- Accueil
- Vie des saints
- MARS
- Saintes Perpétue et Félicité, Martyres d'Afrique du Nord († 203). Fête le 07 Mars.
Saintes Perpétue et Félicité, Martyres d'Afrique du Nord († 203). Fête le 07 Mars.
Jeudi 07 Mars 2024 : Fête des Saintes Perpétue et Félicité, Martyres d'Afrique du Nord († 203). Perpétue est la Sainte Patronne de Vierzon.
(Au 07 Mars, L’Église Célèbre leur Fête en Afrique du Nord, mémoire obligatoire ailleurs au martyrologe romain. Elles sont fêtées par les Église d'Orient le 1er Février).
Mémoire facultative lorsque le 07 Mars tombe pendant le Temps du Carême, ce qui est le cas cette année.
http://nominis.cef.fr/contenus/saint/768/Saintes-Perpetue-et-Felicite.html.
Saintes Perpétue et Félicité.
Martyres à Carthage (? 203)
Perpétue est une jeune patricienne, Félicité une jeune esclave. Elles avaient toutes deux demandé le Baptême à l'Évêque de Carthage.
L'empereur Septime Sévère ayant interdit le Christianisme, le groupe des catéchumènes, dont elles faisaient partie, est arrêté, avec Sature, Saturnin, Révocat et Secondule.
Pendant plusieurs mois, ils connurent la prison dans des conditions très dures, d'autant qu'ils étaient dans l'incertitude du sort exact qui les attendait.
Félicité était enceinte et Perpétue, jeune mariée, allaitait son enfant. Le père de la jeune femme tenta en vain de la faire sacrifier aux dieux au nom de l'amour maternel.
Quant à Félicité, elle mit au monde une petite fille dans sa prison. Trois jours après la naissance, elle était martyrisée et l'enfant fut adoptée par une Chrétienne de la ville.
Comme leurs compagnons, Perpétue et Félicité furent livrées aux bêtes du cirque, enveloppées dans un filet, et livrées à une vache furieuse.
Elles attirèrent la pitié des spectateurs devant ces jeunes mères torturées. On les acheva en les égorgeant.
Selon les "acta" de leur martyre, des témoins disaient :"Leur visage était rayonnant et d'une grande beauté. Il était marqué non de peur mais de joie."
Le culte des deux jeunes femmes connut très vite une grande popularité : leur jeunesse, leur situation de mère de famille, leur courage, le fait qu'elles soient des catéchumènes les font figurer en tête des martyres mentionnées dans la première Prière Eucharistique de la liturgie latine.
Elles sont fêtées par les Église d'Orient le 1er Février.
Un internaute nous signale: "Sainte Perpétue est la patronne de la ville de Vierzon dans le Cher."
Sainte Perpétue de Carthage à Vierzon...
Chaque année le Dimanche le plus proche du 7 mars, un pèlerinage est organisé à Vierzon par la Fraternité Sainte Perpétue. Voir aussi Sainte Perpétue de Carthage à Vierzon...
Le 7 Mars, au martyrologe romain, mémoire des Saintes martyres Perpétue et Félicité.
En 203, sous l’empereur Septime Sévère, elles furent arrêtées à Carthage avec de jeunes catéchumènes.
Perpétue était l’une d’elles, patricienne d’environ vingt-deux ans, mère d’un enfant à la mamelle; Félicité était une esclave; comme elle était enceinte, elle devait, d’après les lois, attendre d’avoir enfanté; elle gémissait dans les douleurs à l’heure de l’enfantement, mais se réjouissait d’être exposée aux bêtes. Elles s’avancèrent de la prison à l’amphithéâtre, le visage radieux, comme pour le Ciel.
Martyrologe romain.
Saintes Perpétue et Félicité. Icône d’Elisabeth Lamour. Peintre d'icônes.
https://iconeslamour.wordpress.com/icones-3/saintes-et-saints/5-perpetue-et-felicite-copie/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Perp%C3%A9tue_et_F%C3%A9licit%C3%A9
Vénération et reliques
Perpétue et Félicité sont évoquées dans la litanie des Saints lors de la Veillée Pascale dans l'Église Catholique, ainsi qu'à la fin de la Prière Eucharistique numéro 1 dans le rituel de la Messe Dominicale.
Selon la tradition berrichonne, les reliques de Sainte Perpétue, martyrisée le 07 Mars 203, furent transférées en 439 à Rome, puis de là, en 843, par l’Archevêque de Bourges Raoul à l'Abbaye de Dèvres (ou Deuvre), à Saint-Georges-sur-la-Prée.
Après que cette Abbaye eut été saccagée par les Normands en 903, elle fut transférée à Vierzon en 926, et les reliques de Sainte Perpétue avec elle, sur le lieu de l'actuel Hôtel-de-Ville.
De là, ces reliques furent à nouveau transférées dans l'église Notre-Dame de Vierzon en 1807, où elles sont conservées aujourd'hui.
Perpétue est la Sainte Patronne de Vierzon et, suite à son Martyre, est invoquée pour la protection des troupeaux de bétail.
http://missel.free.fr/Sanctoral/03/07.php.
Saintes Perpétue et Félicité
Martyres († 203)
Lors de la persécution ordonnée par Septime Sévère [1], Perpétue et Félicité furent arrêtée à Thuburbo, ville épiscopale de la Proconsulaire (aujourd’hui Tebourba, en Tunisie).
Perpétue, âgée de vingt deux ans, était patricienne ; elle était encore catéchumène et mère d’un tout jeune enfant.
Félicité qui était esclave, était enceinte et elle accoucha d’une fille dans la maison.
Malgré les supplications de son père qui l’implore de se soumettrez et malgré son angoisse d’avoir à priver son enfant de sa mère, Perpétue demeure ferme jusqu’au bout.
Perpétue et Félicité sont martyrisées dans l’amphithéatrum Castrense de Carthage, le 7 mars 303, avec Saturus, Satuminus, Revocatus et Secundulus.
« Le jour se leva, où les martyrs allaient remporter la victoire, et ils sortirent de la prison pour s’avancer vers l’amphithéâtre comme s’ils allaient au Ciel.
Ils avaient des visages gais et radieux, et s’ils tremblaient, c’était de joie, non de peur. Perpétue, la première, fut frappée par les cornes d’une vache furieuse et tomba à la renverse. Puis elle se releva et voyant que Félicité avait été précipitée sur le sol, elle s’approcha, la prit par la main et l’aida à se redresser. Toutes deux demeurèrent debout.
La cruauté du peuple s’apaisa et on les fit sortir par la porte des Vivants. Là, Perpétue fut accueillie par un certain Rustique, alors catéchumène qui était à son service et, comme si elle sortait du sommeil (tellement elle avait été ravie en extase), elle se mit à regarder autour d’elle et dit, à la surprise de tous : ‘ Quand donc serons-nous exposés à cette vache dont on parle ?
Et quand elle apprit que cela avait déjà eu lieu, elle ne le crut pas avant d’avoir reconnu sur son corps et sur ses vêtements les marques des coups. Alors, après avoir appelé son frère et ce catéchumène, elle les exhorta ainsi :
Demeurez fermes dans la Foi, aimez vous tous les uns les autres, et ne soyez pas ébranlés par nos souffrances ’.
De même, Saturus, à une autre porte, s’adressait ainsi au soldat Pudens : ‘Finalement, comme je l’avais pensé et annoncé par avance, je n’ai vraiment rien souffert d’aucune bête jusqu’ici.
Et maintenant, crois de tout ton cœur: voici que je vais au-devant du léopard, et par une seule de ses morsures je parviens au but ’.
Et aussitôt, à la fin du spectacle, il fut livré à un léopard. A la première morsure, il fut tellement inondé de sang que le peuple, lorsqu’il revint, cria, comme si l’on était aux bains : ‘ Baigne-toi et bonne santé ! Baigne-toi et bonne santé ! ’
Ce cri témoignait qu’il avait reçu le second Baptême, celui du sang. Et, certes, après un tel bain, il avait trouvé le Salut.
Alors il dit au soldat Pudens : ‘ Adieu, garde mon souvenir et garde la Foi. Que tout cela, au lieu de t’ébranler, te fortifie ’.
En même temps il lui demanda l’anneau qu’il portait au doigt et, après l’avoir plongé dans sa blessure, il le lui remit en héritage, lui laissant cette relique, ce mémorial de son sang.
Puis, comme il est inanimé, on le jette avec les autres dans le local où l’on devait les égorger. Mais, comme le peuple les réclamait au milieu de l’arène pour être témoin oculaire de leur mise à mort en voyant l’épée s’enfoncer dans leurs corps, ils se levèrent d’eux-mêmes et se portèrent à l’endroit voulu par le peuple.
Mais d’abord ils s’embrassèrent pour achever la célébration de leur martyre par le rite du baiser de Paix.
Tous reçurent le coup d’épée, immobiles et silencieux; en particulier Saturus qui rendit l’esprit le premier, lui qui était monté le premier à l’échelle de la vision de Perpétue, pour attendre celle-ci.
Quant à Perpétue, ce fut elle qui conduisit elle-même à sa gorge la main encore novice de cet apprenti.
Mais, que ce soit par pitié ou par manque d’expérience, celui de Perpétue ne sait pas tuer. Il la blesse sans atteindre le bon endroit. L’épée du gladiateur s'arrêta entre ses côtes, et lui fit pousser un grand cri.
"Mon frère, ici, laisse-moi t’aider", dit-elle d’un filet de voix accompagné d’un très doux sourire.
Après avoir appuyé la pointe de l’épée contre la carotide droite, elle dit alors :
"Jésus, je me confie à toi ! Pousse, mon frère. Je te Bénis", et elle tourne la tête vers l’épée pour aider le gladiateur inexpérimenté et troublé.
Sans doute une telle femme ne pouvait-elle être mise à mort autrement, elle qui faisait peur à l’esprit mauvais: il fallait qu’elle-même le veuille ».
De temps immémorial les Saintes Félicité et Sainte Perpétue (citées au Canon de la Messe, première Prière Eucharistique) étaient honorées le 7 Mars sous le rite simple ; en 1901, Saint Pie X éleva leur Fête au rite double et la fixa au 6 Mars.
Le Bienheureux Pape Paul VI remit leur Fête au 7 Mars.
Depuis des siècles, ces Saints d'Afrique du Nord sont connus et vénérés en Berry ; Vierzon a pour patronne Sainte Perpétue.
Entrée du cirque où eut lieu le Martyre de Sainte Pepétue, de Sainte Félicité et de leurs compagnons. Carthage. Actuelle Tunisie.
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/gueranger/anneliturgique/septuagesime/049.htm
SAINTE PERPÉTUE ET SAINTE FÉLICITÉ MARTYRES.
Tout ceci est tiré du récit de la Bienheureuse Perpétue, qui le conduit jusqu’à la veille du combat.
Sous l’empereur Sévère, on arrêta en Afrique (à Carthage) plusieurs jeunes catéchumènes : entre autres Révocatus et Félicité, tous deux de condition servile ; Saturnin et Sécundulus ; enfin parmi eux se trouvait Vivia Perpétua, jeune femme de naissance distinguée, élevée avec soin, mariée à un homme de condition, et ayant un enfant qu’elle allaitait encore.
Elle était âgée d’environ vingt-deux ans, et elle a laissé le récit de son martyre écrit de sa propre main :
" Nous étions encore avec nos persécuteurs, dit-elle, lorsque mon père, dans l’affection qu’il me portait, vint faire de nouveaux efforts pour m’amener à changer de résolution.
" Mon père, lui dis-je, il m’est impossible de dire autre chose si ce n’est que je suis chrétienne."
A ce mot, saisi de colère, il se jeta sur moi pour m’arracher les yeux ; mais il ne fit que me maltraiter, et il se retira vaincu ainsi que le démon avec tous ses artifices.
Peu de jours après nous fûmes Baptisés ; Le Saint-Esprit m’inspira alors de ne demander autre chose que la patience dans les peines corporelles. Peu après, on nous renferma dans la prison. J’éprouvai d’abord un saisissement, ne m’étant jamais trouvée dans des ténèbres comme celles d’un cachot.
Au bout de quelques jours, le bruit courut que nous allions être interrogés. Mon père arriva de la ville, accablé de chagrin, et vint près de moi pour me faire renoncer à mon dessein. Il me dit :
" Ma fille, aie pitié de mes cheveux blancs, aie pitié de ton père, si je mérite encore d’être appelé ton père. Regarde tes frères, regarde ta mère, regarde ton enfant qui ne pourra vivre si tu meurs ; laisse cette fierté et ne sois pas la cause de notre perte à tous."
Mon père me disait toutes ces choses par tendresse ; puis se jetant à mes pieds tout en larmes, il m’appelait non plus sa fille, mais sa dame. Je plaignais la vieillesse de mon père, songeant qu’il serait le seul, de toute notre famille qui ne se réjouirait pas de mon martyre. Je lui dis pour le fortifier :
" Il n’arrivera de tout ceci que ce qu’il plaira à Dieu ; sache que nous ne dépendons pas de nous-mêmes, mais de Lui."
Et il se retira accablé de tristesse.
Un jour, comme nous dînions, on vint nous enlever pour subir l’interrogatoire. Arrivés sur le forum, nous montâmes sur l’estrade. Mes compagnons fuient interrogés et confessèrent. Quand mon tour fut venu, mon père parut tout à coup avec mon enfant ; il me tira à part, et me suppliant :
" Aie pitié de ton enfant."
Le procurateur Hilarien me dit aussi :
" Epargne la vieillesse de ton père, épargne l’âge tendre de ton fils ; sacrifie pour la santé des empereurs."
Je répondis :
" Je ne le ferai pas : je suis Chrétienne."
Alors le juge prononça la sentence, qui nous condamnait aux bêtes, et nous redescendîmes joyeux à la prison.
Comme je nourrissais mon enfant, et que je l’avais eu jusqu’alors avec moi dans la prison, je l’envoyai aussitôt réclamer à mon père ; mais mon père ne voulut pas me le donner.
Dieu permit que l’enfant ne demandât plus à téter, et que je ne fusse pas incommodée par mon lait."
Quant à Félicité, elle était enceinte de huit mois lorsqu’elle avait été arrêtée ; et le jour des spectacles étant si proche, elle était inconsolable, prévoyant que sa grossesse ferait différer son martyre.
Ses compagnons n’étaient pas moins affligés qu’elle, dans la pensée qu’ils laisseraient seule sur le chemin de l’espérance céleste une si excellente compagne.
Ils unirent donc leurs instances et leurs larmes auprès de Dieu pour obtenir sa délivrance. C’était trois jours seulement avant les spectacles ; mais à peine avaient-ils fini leur Prière que Félicité se sentit prise par les douleurs.
Et parce que l’accouchement étant difficile, la souffrance lui arrachait des plaintes, un guichetier lui dit :
" Si tu te plains déjà, que feras-tu quand tu seras exposée aux bêtes, que tu as bravées cependant en refusant de sacrifier ?"
Elle lui répondit :
" Maintenant, c’est moi qui souffre ; mais alors il y en aura un autre qui souffrira pour moi, parce que je devrai souffrir pour lui."
Elle accoucha donc d’une fille qui fut adoptée par l’une de ses autres sœurs.
Le jour de la victoire étant arrivé, les martyrs partirent de la prison pour l’amphithéâtre comme pour le Ciel, avec un visage gai et d’une beauté céleste, émus de joie et non de crainte.
Perpétue s’avançait la dernière ; ses traits respiraient la tranquillité, et sa démarche était digne comme celle d’une noble matrone chérie du Christ.
Elle tenait les yeux baissés, pour en dérober l’éclat aux spectateurs. Félicité était près d’elle, remplie de joie d’avoir accompli ses couches assez à temps pour pouvoir combattre les bêtes. C’était une vache très féroce que le diable leur avait préparée.
On les enveloppa chacune dans un filet pour les exposer à cette bête. Perpétue fut exposée la première.
La bête la lança en l’air, et la laissa retomber sur les reins. La martyre revenue à elle, et s’apercevant que sa robe était déchirée le long de sa cuisse, la rejoignit proprement, plus jalouse de la pudeur que sensible à ses souffrances.
On la ramena pour recevoir un nouveau choc ; elle renoua alors ses cheveux qui s’étaient détachés : car il ne convenait pas qu’une martyre, en son jour de victoire, parût les cheveux épars, et montrât un signe de deuil dans un moment si glorieux.
Quand elle fut relevée, ayant aperçu Félicité, que le choc avait toute brisée, étendue par terre, elle alla à elle, et lui donnant la main, elle la releva.
Elles se présentèrent pour recevoir une nouvelle attaque ; mais le peuple se lassa d’être cruel, et on les conduisit vers la porte Sana-Vivaria. Alors Perpétue, sortant comme d’un sommeil, tant l’extase de son esprit avait été profonde, et regardant autour d’elle, dit, au grand étonnement de tous :
" Quand donc nous exposera-t-on à cette vache furieuse ?"
Lorsqu’on lui raconta ce qui était arrivé, elle ne put le croire qu’après avoir vu sur son corps et sur ses vêtements les traces de ce qu’elle avait souffert. Alors, faisant approcher son frère et un catéchumène nommé Rusticus, elle leur dit :
" Demeurez fermes dans la Foi, aimez-vous les uns les autres et ne soyez pas scandalisés de nos souffrances."
Quant à Sécundulus, Dieu l’avait retiré de ce monde, pendant qu’il était encore renfermé dans la prison.
Saturnin et Revocatus, après avoir été attaqués par un léopard, furent encore vivement traînés par un ours.
Saturus fut d’abord exposé à un sanglier, puis exposé à un ours ; mais la bête ne sortit pas de sa loge, en sorte que le martyr, épargné deux fois, fut rappelé. A la fin du spectacle, il fut présenté à un léopard, qui d’un coup de dent le couvrit de sang.
Le peuple, comme il s’en retournait, faisant une allusion à ce second Baptême, s’écria :
" Sauvé, lavé ! Sauvé, lavé !"
On transporta ensuite le martyr expirant au lieu où il devait être égorgé avec les autres. Le peuple demanda qu’on les ramenât tous au milieu de l’amphithéâtre, afin de repaître ses regards homicides du spectacle de leur immolation par le glaive.
Les martyrs se levèrent, et se traînèrent où le peuple les demandait, après s’être embrassés, afin de sceller leur martyre par le baiser de Paix.
Ils reçurent le coup mortel sans faire aucun mouvement et sans laisser échapper une plainte ; surtout Saturus, qui expira le premier.
Quant à Perpétue, afin qu’elle goûtât du moins quelque souffrance, l’épée du gladiateur s’arrêta sur ses côtes, et lui fit pousser un cri. Ce fut elle qui conduisit elle-même à sa gorge la main encore novice de cet apprenti. Peut-être aussi que cette sublime femme ne pouvait mourir autrement, et que l’esprit immonde qui la redoutait n’eût osé attenter à sa vie, si elle-même n’y eût consenti.
Martyre de Sainte Perpétue et de ses compagnons sur un vitrail de l'église Notre-Dame de Vierzon (XIXe siècle). Martyre de Sainte Félicité et de ses compagnons; Sainte Félicité est à sa gauche. Auteur de la photo : Gaetan Poix. (Pour voir en grand format : verriere-de-sainte-perpetue-eglise-notre-dame-de-vierson-xixe-siecle.jpg).
HYMNE
" Épouse du Christ, célèbre aujourd’hui dans de pieux cantiques deux femmes au cœur invincible ; chante avec transport deux cœurs d’hommes dans le sexe le plus faible.
Toutes deux nées sous le soleil de l’Afrique, toutes deux aujourd’hui, dans l’univers entier, brillent de l’éclat que leur ont acquis de sublimes combats ; le front de chacune est ceint de lauriers glorieux.
La noblesse du sang recommande d’abord Perpétue ; une récente alliance l’a unie à un époux illustre ; mais il est à ses yeux une illustration plus haute encore : elle préfère à tout le service du Christ.
Quoique libre, elle met sa gloire à servir un si grand roi ; quant à Félicité, la condition d’esclave est son sort ici-bas ; mais dans la lutte glorieuse elle suit d’un pas égal la noble Perpétue ; elle s’élance vers la palme avec une même ardeur.
En vain le père de Perpétue emploie pour l’abattre et les menaces et les pleurs ; elle n’éprouve qu’une filiale compassion pour l’erreur du vieillard ; bientôt il lui faut donner le dernier baiser à l’enfant qu’elle allaite.
Dans la prison, Félicité éprouve les douleurs dont Eve notre mère a attiré les rigueurs sur son sexe ; elle souffre et enfante en gémissant, celle qui bientôt doit souffrir pour Dieu avec allégresse.
Dans une vision, Perpétue voit s’ouvrir les portes du ciel ; il lui est permis de jeter ses regards dans ce séjour de délices ; elle apprend que des combats lui sont réservés, et aussi quel repos Dieu lui prépare après ces combats.
Elle voit une échelle d’or qui monte jusqu’au séjour céleste ; mais ses deux côtés sont armés de pointes menaçantes. Ceux qui viendraient à tomber de ces degrés périlleux, un affreux dragon couché au pied de l’échelle les recevrait dans sa gueule.
Monte, Ô femme, ne crains pas le dragon ; pose ton pied sur sa tête humiliée, comme sur le degré d’où tu montes vaillamment jusqu’au delà des astres.
Au sommet de l’échelle s’ouvre pour Perpétue un délicieux jardin : c’est là que l’aimable Pasteur comble ses brebis de caresses : " Ma fille, lui dit-il, ma fille tant désirée, te voilà donc enfin ", et il lui fait part d’un mets plein de douceur.
Une autre fois, elle se sent entraînée au milieu du cirque ; là un homme repoussant, d’un aspect horrible, brandissant un glaive, s’élance sur elle ; mais bientôt il est abattu et foulé sous le pied d’une faible femme. Reçois, Ô Perpétue, le prix de tes hauts faits.
Le jour de gloire, celui qui doit éclairer la victoire, se lève enfin pour les athlètes du Seigneur. Avancez, Ô martyres ! Le ciel tout entier t’attend, Ô Perpétue ! la cour des élus te désire, Ô Félicité !
Une bête farouche froisse cruellement les membres délicats de Perpétue ; bientôt c’est le tour de sa compagne ; mais, Ô Félicité, ta noble soeur se relevant de l’arène vient te tendre la main et te disposer à des luttes nouvelles.
Enfin Dieu, qui du haut du ciel contemple les combats de ces deux héroïnes, les appelle à la couronne ; il est temps qu’à travers leur sang qui s’épanche sur la terre, leurs âmes s’élancent dans le sein du Christ.
Bientôt le glaive d’un licteur comble le désir des martyres en les immolant. Le bras qui doit égorger Perpétue tremble en s’essayant ; mais la main de l’héroïne conduit elle-même sur sa gorge l’épée qui doit la traverser.
Et maintenant, Ô femmes magnanimes, goûtez à jamais près de l’Epoux les joies qui vous sont préparées ; il vous montre à nous comme les modèles du courage ; accordez votre puissant secours à ceux qui vous implorent.
Gloire éternelle au Père, louange égale au Fils et au divin Esprit qui les unit ; et vous, chrétiens, célébrez en tous lieux la force victorieuse que le ciel a donnée aux Martyrs.
Amen."
J’aimerais mettre ici un passage dans les Révélations de Jésus à Maria Valtorta où Jésus commente le martyre de Ste Perpétue et Ste Félicité (extrait des « Cahiers de 1944 », catéchèse du 1er Mars 1944).
Vision du martyre de Félicité et Perpétue.
Vision et catéchèse du 1er Mars 1944
extraites des "Cahiers de 1944"
Autour de 17 h, Jésus me dit :
"Ce n’était pas mon intention de te donner cette vision ce soir. Je me proposais de te faire vivre un autre épisode des "évangiles de la foi". Mais un désir m’a été exprimé par quelqu’un qui mérite d’être satisfait. Je le fais donc. Malgré tes douleurs, vois, observe et décris. À moi, offre tes souffrances et, à tes frères, la description."
J’écris donc en dépit de mes souffrances extrêmement intenses : j’ai l’impression d’avoir la tête enserrée dans un étau qui part de la nuque et conflue sur le front, pour descendre vers l’épine dorsale; cela me fait terriblement mal, au point d’avoir pensé que j’étais en train de commencer une méningite; puis je me suis évanouie. C’est encore très douloureux en ce moment. Mais Jésus permet que je parvienne à écrire par obéissance. Ensuite... ensuite advienne que pourra !
Je vous assure cependant que je vais de surprise en surprise, car je me trouve tout d’abord devant des Africains, ou tout au moins des Arabes, alors que j’avais toujours cru que ces saints étaient européens. Je n'avais en effet pas la moindre idée de leur condition sociale et physique, ainsi que de leur martyre.
Je connaissais la vie et la mort d’Agnès. Mais d’eux ! C’est comme si je lisais un récit inconnu.
Comme première image, avant de m’évanouir, j’ai vu un amphithéâtre qui ressemblait plus ou moins au Colisée (pas en ruines toutefois).
À ce moment-là, il n’y avait encore personne. Seule une très belle jeune Maure se tient au centre, en l’air. Elle rayonne d’une lumière béatifique qui se dégage de son corps brun et des vêtements sombres qui la couvrent.
Elle semble être l’ange de cet endroit. Elle me regarde et sourit. Ensuite, je m’évanouis et je ne vois plus rien.
Maintenant, la vision se complète. Je me trouve dans un bâtiment dont l’absence de tout confort et l’apparence sévère m‘indiquent qu’il s’agit d’une forteresse utilisée comme prison. Ce n’est pas le souterrain du Tullianum que j'ai vu hier. Il y a ici de petites pièces et des couloirs surélevés.
Mais l’espace y est si restreint, la lumière si rare et elles sont munies de telles barres et portes en fer cloutées que cette maigre amélioration due à leur situation est annulée par leur sévérité qui anéantit la moindre idée de liberté.
Dans l’une de ces tanières, la jeune Maure que j’ai vue dans l’amphithéâtre est assise sur une planche, qui sert en même temps de lit, de siège et de table.
Cette fois, il n’en émane pas de lumière, seulement une grande paix. Elle porte sur son sein un bébé de quelques mois qu’elle allaite.
Elle le berce et le cajole avec amour. L’enfant joue avec sa jeune mère et frotte son visage très olivâtre contre le sein brun de sa mère; il le prend et s’en détache avec avidité, en faisant de soudaines risettes pleines de lait.
La jeune fille est très belle : un visage régulier plutôt rond, de superbes grands yeux d’un noir velouté, une petite bouche charnue, des dents très blanches et régulières, des cheveux noirs et plutôt crépus mais maintenus par des tresses serrées qui encadrent son visage. Son teint est d’un brun olivâtre, mais pas excessivement.
On trouve aussi cette couleur chez nous, notamment dans le sud de l’Italie, à peine plus claire que celle-ci. Lorsqu’elle se lève pour endormir son bébé en parcourant la cellule de long en large, je me rends compte qu’elle est grande.
Elle a des formes gracieuses, certes pas exagérément, mais enfin elle a un corps bien modelé. Son port rempli de dignité lui donne l’air d’une reine.
Elle porte un vêtement simple, presque aussi sombre que sa peau, qui lui tombe en légers plis sur le corps.
Un vieillard entre, Maure lui aussi. Pour ce faire, le geôlier lui ouvre la lourde porte, puis se retire. La jeune fille se retourne et sourit. Le vieillard la regarde et pleure.
Pendant quelques minutes, ils restent ainsi. Puis la peine du vieillard déborde. En hoquetant, il supplie sa fille d’avoir pitié de sa souffrance :
"Ce n’est pas pour cela, lui dit-il, que je t’ai engendrée. Je t’ai aimée plus que tous mes enfants, toi la joie et la lumière de ma maison.
Et maintenant tu veux mourir et faire mourir ton pauvre père, qui sent son cœur se briser sous la douleur que tu lui causes.
Ma fille, voici des mois que je te supplie. Tu as voulu résister et tu as connu la prison, toi qui es née dans l’aisance.
J’avais plié l’échine devant les puissants pour t’obtenir de rester chez toi, bien que prisonnière.
J’avais promis au juge de te faire céder à mon autorité paternelle. Actuellement, il se moque de moi, parce qu’il voit que tu n’en as eu cure.
Ce n’est pas cela que devrait t’apprendre la doctrine que tu prétends parfaite. Quel est donc ce Dieu que tu suis, qui t’inculque de ne pas respecter ton père, de ne pas l’aimer ?
Car si tu m aimais, tu ne me ferais pas tellement souffrir. Ton obstination, qui n’est même pas vaincue par la pitié pour cet homme innocent, t’a valu d’être arrachée à la maison et enfermée dans cette prison.
Or il n’est plus question de prison désormais, mais de mort, d’une mort atroce. Pourquoi ? Pour qui ? Pour qui veux-tu mourir ?
Ton Dieu a-t-il donc besoin de ton sacrifice (et même de notre sacrifice, le mien et celui de ce petit être qui n’aura plus de mère ?)
Ton sang et mes larmes sont-ils donc nécessaires à la réalisation de son triomphe ? Comment cela se peut-il ?
La bête sauvage aime ses petits et, plus elle les a portés sur son sein, plus elle les aime. Cela, je l’ai aussi espéré; c’est pourquoi je t’avais obtenu de pouvoir nourrir ton enfant. Mais tu refuses de changer d’idée.
Après l’avoir nourri, réchauffé, servi d’oreiller à son sommeil, voici maintenant que tu le repousses, que tu l’abandonnes sans aucun regret.
Je ne te prie pas pour moi, mais en son nom. Tu n’as pas le droit d’en faire un orphelin. Ton Dieu n’a pas le droit de faire cela.
Comment puis-je le croire meilleur que les nôtres s’il exige ces sacrifices cruels ? Tu me pousses à le détester, à le maudire toujours plus.
Mais non, mais non ! Que dis-je ? Oh, Perpétue, pardonne-moi ! Pardonne à ton vieux père que la douleur rend fou. Veux-tu donc que j’aime ton Dieu ? Je l’aimerai plus que moi-même, mais reste avec nous. Dis au juge que tu cèdes.
Ensuite, tu aimeras n’importe quel Dieu de la terre, comme tu voudras. Tu feras de ton père ce que tu veux. Je ne t’appellerai plus ma fille, je ne serai plus ton père : je serai ton serviteur, ton esclave, et toi ma maîtresse.
Domine, ordonne, et je t’obéirai. Mais pitié, pitié ! Sauve-toi pendant que tu le peux encore. Il n’est plus temps d’attendre.
Ta compagne a donné le jour à son enfant, tu le sais, et plus rien n’arrêtera la sentence. Ton fils te sera arraché, tu ne le verras plus.
Demain, peut-être, ou aujourd’hui même. Pitié, ma fille ! Pitié pour moi et pour lui ; il ne sait pas encore parler, mais vois comme il te regarde et sourit, comme il invoque ton amour ! Oh ! Ma Dame, ma Dame, toi la lumière et la reine de mon cœur, la lumière et la joie de ton fils, pitié, pitié !"
Le vieillard est à genoux, il baise l’ourlet du vêtement de sa fille, il lui enlace les genoux, il essaie de lui prendre la main, qu’elle pose sur son cœur pour en réprimer le déchirement humain. Mais rien ne la fait fléchir.
"C’est en raison de l’amour que j’éprouve pour toi et pour lui que je reste fidèle à mon Seigneur, répond-elle.
Aucune gloire terrestre n’accordera à tes cheveux blancs et à cet innocent autant d’honneur que ma mort.
Vous parviendrez à la Foi. Que diriez-vous alors si j’avais renoncé à ma Foi à cause d’un moment de lâcheté ?
Mon Dieu n’a pas besoin de mon sang ni de tes larmes pour triompher. Mais toi, tu en as besoin pour parvenir à la Vie, et cet innocent pour y rester.
En échange de la vie que tu m’as donnée et de la joie qu’il m’a apportée, je vous obtiens la Vie véritable, éternelle et bienheureuse.
Non, mon Dieu n’enseigne pas à manquer à l’amour envers parents et enfants. Mais il s’agit de l’amour véritable.
Maintenant, la douleur te fait délirer, père. Mais, plus tard, la lumière se fera en toi et tu me Béniras. Du Ciel, je te l’apporterai.
Quant à cet innocent, ce n’est pas que je l’aime moins, maintenant que je me suis fait vider de mon sang pour le nourrir.
Si la cruauté païenne n’était pas tournée contre nous, les chrétiens, j’aurais été pour lui la plus aimante des mères et il aurait été le but de ma vie.
Mais Dieu est plus grand que la chair née de moi, et l’amour qui doit lui être donné est infiniment plus grand.
Même au nom de la maternité, je ne peux faire passer l’amour pour lui après celui pour une créature.
Non. Tu n’es pas l’esclave de ta fille. Je suis toujours ta fille et je t’obéis en toutes choses excepté en ceci : renoncer au vrai Dieu pour toi.
Laisse s’accomplir la volonté des hommes. Et, si tu m’aimes, suis-moi dans la Foi. C’est là que tu retrouveras ta fille, pour toujours, car la vraie Foi ouvre l’accès au Paradis; or le saint Pasteur m’a déjà souhaité la bienvenue dans Son Royaume."
À ce moment, la vision change : je vois entrer d’autres personnages dans la cellule, trois hommes et une très jeune femme. Ils s’embrassent et s’étreignent les uns les autres.
Les geôliers entrent eux aussi pour enlever son fils à Perpétue. Elle vacille comme si un coup l’avait atteinte. Mais elle se reprend.
Sa compagne la réconforte : "Moi aussi, j’ai déjà perdu mon enfant. Mais il n’est pas perdu. Dieu a été bon envers moi. Il m’a accordé de le mettre au monde pour Lui, et son Baptême s’orne de mon sang. C’était une petite fille.... belle comme une fleur. Le tien aussi est beau, Perpétue.
Mais, pour vivre en Christ, ces fleurs ont besoin de notre sang. Nous leur donnerons ainsi deux fois la vie."
Perpétue prend le petit, qu’elle avait posé sur la couche et qui dort, rassasié et content. Après lui avoir donné un léger baiser pour ne pas l’éveiller, elle le tend à son père.
Elle le Bénit également et lui trace une Croix sur le front, et une autre sur les mains, les pieds et la poitrine; ses doigts sont baignés des larmes qui lui coulent des yeux. Elle fait tout cela si doucement que l’enfant sourit dans son sommeil comme sous une caresse.
Les condamnés sortent ensuite et, entourés de soldats, ils sont conduits dans une cave obscure de l’amphithéâtre dans t’attente du martyre.
Les heures se passent à prier, à chanter des hymnes sacrés et à s’exhorter mutuellement à l’héroïsme.
Il me semble maintenant me trouver moi aussi dans l’amphithéâtre que j’ai déjà vu. Il est rempli d’une foule à la peau bronzée pour la plupart. Toutefois, il y a aussi bon nombre de Romains.
Sur les gradins, la foule gronde et s’agite. La lumière est intense malgré le voile tendu du côté du soleil.
Les six martyrs sont fait entrer dans l’arène, en file. J’ai l’impression que des jeux cruels y ont déjà eu lieu, car elle est tachée de sang.
La foule siffle et insulte. Perpétue en tête, ils entrent en chantant. Ils s’arrêtent au centre de l’arène et l’un des six se tourne vers la foule.
"Vous feriez mieux de faire preuve de courage en nous suivant dans la Foi et non en insultant des êtres sans défense qui répondent à votre haine en priant pour vous et en vous aimant.
Les verges avec lesquelles vous nous avez fouettés, la prison, les tortures, le fait d’avoir arraché leur enfant à deux mères, tout cela ne fait pas changer notre cœur.
Vous mentez, vous qui prétendez être civilisés mais attendez qu’une femme accouche pour la tuer ensuite dans son corps et dans son cœur en la séparant de son enfant.
Vous êtes cruels, vous qui mentez pour tuer, puisque vous savez parfaitement qu’aucun de nous ne vous cause de tort, et encore moins les mères dont toutes les pensées sont tournées vers leur enfant.
Non, rien ne fait changer notre cœur, ni pour ce qui est de l’amour de Dieu, ni pour ce qui est de l’amour du prochain.
C’est trois fois, sept fois, cent fois que nous donnerions notre vie pour notre Dieu et pour vous, afin que vous en veniez à l’aimer.
C’est donc pour vous que nous prions, tandis que le Ciel s’ouvre au-dessus de nous : Notre Père, qui es aux cieux..."
À genoux, les six martyrs prient.
Une porte basse s’ouvre et les bêtes font irruption; bien qu’elles paraissent être des bolides tant leur course est rapide, il me semble qu’il s’agit de taureaux ou de buffles sauvages. Comme une catapulte ornée de cornes pointues, ils attaquent le groupe sans défense. Ils les soulèvent sur leurs cornes, les lancent en l’air comme des chiffons, les jettent au sol, les piétinent. Ils s’enfuient de nouveau, comme fous de lumière et de bruit, puis repartent à l’assaut.
Perpétue, prise comme une brindille entre les cornes d’un taureau, est projetée plusieurs mètres plus loin. Bien que blessée, elle se relève et son premier souci est de remettre de l’ordre dans ses vêtements arrachés sur son sein.
Tout en les maintenant de sa main droite, elle se traîne vers Félicité tombée sur le dos et à demi éventrée; elle la couvre et la soutient, faisant d’elle-même un appui pour la blessée.
Les bêtes reviennent à l’attaque jusqu’à ce que les six martyrs, à demi-morts, soient étendus sur le sol.
Les bestiaires les font alors rentrer et les gladiateurs achèvent l’ouvrage.
Mais, que ce soit par pitié ou par manque d’expérience, celui de Perpétue ne sait pas tuer. Il la blesse sans atteindre le bon endroit.
"Mon frère, ici, laisse-moi t’aider", dit-elle d’un filet de voix accompagné d’un très doux sourire.
Après avoir appuyé la pointe de l’épée contre la carotide droite, elle dit alors : "Jésus, je me confie à toi ! Pousse, mon frère. Je te Bénis", et elle tourne la tête vers l’épée pour aider le gladiateur inexpérimenté et troublé.
Jésus dit :
"Voilà le martyre de Perpétue, de sa compagne Félicité et de ses compagnons. Elle était coupable d’être Chrétienne. Bien qu’elle soit encore catéchumène, comme son amour pour moi était intrépide !
Au martyre de la chair elle a uni celui du cœur, tout comme Félicité. Si elles ont été capables d’aimer leurs bourreaux, combien n’ont-elles pas aimé leur enfant !
Elles étaient jeunes et heureuses, remplies d’amour pour leur époux, leurs parents et leur enfant.
Mais Dieu doit être aimé plus que tout, et elles l’ont aimé de cette manière. On leur a arraché les entrailles en les séparant de leur enfant, mais la Foi ne meurt pas.
Elles croient en l’autre vie, fermement. Elles savent qu’elle appartient à ceux qui auront été fidèles et auront vécu selon la Loi de Dieu.
L’amour est la loi dans la loi. L’amour pour Le Seigneur Dieu et pour le prochain. Quel plus grand amour existe-t-il que de donner sa vie pour ceux qu’on aime, tout comme le Sauveur l’a fait pour l’humanité qu’il aimait ?
Elles ont sacrifié leur vie pour m’aimer et pour en amener d’autres a m’aimer et, par conséquent, à avoir la Vie éternelle.
Elles veulent que leurs enfants, leurs parents, leur époux, leurs frères et sœurs ainsi que tous ceux qu’elles aiment d’un amour de parenté ou spirituellement (parmi lesquels leurs bourreaux, puisque j’ai dit : "Aimez ceux qui vous persécutent"), que tous aient la Vie dans mon Royaume.
Et, pour les y conduire, elles tracent de leur sang un signe qui va de la terre au Ciel, qui resplendit, qui appelle.
Souffrir ? Mourir ? Qu’est-ce donc ? C’est un instant fugitif, alors que la vie éternelle demeure.
Ce moment de souffrance n’est rien en regard de l’avenir de joie qui les attend. Les bêtes ? Les épées ? Qu’est-ce ? Bénies soient-elles puisqu’elles donnent la Vie !
Leur unique préoccupation est de garder leur pudeur, car ceux qui sont saints le sont en toutes choses.
A cet instant, elles n’ont cure de leurs blessures mais se soucient de leurs vêtements en désordre.
Car, si elles ne sont pas vierges, elles sont toujours pudiques.
Le vrai Christianisme procure toujours la virginité d’esprit. Il garde cette belle pureté, même là où le mariage et les enfants ont enlevé ce sceau qui, de vierges, fait des anges.
Le corps humain lavé par le Baptême est le Temple de L’Esprit de Dieu. Il ne doit donc pas être violé par des modes inconvenantes ou des vêtements impudiques.
De la femme, notamment de celle qui ne se respecte pas elle-même, rien ne peut provenir d’autre qu’une descendance dévergondée et une société corrompue dont Dieu se retire et dans laquelle Satan laboure et sème ses tourments qui vous portent au désespoir."
Date de dernière mise à jour : 07/03/2024
Ajouter un commentaire