œuvres, et devenus participants de la génération du Christ, renonçons aux œuvres de la chair. Reconnais, ô chrétien, ta dignité : associé à la nature divine, ne retourne pas à ton ancienne bassesse par une manière de vivre dégénérée. Souviens-toi de quel Chef et de quel Corps tu es membre !

Sermon 20, 1er sur la Nativité

Conclusion
Saint Léon le Grand est une forte personnalité, un homme d’action et de gouvernement. Il avait une idée très haute de sa mission et du destin providentiel de Rome.
Dans une pensée de Foi et sans orgueil personnel, il a imposé la suprématie romaine et il a fait succéder à la Rome impériale la Rome pontificale.
Ce ne fut pas sans dommages : son autorité fut telle que l’Orient s’en sentit offensé et que la rupture avec Rome s’accéléra.

Nous n’avons pas à nous arrêter ici à ce point de vue historique, c’est l’auteur des Sermons qui nous intéresse : saint Léon est le témoin de la tradition, il n’est pas un penseur original et il est souvent dit de lui qu’il n’est pas un théologien : c’est exact en ce sens qu’il n’est pas un chercheur, mais la théologie de saint Léon est ferme, sûre et nette et ses sermons sont de grandes œuvres doctrinales, autant que des documents liturgiques et littéraires de valeur.
Le dogme de l’union hypostatique est au cœur de la pensée du grand pontife, cette union élève l’humanité et c’est elle qui donne la force à l’homme de réaliser sa destinée.
L’appel à la vie morale est l’appel à participer pleinement à l’incarnation rédemptrice. Doctrine, louange, exultation et vie morale ne se dissocient pas : l’homme est appelé à participer à la vie de Dieu qui est Charité.
Saint Léon est un grand orateur et il est un saint, il vit de sa Foi. Sa doctrine théologique est une doctrine pastorale : Jean XXIII voulait l’apprendre de lui, voici ce qu’il écrit au 2 Décembre 1961 dans ses notes de retraite spirituelle :

L’exercice de la parole qui veut être substantielle et non vaine me fait désirer de me rapprocher davantage de ce qu’écrivirent les grands pontifes de l’antiquité.
Ce mois-ci, ce sont saint Léon le Grand et Innocent III qui me deviennent familiers.
Malheureusement peu d’ecclésiastiques se soucient d’eux qui sont riches d’une si grande doctrine théologique et pastorale.
Je ne me lasserai jamais de revenir à ces sources si précieuses de science sacrée et de haute et délicieuse poésie.

Saint Jean XXIII.

Leongrand 2

http://missel.free.fr/Sanctoral/11/10.php.

Sa vie

Ferme témoin de l'ère patristique dans la décadence romaine où, pendant vingt-et-un ans, il affronte victorieusement les nouveaux maîtres, les Barbares 1, le quarante-cinquième Évêque de Rome, quarante-troisième saint Pape, est le premier à porter le nom de Léon 2 et le premier dont nous conservons les œuvres complètes 3 qui lui valent d'être le premier Pape à porter le titre de Docteur de l'Eglise 4 ; il est aussi le premier Pape à être enseveli au Vatican : « L'ancienne Eglise, écrivait le savant Batiffol 5, n'a pas connu de Pape plus complet ni de plus grand. »
Il pourfend les hérétiques, il prêche à temps et à contretemps, avec simplicité et profondeur, dignité et tendresse ; il déploie un courage authentique et modeste quand il affronte les Huns et les Vandales ;  faiseur de Paix, appliqué à son métier de Pape, ce conducteur d'hommes sacrifie sa vie privée à sa vie publique : « Nous devons courir la route qui n'est autre que Jésus en personne. »
Fils de Quintanius, certains le supposent toscan tandis que d'autres, s'appuyant sur une de ses lettres à Pulchérie (épître XXXI)  l'affirment romain.
Nous ne savons rien de sûr de ses premières années, sinon la belle résultante d'une bonne éducation classique.
On le rencontre en 418, déjà l'acolyte, utilisé comme vaguemestre du Pape Zosime qui le distingue pour son humanisme solide (hormis la maîtrise du grec), sa connaissance approfondie des sciences ecclésiastiques et sa séduisante éloquence ordonnée.
Ordonné diacre par le Pape Célestin, il est nommé Archidiacre de Rome (432) et bientôt chargé de mission à l'époque où Cassien lui dédie son traité contre les Nestoriens. 6 »
C'est grâce à lui que le Pape Sixte III déjoue les arguties de Julien d'Eclane (439) qui soutient les pélagiens 7.
En 440, il  est désigné comme médiateur dans le litige qui oppose, en Gaule, le général Ætius au seigneur Albinus.
Lorsque meurt Sixte III (19 août 440), Léon est rappelé d'urgence à Rome où il est élu à la succession de Pierre (29 septembre 440).
Chef prudent et sage, homme de doctrine et de discipline, Léon I° s'entoure de conseillers avisés, choisis parmi les spécialistes des grandes questions comme le moine Prosper d'Aquitaine, polémiste vigoureux contre Cassien et Vincent de Lérins, et viscéralement anti-pélagien.
Dans ses homélies, en style elliptique, il commente l'année liturgique en formules lapidaires. On cite comme exemple de beau latin et de commentaire intériorisé, son fameux sermon sur Noël.
« Aujourd'hui, frères bien-aimés, Notre-Seigneur est né. Réjouissons-nous ! Nulle tristesse n'est de mise, le jour où l'on Célèbre : naissance de la Vie, abolition de la peur causée par la mort, éternité promise...
Le Verbe Divin, Dieu Lui-même, s'est fait homme pour délivrer l'homme de la mort éternelle. Pour ce faire, il s'est abaissé jusqu'à nous, mais sans rien perdre de sa Majesté.
Il est devenu ce qu'il n'était pas, tout en demeurant tout ce qu'il était. Il unit donc la forme de l'esclave à la forme dans laquelle il est égal à Dieu Le Père.
De la sorte, il a lié entre elles deux natures, de telle façon qu'il n'a pas détruit la nature inférieure par sa Glorification et n'a pas amoindri la nature supérieure par l'addition de l'autre
. 8 »
A travers même la traduction, les plus délicats détectent et apprécient les procédés rhétoriques : parallèles et antithèses, assonances et clausules... Il en est de même du célèbre sermon sur la Passion.
« La glorieuse Passion de Notre-Seigneur, apparaît spécialement admirable par son mystère d'Humilité... En effet, la toute-puissance du Fils de Dieu, source de son égalité avec Le Père dans l'unité d'essence, aurait pu soustraire le genre humain à l'esclavage du diable par le seul commandement de sa volonté.
Mais il était pleinement conforme aux œuvres Divines que l'hostilité et la malignité de l'ennemi fussent vaincues par cela même qu'elles avaient vaincu, que la liberté fût restaurée par la nature même qui nous avait tous jetés dans l'esclavage... Dans cette union entre la créature et son créateur, rien ne manqua à la nature Divine, rien d'humain ne manque à celle qu'il assumait
. 9 »
Léon le Grand combat l'erreur manichéenne du perse Manès (mort 227), hérésie qui reconnaît deux principes - le Bon qui est Dieu et le Mauvais qui est le démon, en lutte perpétuelle.
En 443-444, il recourt au bras séculier et les empereurs Théodose le Jeune et Valentinien III prononcent des peines sévères contre les sectateurs. Même conduite envers les pélagiens, solennellement stigmatisés au concile d'Ephèse (431). Seize ans après, les priscillianistes 10 sont condamnés.
Sous son impulsion, la délicate question de l'élection des Évêques est réglementée. Léon rappelle à l'ordre les épiscopes de Mauritanie césarienne, Rusticus, Évêque gaulois de Narbonne, Hilaire Évêque d'Arles.
Au milieu du découpage de l'Eglise du V° siècle entre les juridictions patriarcales 11 il sauvegarde la primauté romaine, au point de mériter (227 ans après sa mort) l'éloge d'un de ses successeurs, Serge I° qui lui attribue cette devise : « Je veille pour que le loup, toujours à l'affût, ne saccage pas mon troupeau. »
Après la condamnation de Nestorius, au concile d'Ephèse (431), un archimandrite de Constantinople, Eutychès, d'apparence austère, tombe dans l'erreur opposée à celle de Nestorius.
Le premier proclame qu'il y a deux personnes distinctes, en Jésus-Christ : l'homme et le dieu ; le second soutient qu'il n'y a qu'une seule nature en Jésus-Christ : la divine. Entre Flavien, patriarche de Constantinople qui défend et diffuse la saine doctrine, et Eutychès qui la bafoue, il faut trancher.
Eutychès,  appuyant sa supplique par une lettre de l'empereur Théodose, en appelle au Pape Léon.
Un rescrit impérial convoque un Concile à Ephèse, pour le 30 mars 449 où, à cause de son appel au Pape qui est suspensif, Eutychès échappe à la condamnation prononcée par Flavien. Pire encore, lors du Concile frauduleusement convoqué, les légats du Pape 12 sont placés sous surveillance des mouchards impériaux et le patriarche Flavien est molesté ; Léon le Grand dénonce l'irrégularité flagrante : Ephenisum latrocinium, Le brigandage d'Ephèse.
Le Pape rédige son admirable Lettre dogmatique à Flavien : outre la condamnation d'Eutychès (Imprudent à l'excès, exégète ignorant et contempteur de la vérité) il fournit des précisions dogmatiques ciselées comme des rasoirs.
« Jésus-Christ fait homme, unique médiateur entre Dieu et les hommes, a pu mourir dans sa nature Humaine, tout en restant immortel dans sa nature Divine.
Le vrai Dieu par sa naissance a pris la nature parfaitement complète d'un homme authentique et il est : tout entier dans la sienne et tout entier dans la nôtre...
C'est grâce à cette unité de personne dans une double nature que le Fils de l'homme est descendu du Ciel et, d'autre part, que le Fils de Dieu a été Crucifié et enseveli, alors qu'il a pu souffrir ces épreuves par suite de l'infirmité de notre nature, nullement de sa Divinité elle-même...
Si donc Eutychès accepte la Foi Chrétienne, il reconnaîtra quelle est la nature qui a été percée par les clous et attachée à la Croix... L'Église Catholique vit et perpétue cette croyance : dans Le Christ Jésus, l'Humanité n'est pas sans véritable Divinité et la Divinité sans véritable Humanité !
 »
Placidie, mère de Valentinien III et Pulchérie, devenue épouse de Marcien, interviennent près de l'autorité impériale ; toutes les questions litigieuses seront précisées par une assemblée ecclésiale régulière, le Concile de Chalcédoine (octobre-novembre 451), convoqué par l'empereur Marcien et approuvée par le Pontife suprême où 550 Évêques orientaux, 2 légats dePpape et deux africains, destituent Dioscore, l’organisateur du brigandage d'Ephèse, et condamnent Eutychès et le monophysisme 13.
On définit en Jésus deux natures distinctes et parfaites : la Divine et l'Humaine. On publie le symbole de Chalcédoine, à propos duquel les Pères du Concile s'écrient unanimement : « C'est la Foi des apôtres, c'est la Foi des premiers pasteurs, c'est ce que nous croyons... Pierre a parlé, par la bouche de Léon.
Les propos du Pape sont clairs : Rome donne des solutions aux cas qu'on lui soumet. Ces solutions sont des sentences. Pour l'avenir, Rome prononce des sanctions. »
La victoire des champs catalauniques, gagnée, entre Châlons-sur-Marne et Troyes, par Aetius (romain), Mérovée (franc) et Théodoric I° (wisigoth) contre Attila, roi des Huns, le fléau de Dieu, renvoie les hordes sur le Danube d'où, au printemps 452, il s'avance jusqu'au nord de l'Italie ; comme Aetius se déclare incapable d'affronter victorieusementl'envahisseur qui menace Rome, le Sénat s'adresse au Pape Léon pour négocier.
Aux environs de Mantoue, une procession de gens d'Église - Moines, Prêtres et chasubles, Évêques revêtus d'or - précède le Pape à la rencontre des Huns.
Attila regarde, hésite et, subitement, enlève sa monture pour traverser au galop le Mincio (affluent du Pô).
Après l'entrevue, Attila qui parle couramment latin, rejoint ses troupes pour leur donner l'ordre de retraite vers la Hongrie où il mourra l'année suivante.
Trois ans plus tard (juin 455), les vandales de Genséric, à partir de ses puissantes bases navales méditerranéennes, investit Rome et s'en empare.
Là encore, Léon le Grand négocie  : mes soldats ne verseront pas le sang humain, aucun édifice ne sera brûlé déclare Genséric qui cesse son occupation, le 29 juin 455, Fête des saints apôtres Pierre et Paul.  Léon exhorte les fidèles : « Peuple romain, n'oublie pas trop vite cette délivrance ! 14 »
Dans les dernières années du pontificat de Léon le Grand, l'Eglise souffre de l'agitation orientale.
En Egypte, le moine Timothée, surnommé Elure (le chat), à cause de ses manières félines, pour devenir patriarche d'Alexandrie fait massacrer le titulaire, Porterius. 
« Votre église alexandrine, écrit Léon le Grand, devient une caverne de voleurs (spelunca latronum).15 »
Sa belle épître du 17 août 458, modèle de simplicité conjointe avec la fermeté doctrinale, développe un plan de redressement.
En 460, Timothée-le-chat, enfin banni, est remplacé par un ancien solitaire du monastère de Canope, Solophaciole. « Après seize ans de chicanes, notre sainte Eglise connaît enfin la Paix. » Un an après, le 10 novembre 461, Léon meurt et on l'inhume dans la Basilique Saint-Pierre.
Au plan doctrinal, ce lutteur pour la Foi, vainqueur du paganisme, se fait le champion de l'unité ecclésiale. Il reste le docteur de l'Incarnation.
Au plan politique, la Rome Pontificale succède, avec ce grand chef, à la Rome impériale. Avec Léon, le siège sacré de l'apôtre Pierre devient inspirateur et conducteur de l'univers. Solidement implanté sur ce roc, battu par l'ouragan des hérésies et les vagues des barbares, ce Pape de la sauvegarde est un inlassable prophète de l'espérance.  « Le bienheureux Pierre persiste dans la solidité qu'il reçut. Il n'abandonnera jamais le gouvernement ecclésial. Je continue. »
pope-st-leo-the-great2.jpgUne homélie
Je me réjouis, mes bien-aimés, de votre affection filiale, et je rends grâces à Dieu parce que je reconnais en vous la Charité qui constitue l'unité Chrétienne.
Comme l'atteste en effet votre affluence aujourd'hui, vous comprenez que le retour de cet anniversaire a le sens d'une joie commune, et que la fête annuelle du pasteur est à l'honneur de tout le troupeau.
Car toute l'Eglise de Dieu est organisée en degrés distincts, de sorte que l'intégralité de son corps sacré est formée de membres divers ; cependant, comme le dit l'Apôtre, dans Le Christ Jésus nous sommes tous un 16.
Nos offices nous distinguent, mais tout membre, si humble soit-il, est en relation avec la tête. Dans l'unité de la Foi et du Baptême nous formons donc, mes bien-aimés, une société sans castes.
La dignité est, chez nous, générale, et nous pouvons dire selon ces paroles du Bienheureux Apôtre Pierre : « Et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, vous vous dressez en un édifice spirituel, en un Sacerdoce saint, qui offre un Sacrifice spirituel, agréable à Dieu par Jésus-Christ. »
Et plus loin : « Mais vous, vous êtes une race choisie, un Sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis.17 »
Car de tous ceux qui sont régénérés dans Le Christ, le signe de la Croix fait des rois, et l'onction de L'Esprit-Saint fait des Prêtres ; si bien qu'outre le service spécial qui constitue notre ministère, tous ceux qui sont Chrétiens en esprit et en vérité savent qu'ils sont de sang royal et de rang Sacerdotal.
Quoi de plus royal, en effet, qu'une âme soumise à Dieu et maîtresse de son corps ? Quoi de plus Sacerdotal que de vouer à Dieu une conscience pure et de lui présenter sur l'autel du cœur le sacrifice sans tache de la piété filiale ?
Puisque ce sacrifice est, par la grâce de Dieu, notre sacrifice à tous, c'est un acte religieux et louable que de vous réjouir de cet anniversaire comme de votre propre honneur.
Ainsi le Sacrement un du Pontificat sera Célébré dans tout le Corps de l'Eglise. Avec l'huile de la Bénédiction il se répand sans doute plus abondamment sur les degrés supérieurs, mais ce n'est pas non plus avec parcimonie qu'il descend aux inférieurs.

Bien que nous ayons donc grand sujet de joie commune dans ce don que nous partageons, mes bien-aimés, nous aurons encore une raison plus vraie et plus excellente de nous réjouir si nous n'en restons pas à nous considérer nous-mêmes, humbles gens : il est beaucoup plus utile et plus digne d'élever les regards de notre âme pour Contempler la Gloire du bienheureux Apôtre Pierre, et de fêter cette journée en vénérant celui sur qui la source même de tous les dons a coulé si abondamment.
Non seulement un grand nombre de dons ont été pour lui seul, mais aucun n'a passé à d'autres sans qu'il y ait part.
Car déjà Le Verbe fait chair habitait parmi nous 18 ; déjà Le Christ se donnait entièrement à la restauration du genre humain.
Rien n'était étranger à sa Sagesse, rien n'était difficile pour sa puissance. Les éléments, les esprits, les anges, étaient à son service : le mystère qu'opérait Le Dieu un et trine ne pouvait en aucune manière être inefficace.
Et cependant, Pierre est choisi, seul du monde entier, pour être préposé à l'appel de toutes les nations, et aux Apôtres, aux Pères de l'Eglise; Bien qu'il y ait dans le peuple de Dieu beaucoup de Prêtres, beaucoup de Pasteurs, c'est proprement Pierre qui gouverne tous les fidèles, comme c'est en dernier ressort Le Christ qui est leur Chef.
Mes bien-aimés, Dieu a daigné donner à cet homme une grande et admirable part de sa puissance.
S'il a voulu que certaines choses lui soient communes avec les autres princes de l'Eglise, il n'a jamais donné que par lui ce qu'il a donné aux autres.
Le Seigneur demande à tous les Apôtres ce que les hommes pensent de lui. Leur réponse est commune aussi longtemps qu'ils expriment l'incertitude de l'intelligence humaine.
Mais quand il demande le sentiment des disciples, celui qui est premier dans la dignité apostolique est premier pour confesser Le Seigneur.
Il dit : « Tu es Le Christ, Le Fils du Dieu Vivant. » Et Jésus lui répond : « Bienheureux es-tu, Simon fils de Jean, car ce n'est pas la chair et le sang qui te l'ont révélé, mais Mon Père qui est dans les Cieux.19 »
Ce qui veut dire : Tu es bienheureux parce que mon Père t'a enseigné. L'opinion terrestre ne t'a pas trompé, mais l'inspiration du Ciel t'a instruit. Ce ne sont pas la chair et le sang qui t'ont éclairé, mais Celui-là même dont je suis Le Fils Unique.
« Et Moi, dit-il, je te dis... » Ce qui signifie : de même que Mon Père t'a manifesté ma Divinité, ainsi moi je te fais connaître la primauté qui t'est donnée : tu es Pierre.
Autrement dit : Je suis, Moi, la pierre inviolable, la pierre angulaire qui réunit les deux côtés ; je suis le fondement, et nul ne peut en poser un autre 20.
Mais toi aussi tu es pierre, parce que tu es affermi par ma force ; et la puissance qui m'appartient en propre nous est commune, parce que je t'en fais part.
Et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer n'en triompheront pas. Sur cette puissance, dit-il, je bâtirai mon Temple éternel. La sublimité de mon Église, qui doit monter jusqu'au Ciel, s'élèvera sur ce solide fondement de ta Foi.
Cette confession de Pierre, les portes de l'enfer ne pourront l'empêcher de se diffuser dans le monde entier ; les liens de la mort ne l'empêcheront pas.
Car cette Parole est parole de Vie ; elle porte au Ciel ceux qui la confessent, et jette en enfer ceux qui la renient.
A cause d'elle, le bienheureux Pierre s'entend dire : « Je te donnerai les clés du Royaume des Cieux : et tout ce que tu lieras sur Terre sera lié dans le Ciel, et tout ce que tu délieras sur Terre sera délié dans le Ciel. »
Ce pouvoir a passé même aux autres Apôtres, et l'institution en est devenue commune à tous les chefs de l'Eglise.
Mais ce n'est pas pour rien que Le Seigneur remet à un seul ce qui sera la charge de tous. Il confie ce pouvoir spécialement à Pierre, parce que Pierre est préposé à tous les princes de l'Eglise, comme leur forme.
Le pouvoir de lier et de délier reste le privilège de Pierre, en tout lieu où le jugement est porté en vertu de la justice de Pierre.
Ni la sévérité ni l'indulgence ne peuvent être excessives, là où rien n'est lié ni délié sinon ce que le bienheureux Pierre a délié ou lié.
A la veille de sa Passion, qui devait troubler la conscience des disciples, Le Seigneur dit à Simon :
« Simon, voici que Satan a demandé à vous passer au crible, comme du froment. Mais j'ai prié pour toi, afin que ta Foi ne soit pas en défaut. Et toi, quand tu seras revenu, confirme tes frères afin que vous n'entriez pas en tentation. »
La tentation de craindre était un danger commun à tous les Apôtres, et tous y avaient également besoin du secours Divin : le démon voulait tous les secouer, tous les briser.
Et cependant Le Seigneur prend un soin spécial de Pierre et prie particulièrement pour lui. On dirait qu'il sera plus sûr de la solidité des autres si l'esprit du Prince des Apôtres reste invaincu.
En Pierre c'est la force de tous qui est confirmée ; et le secours de la grâce Divine est ordonné de telle sorte que la fermeté donnée à Pierre par Le Christ doive passer aux autres Apôtres par Pierre.
Voyant donc, mes bien-aimés, quelle puissante protection a été instituée Divinement pour nous, il est juste et raisonnable que nous nous réjouissions des mérites et de la dignité du Chef de l'Eglise.
Rendons grâces au Roi éternel, à notre Rédempteur Le Seigneur Jésus-Christ, d'avoir donné une si grande puissance à celui qu'il a fait Prince de toute l'Eglise.
Car s'il arrive en notre temps qu'une chose soit bien faite ou bien réglée par nous, il faut l'attribuer à l'œuvre et au gouvernement de celui à qui il fut dit : « Et toi, quand tu seras revenu, confirme tes frères » ; et encore, après la Résurrection, en réponse mystique à son triple aveu d'Amour, Le Seigneur dit à Pierre : « Paix mes brebis. » C'est bien ce qu'il fait encore.
Le pasteur charitable accomplit le commandement du Seigneur, nous fortifiant par ses exhortations et ne cessant de prier pour nous afin que nous ne soyons vaincus par aucune tentation.
Or, s'il étend ses soins paternels, comme nous devons en être convaincus, à tout le peuple de Dieu - partout - combien plus daignera-t-il se dépenser pour ceux qu'il élève chez lui, [à Rome], et au milieu desquels il repose, sur le lit de sa bienheureuse dormition, dans cette même chaire où il présida aux débuts de l'Eglise.
Dédions-lui donc cette Fête, anniversaire du jour où nous avons reçu notre charge. C'est son patronage qui nous a valu de monter sur son siège, par la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ qui vit et règne avec Dieu Le Père et L'Esprit Saint dans les siècles des siècles. Amen.
Saint Léon le Grand

Morceaux choisis
Toute parole de l'Ecriture-Sainte nous convie finalement à la Joie dans le Seigneur.
Vous êtes greffés sur Le Seigneur.
Il y a davantage dans l'âme de chaque fidèle que dans tout le firmament.
Quiconque reste étranger à la vérité n'est pas Miséricordieux, quiconque ignore la bonté est incapable de Justice.
Bénéfique Compassion : nous sommes malades avec les malades, nous pleurons avec ceux qui pleurent.
L'obéissance adoucit le commandement.
Il faut user convenablement des créatures visibles, tout comme on utilise la terre, la mer, l'eau, les sources et les fleuves.
Pour le bon ordre : que chacun préfère les autres à soi ; que chacun respecte d'abord les intérêts des autres, avant les siens propres.
Il faut garder tête solide, au milieu de toutes les girouettes.
Chrétien, prends conscience de ta dignité. Rappelle-toi toujours de quel Corps tu es membre.
Devenu Temple du Saint-Esprit par ton Baptême, ne chasse pas un tel hôte de ton cœur par des actes coupables.
Les mystères s'accommodent au temps. Par contre, la Foi que nous vivons ne saurait changer selon le temps.
Ne rendre à personne le mal pour le mal : voilà tout le secret de l'ascèse Chrétienne.
Adultes, nous ne sommes pas invités à retourner aux jeux de l'enfance ni à ses débuts imparfaits. Il faut vivre comme il convient à l'âge mûr, quand on l'atteint.
Peu importe de savoir à partir de quelle nature (Divine ou Humaine) nous sommes au Christ ! En effet, l'unité de personne demeure intégralement. C'est donc intégralement le même qui est Fils de l'Homme en raison de la chair et Fils de Dieu en raison de la Divinité, possédée dans l'unité avec Le Père.
Liez société avec : patriarches, prophètes, apôtres et martyrs.
Toute Parole de l'Ecriture-Sainte nous convie finalement à la Joie dans Le Seigneur.
Vous êtes greffés sur Le Seigneur.
Il y a davantage dans l'âme de chaque fidèle que dans tout le firmament.
Il y a des pièges dans l'abondance des riches, il y en a aussi dans la pauvreté. L'opulence rend hautain et vaniteux, le dénuement engendre l'aigreur et l'amertume.
Ne jugeons pas l'héritage (spécialement Chrétien), sur l'indignité des héritiers.
Ceux qui ne résistent pas à leurs désirs dépravés perdent finalement la Paix du cœur.
C'est une maxime fondamentale du Christianisme ; les seules et véritables richesses consistent dans la Pauvreté d'esprit : plus on est humble, plus on est grand.

Sermon pour l'épiphanie
Lorsque les trois mages eurent été conduits par l'éclat d'une nouvelle étoile pour venir adorer Jésus, ils ne le virent pas en train de commander aux démons, de ressusciter des morts de rendre la vue aux aveugles, ou la marche aux boiteux, ou la paroles aux muets, ni d'accomplir quelque acte relevant de la puissance Divine ; non, ils virent un enfant gardant le silence, tranquille, confié aux soins de sa mère ; en lui n'apparaissait aucun signe de son pouvoir, mais il offrait à la vue un grand prodige, son Humilité.
Aussi le spectacle même de ce saint enfant auquel Dieu, Fils de Dieu, s'était uni, présentait aux regards un enseignement qui devait plus tard être proclamé aux oreilles, et ce que ne proférait pas encore le son de sa voix, le simple fait de le voir faisait déjà qu'il l'enseignait. Toute la victoire du Sauveur, en effet, victoire qui a subjugué le diable et le monde, a commencé par l'Humilité et a été consommée par l'Humilité.
Il a inauguré dans la persécution ses jours prédestinés, et les a terminés dans la persécution ; à l'enfant n'a pas manqué la souffrance, et à celui qui était appelé à souffrir n'a pas manqué la douceur de l'enfance ; car Le Fils unique de Dieu a accepté par un unique abaissement de sa Majesté, et de naître volontairement homme et de pouvoir être tué par les hommes.
Si donc, par le privilège de son Humilité, Le Dieu tout-puissant a rendu bonne notre cause si mauvaise, et s'il a détruit la mort et l'auteur de la mort, en ne rejetant pas tout ce que lui faisaient souffrir ses persécuteurs, mais en supportant avec une suprême douceur et par Obéissance à Son Père les cruautés de ceux qui s'acharnaient contre lui ; combien ne devons-nous pas nous-mêmes être Humbles, combien Patients, puisque, s'il nous arrive quelque épreuve, nous ne la subissons jamais sans l'avoir méritée !
Qui se fera gloire d'avoir le cœur chaste ou d'être pur du péché ? Et, comme le dit saint Jean : « Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous abusons, et la vérité n'est pas en nous.»
Qui se trouvera si indemne de fautes qu'il n'ait rien en lui que la Justice puisse lui reprocher, ou que la Miséricorde doive lui Pardonner ?
Aussi toute la pratique de la sagesse Chrétienne, bien-aimés, ne consiste ni dans l'abondance des paroles, ni dans l'habileté à disputer, ni dans l'appétit de louange et de gloire, mais dans la sincère et volontaire Humilité que Le Seigneur Jésus-Christ a choisie et enseignée en guise de toute force, depuis le sein de sa mère jusqu'au supplice de la Croix.
Car un jour que ses disciples recherchaient entre eux, comme le raconte l'évangéliste, « qui, parmi eux, était le plus grand dans le Royaume des cieux, il appela un petit enfant, le plaça au milieu d'eux et dit : En vérité, je vous le dis, si vous ne vous convertissez pas et ne devenez pas comme de petits enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux. Qui donc se fera petit comme cet enfant-là, voilà qui sera le plus grand dans le Royaume des Cieux.»
Le Christ aime l'enfance qu'il a d'abord vécue et dans son âme et dans son corps. Le Christ aime l'enfance, maîtresse d'Humilité, règle d'innocence, modèle de douceur.
Le Christ aime l'enfance, vers elle il oriente la manière d'agir des aînés, vers elle il ramène les vieillards ; il attire à son propre exemple ceux qu'il élève au Royaume éternel.
Saint Léon le Grand

Sermon en la nativité
Soyons transportés d'allégresse, bien-aimés, et donnons libre cours à la Joie spirituelle, car voici que s'est levé pour nous le jour d'une Rédemption nouvelle, jour dès longtemps préparé, jour d'un éternel Bonheur.
Voici, en effet, que le cycle de l'année nous rend le mystère de notre Salut, Mystère promis dès le commencement des temps, accordé à la fin, fait pour durer sans fin. En ce jour, il est digne que, élevant nos cœurs en haut, nous adorions le mystère Divin, afin que l'Église Célèbre par de grandes réjouissances ce qui procède d'un grand bienfait de Dieu.
En effet, Dieu tout-puissant et clément, dont la nature est Bonté, dont la volonté est Puissance, dont l'action est Miséricorde, dès l'instant où la méchanceté du diable nous eut, par le poison de sa haine, donné la mort, détermina d'avance, à l'origine même du monde, les remèdes que sa Bonté mettrait en œuvre pour rendre aux mortels leur premier état; Il annonça donc au serpent la descendance future de la femme qui par sa vertu, écraserait sa tête altière et malfaisante à savoir Le Christ qui devait venir dans la chair désignant ainsi Celui qui, Dieu en même temps qu'Homme, né d'une vierge, condamnerait par sa naissance sans tache le profanateur de la race humaine.
Le diable, en effet, se glorifiait de ce que l'homme, trompé par sa ruse, avait été privé des dons de Dieu, et dépouillé du privilège de l'immortalité, était sous le coup d'une impitoyable sentence de mort; c'était pour lui une sorte de consolation dans ses maux que d'avoir ainsi trouvé quelqu'un pour partager avec lui sa condition de prévaricateur; Dieu Lui-même, suivant les exigences d'une juste sévérité, avait modifié sa décision première à l'égard de l'homme qu'Il avait créé en un si haut degré d'honneur.
Il fallait donc, bien-aimés, selon l'économie d'un dessein secret, que Dieu, qui ne change pas et dont la Volonté ne peut pas être séparée de sa Bonté, accomplit par un mystère plus caché le premier plan de son Amour et que l'homme entraîné dans la faute par la fourberie du démon, ne vînt pas à périr, contrairement au dessein Divin.
Les temps étant donc accomplis, bien-aimés, qui avaient été préordonnés pour la Rédemption des hommes, Jésus Christ, Fils de Dieu, pénétra dans les bas-fonds de ce monde, descendant du séjour Céleste tout en ne quittant pas la Gloire de Son Père, venu au monde selon un mode nouveau, par une naissance nouvelle.
Mode nouveau, car, invisible par nature Il s'est rendu visible en notre nature; insaisissable Il a voulu être saisi; Lui qui demeure avant le temps, Il a commencé à être dans le temps; maître de l'univers, Il a pris la condition de serviteur en voilant l'éclat de sa Majesté; Dieu impassible, Il n'a pas dédaigné d'être un homme passible; immortel, de se soumettre aux lois de la mort.
Naissance nouvelle que celle selon laquelle Il est né conçu par une vierge, né d'une vierge sans qu'un père y mêlât son désir charnel, sans que fut atteinte l'intégrité de sa mère, une telle origine convenait en effet à celui qui serait le Sauveur des hommes; afin que tout à la fois Il eût en Lui ce qui fait la nature de l'Homme et ne connut pas ce qui souille la chair de l'Homme.
Car Le Père de ce Dieu qui naît dans la chair, c'est Dieu, encore en témoigna l'archange à la bienheureuse Vierge Marie. «L'Esprit saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre; c'est pourquoi l'enfant qui naîtra de toi sera saint et sera appelé Fils de Dieu.» (Lc 1,35).
Origine dissemblable, mais nature commune : qu'une vierge conçoive, qu'une vierge enfante et demeure vierge, voilà qui, humainement, est inhabituel et inaccoutumé, mais relève de la Puissance Divine.
Ne pensons pas ici a la condition de celle qui enfante, mais à la libre décision de Celui qui naît, naissant comme Il le voulait et comme Il le pouvait.
Recherchez-vous la vérité de sa nature ? Reconnaissez qu'Humaine est sa substance, voulez-vous avoir raison de son origine ? Confessez que Divine est sa Puissance.
Le Seigneur Jésus Christ est venu, en effet, ôter notre corruption, non en être la victime; porter remède à nos vices, non en être la proie.
Il est venu guérir toute faiblesse, suite de notre corruption, et tous les ulcères qui souillaient nos âmes : c'est pourquoi il a fallu qu'Il naquît suivant un mode nouveau, Lui qui apportait à nos corps humain la grâce nouvelle d'une Pureté sans souillure.
Il a fallu, en effet, que l'intégrité de l'enfant sauvegardât la virginité sans exemple de sa mère, et que la Puissance du Divin Esprit, répandue en elle, maintint intacte cette enceinte de la Chasteté et ce séjour de la sainteté en lequel Il se complaisait : car Il avait décidé de relever ce qui était méprisé, de restaurer ce qui était brisé et de doter la pudeur d'une force multipliée pour dominer les séductions de la chair, afin que la virginité, incompatible chez les autres avec la transmission de la vie, devînt, pour les autres aussi, imitable grâce à une nouvelle naissance.
Mais ce fait même, bien-aimés, que Le Christ ait choisi de naître d'une vierge, n'apparaît-il pas dicté par une raison très profonde ?
C'est à savoir que le diable ignorât que le Salut était né pour le genre humain, et crût, la conception due à l'Esprit lui échappant, que Celui qu'il voyait non différent des autres n'était pas né différemment des autres.
Celui, en effet, en qui il constata une nature identique à celle de tous, avait, pensa-t-il, une origine semblable à celle de tous; il ne comprit pas qu'était libre des liens du péché Celui qu'il ne trouva pas affranchi des faiblesses de la mortalité.
Car Dieu, qui, dans sa Justice et sa Miséricorde, disposait de multiples moyens pour relever le genre humain, a préféré choisir pour y pourvoir la voie qui lui permettrait de détruire l'œuvre du diable en faisant appel non à une intervention de puissance, mais à une raison d'équité. Car, non sans fondement, l'antique ennemi, dans son orgueil, revendiquait sur tous les hommes les droits d'un tyran, et, non sans raison, il accablait sous sa domination ceux qu'il avait enchaînés au service de sa volonté, après qu'ils eussent d'eux-mêmes désobéi au commandement de Dieu.
Aussi n'était-il pas conforme aux règles de la Justice qu'il cessât d'avoir le genre humain pour esclave, comme il l'avait dès l'origine, sans qu'il eut été vaincu par le moyen de ce qu'il avait lui-même réduit en servitude.
A cette fin, Le Christ fut conçu, sans l'intervention d'un homme, d'une vierge que L'Esprit Saint et non une union charnelle rendit féconde.
Et tandis que, chez toutes les mères, la conception ne va pas sans la souillure du péché, cette femme trouva sa Purification en Celui-là même qu'elle conçut.
Car, là où n'intervint pas de semence paternelle, le principe entaché de péché ne vint pas non plus se mêler.
La Virginité inviolée de la mère ignora la concupiscence et fournit la substance charnelle. Ce qui fut assumé de la Mère du Seigneur, ce fut la nature, et non la faute.
La nature du serviteur fut créée sans ce qui en faisait une nature d'esclave, car l'homme nouveau fut uni à l'ancien de telle façon qu'il prit toute la vérité de sa race, tout en excluant ce qui viciait son origine.
Lors donc que le Sauveur Miséricordieux et tout-puissant ordonnait les premiers moments de son union avec l'homme, dissimulant sous le voile de notre infirmité la puissance de la Divinité inséparable de l'Homme qu'Il faisait sien, la perfidie d'un ennemi sûr de soi se trouva déjouée, car il ne pensa pas que la naissance de l'enfant engendré pour le Salut du genre humain lui fut moins asservie que celle de tous les nouveau-nés.
Il vit, en effet, un être vagissant et pleurant, il Le vit enveloppé de langes, soumis à la circoncision et racheté par l'offrande du Sacrifice légal.
Ensuite, il reconnut les progrès ordinaires caractéristiques de l'enfance et, jusque dans les années de la maturité, aucun doute ne l'effleura sur un développement conforme à la nature. Pendant ce temps, il Lui infligea des outrages, multiplia contre Lui les avanies, y ajouta des médisances, des calomnies, des paroles de haine, des insultes, répandit enfin sur Lui toute la violence de sa fureur, et Le mit à l'épreuve de toutes les façons possibles; sachant bien de quel poison il avait infecté la nature humaine, il ne put jamais croire exempt de la faute initiale Celui qu'à tant d'indices il reconnut pour un mortel.
Pirate effronté et créancier cupide, il s'obstina donc à se dresser contre Celui qui ne lui devait rien, mais, en exigeant de tous l'exécution d'un jugement général porté contre une origine entachée de faute, il dépassa les termes de la sentence sur laquelle il s'appuyait, car il réclama le châtiment de l'injustice contre Celui en qui il ne trouva pas de faute.
Voila pourquoi deviennent caducs les termes malignement inspirés de la convention mortelle, et, pour une requête injuste dépassant les limites, la dette toute entière est réduite à rien.
Le fort est enchaîné par ses propres liens et tout le stratagème du malin retombe sur sa propre tête.
Le prince de ce monde une fois ligoté, l'objet de ses captures lui est arraché; notre nature, lavée de ses anciennes souillures, retrouve sa dignité, la mort est détruite par la mort, la naissance rénovée par la naissance; car, d'un coup, le rachat supprime notre esclavage, la régénération change notre origine et la Foi justifie le pécheur.
Toi donc, qui que tu sois, qui te glorifies pieusement et avec Foi du Nom de Chrétien, apprécie à sa juste valeur la faveur de cette réconciliation.
C'est à toi, en effet, autrefois abattu, à toi chassé des trônes du Paradis, à toi qui te mourais en un long exil, à toi réduit en poussière et en cendre, à toi à qui ne restait aucun espoir de vie, à toi donc qu'est donné, par l'Incarnation du Verbe, le pouvoir de revenir de très loin à ton Créateur, de reconnaître ton Père, de devenir libre, toi qui étais esclave, d'être promu fils, toi qui étais étranger, de naître de L'Esprit de Dieu, toi qui étais né d'une chair corruptible, de recevoir par Grâce ce que tu n'avais pas par nature, afin d'oser appeler Dieu ton Père, si tu te reconnais devenu fils de Dieu par l'esprit d'adoption.
Absous de la culpabilité résultant d'une conscience mauvaise, soupire après le royaume céleste, accomplis la volonté de Dieu, soutenu par le secours Divin, imite les anges sur la terre, nourris-toi de la force que donne une substance immortelle, combats sans crainte et par amour contre les tentations de l'ennemi, et, si tu respectes les serments de la milice Céleste, ne doute pas d'être un jour couronné pour ta victoire dans le camp de triomphe du roi éternel, lorsque la Résurrection préparée pour les justes t'accueillera pour te faire partager le Royaume Céleste.
Animés de la confiance qui naît d'une si grande espérance, bien-aimés, demeurez donc fermes dans la Foi sur laquelle vous avez été établis, de peur que ce même tentateur, à la domination de qui Le Christ vous a désormais soustraits, ne vous séduise à nouveau par quelqu'une de ses ruses et ne corrompe les joies propres a ce jour par l'habileté de ses mensonges.
Car il se joue des âmes simples en se servant de la croyance pernicieuse de quelques-uns, pour qui la solennité d'aujourd'hui tire sa dignité non pas tant de la naissance du Christ que du lever, comme ils disent, du « nouveau soleil ».
Le cœur de ces hommes est enveloppé d'énormes ténèbres et ils demeurent étrangers à tout progrès de la vraie Lumière, car ils sont encore à la remorque des erreurs les plus stupides du paganisme et, n'arrivant pas à élever le regard de leur esprit au-dessus de ce qu'ils contemplent de leurs yeux de chair, ils honorent du culte réservé à Dieu les luminaires mis au service du monde.
Loin des âmes Chrétiennes cette superstition impie et ce mensonge monstrueux. Aucune mesure ne saurait traduire la distance qui sépare l'Éternel des choses temporelles, l'Incorporel des choses incorporelles, le Maître des choses des choses qui lui sont soumises : car, bien que celles-ci possèdent une beauté admirable, elles ne possèdent cependant pas la Divinité, qui seule est Adorable.
La Puissance, la Sagesse, la Majesté qu'il faut honorer, c'est donc Celle qui a créé de rien tout l'univers, et, selon une raison toute puissante, a produit la Terre et le Ciel dans les formes et les dimensions de son choix.
Le soleil, la lune et les astres sont utiles à ceux qui en tirent parti, sont beaux pour ceux qui les regardent, soit; mais qu'à leur sujet, grâces soient rendues à leur Auteur et que soit Adoré le Dieu qui les a créés, non la créature qui Le sert.
Louez donc Dieu, bien-aimés, dans toutes ses ‘œuvres et tous ses Jugements. Qu'en vous aucun doute n'effleure la Foi en l'intégrité de la Vierge et en son enfantement virginal. Honorez d'une obéissance sainte et sincère le mystère Sacré et Divin de la restauration du genre humain.
Attachez-vous au Christ naissant dans notre chair, afin de mériter de voir régnant dans sa Majesté ce même Dieu de Gloire qui, avec Le Père et L'Esprit saint, demeure dans l'unité de la Divinité dans les siècles des siècles. Amen.
Saint Léon le Grand

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Lecture.
Mes bien-aimés, rendons grâces à Dieu Le Père par Son Fils, dans L’Esprit saint, à lui qui, poussé par l’immense Miséricorde dont il nous a aimés, a eu pitié de nous ; et, comme nous étions morts dans nos péchés, il nous a rendu la Vie dans Le Christ, pour que nous soyons en lui une nouvelle création, une nouvelle œuvre de ses mains.
Dépouillons-nous donc du vieil homme et de ses agissements ; puisque nous sommes admis à participer à la lignée du Christ, renonçons aux œuvres de la chair. Prends conscience, chrétien, de ta dignité ; et, devenu l’associé de la nature divine, ne retourne pas, par un revirement indigne de ta race, à ta première bassesse. Rappelle-toi quel est ton chef et de quel corps tu es membre.
Souviens-toi qu’arraché à la puissance des ténèbres, tu as été transporté dans la lumière du Royaume de Dieu. Le Sacrement du Baptême a fait de toi le temple du Saint Esprit ; ne mets pas en fuite, par une conduite dépravée, un tel hôte.
Léon le Grand, Sermon I sur la Nativité du Seigneur

Prière.
Dieu qui ne laisses pas
les puissances du mal
prévaloir contre ton Église
fondée sur le roc inébranlable des Apôtres,
fais qu’à la prière du Pape Saint Léon,
elle reste ferme dans ta vérité,
et, sous ta garde,
soit pour toujours en Paix.

Date de dernière mise à jour : 10/11/2024

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