Dimanche 05 Mai 2024 : Fête de Saint Nunzio Sulprizio, orphelin, « le petit Saint boiteux » (1817-1836).
http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1102/Saint-Nunzio-Sulprizio.html.
Saint Nunzio Sulprizio
Orphelin (? 1836)
Orphelin très tôt, il fut recueilli par son oncle qui ne se privait pas de le battre. Ouvrier à Naples, il portait les traces d'une ancienne plaie à la jambe, causée par ces traitements.
"Le petit Saint boiteux" comme l'appelaient ses camarades de travail, était patient et plein de douceur, humble et fidèle à la Prière.
Avec toute la dignité de sa Foi à l'égard de ses frères aimés par Dieu, en Jésus-Christ, il partageait la peine et les difficultés des travailleurs pauvres de son temps. Il meurt à 19 ans laissant au monde ouvrier son message de Foi et de Charité.
- décret du 8 Juin 2018, miracle attribué à Nunzio Sulprizio, né le 13 Avril 1817 à Pescosansonesco et mort le 5 Mai 1836 à Naples (décret en anglais, en italien)
- Consistoire du 18 juillet 2018
- Canonisation: imiter les nouveaux Saints en ayant un cœur détaché des biens, le 14 Octobre 2018.
Ce laïc italien du XIXe siècle, qui fut un ouvrier des Abruzzes marqué par une enfance douloureuse mais aussi par une piété intense, a été Canonisé le 14 Octobre 2018, en même temps que Paul VI, qui l’avait Béatifié en 1963.
À Naples, en 1836, le Bienheureux Nunzio Sulprizio. Orphelin, la jambe gangrenée, le corps épuisé, il supporta tout d’un cœur tranquille et joyeux, assistant les autres malades, consolant grandement ses compagnons de douleur et, dans sa pauvreté, soulageant de toutes les manières la misère des pauvres. Il mourut à l’âge de dix-neuf ans.
Martyrologe romain.
https://fr.zenit.org/articles/un-jeune-canonise-en-meme-temps-que-le-pape-qui-la-beatifie-nunzio-sulprizio/
Un jeune Canonisé en même temps que le Pape qui l’a Béatifié: Nunzio Sulprizio
https://levangileauquotidien.org/FR/display-saint/ebca1b96-e846-4ed4-896f-068a50493e84
Saint Nunzio Sulprizio
« Le petit Saint boiteux »
(1817-1836)
Nunzio Sulprizio naît Pescosansonesco (Pescara, Italie) le 13 Avril 1817, Dimanche “in albis” de Domenico, un pauvre cordonnier, et Rosa Luciani, fileuse ; il est Baptisé le jour même.
Domenico meurt en Août 1820, à 26 ans, et Nunzio se retrouve orphelin à l’âge de 3 ans.
Ouvrier à Naples, et battu par son oncle, il portait une plaie infectée à la jambe. Mais, par sa patience, sa douceur joyeuse, sa présence aux autres, on l’appelait « le petit saint boiteux ».
Il a à peine 19 ans quand, le 5 Mai 1836, Nunzio va voir Dieu pour toujours.
Autour de lui se répand un parfum de roses.
Son corps, défait par la maladie, devient singulièrement beau et frais, on l’expose pendant cinq jours.
Dès le 9 Juillet 1859, le Bienheureux Pie IX (Giovanni Mastai Ferretti, 1846-1878) reconnaît l’héroïcité de ses vertus et le proclame vénérable.
Le 01 Décembre 1963, devant tous les Évêques du monde réunis au Concile Vatican II, le Bienheureux Pape Paul VI (Giovanni Battista Montini, 1963-1978) inscrit Nunzio Sulprizio au rang des Bienheureux, le proposant comme modèle des ouvriers, de tous jeunes, mêmes ceux d’aujourd’hui :
« Il vous dira que vous, jeunes, pouvez régénérer en vous-mêmes le monde dans lequel la Providence vous a appelés à vivre et qu’il vous appartient à vous, les premiers, de vous consacrer au salut d’une société qui a précisément besoin d’âmes fortes et intrépides. »
« À vous, travailleurs, disait encore Paul VI, ce collègue pauvre et souffrant apporte un message aux nombreux chapitres.
Il dit avant tout que l’Église pense à vous, qu’elle vous estime et a confiance en vous, qu’elle voit dans votre condition la dignité de l’homme et du Chrétien.
Il dit encore combien le travail a souffert et qu’il a encore besoin de protection, d’assistance et d’aide pour être libre et humain et pour permettre à la vie son expansion légitime. […] Nunzio Sulprizio vous dira combien il est injuste de priver la vie du travailleur de son aliment supérieur et de son expression spirituelle qu’est la Prière. »
Nunzio a été Canonisé le 14 Octobre 2018 par le Pape François, à Rome.
Pour un approfondissement biographique :
& >>> Bx Nunzio Sulprizio - orphelin -
Un jeune homme, exploité comme un esclave, doux comme Son Seigneur !
Domenico Sulprizio était un pauvre cordonnier de Pescosansonesco (Pescara, Italie) marié à Domenica Rosa Luciani.
Un fils leur est né le 13 Avril 1817. A son Baptême, l’enfant reçut le nom de Nunzio en l’honneur de l’Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie.
Pauvres comme ils étaient, ils éveillèrent en leur jeune enfant, dès son jeune âge, la conscience de la discipline et de la piété.
Il fut confirmé à l’âge de 3 ans. La première d’une succession de tragédie survint en 1820. Nunzio avait à peine trois ans quand son père mourut, laissant sa mère dans la misère.
La famille perdit alors toute source de revenues.
Contrainte par cette situation, Domenica décida d’épouser un certain Giacomo De Fabiis de la ville voisine de Corvara.
Le beau-père de Nunzio se montra un homme sévère. Il avait peu d’affection pour l’enfant et le frappait facilement de ses mains pour la moindre bêtise.
Ces humiliations eurent pour conséquence un certain degré de timidité chez l’enfant. A l’âge de six ans, un enfant devient particulièrement sensible à tout ce qui lui arrive
Or c’est à cette époque de sa vie, en 1823, que Domenica mourut, laissant Nunzio complètement orphelin.
Le peu sympathique beau-père n’était certainement pas l’idéal du père adoptif. Pour cette raison, Anna Rosario Luciani, grand-mère de Nunzio, prit volontiers la responsabilité de la garde de l’enfant.
C’était une femme très pieuse et Chrétienne exemplaire. Elle inculqua dans l’enfant un sens plus profond de révérence envers Dieu.
Par son exemple, elle fit grandir dans l’enfant le désir de conduire une vie droite.
Analysant les réactions de Nunzio aux épreuves qu’il allait subir dans sa vie, il devient clair que sa grand-mère eut sur lui une influence très puissante.
En 1826, nouvelle tragédie. Anna Rosario mourut, mais non sans avoir eut un impact profond dans la vie de son petit-fils.
Nunzio, âgé alors de neuf ans, fut orphelin pour la troisième fois.
Un de ses oncles maternels le prit sous sa garde, et allait se servir de lui. Domenico Luciani était une personne “rude”, “extrêmement colérique”, “alcoolique”, “brutale”, “grossière”, et “cruelle”. Nunzio, par contraste, était gentil, serein et obéissant.
L’affrontement était inévitable. Domenico Luciani était forgeron. Il n’avait pas l’intention d’envoyer l’enfant à l’école ni de lui donner une quelconque instruction de la Foi, il avait besoin d’un ouvrier dans sa forge.
Nunzio devint donc un apprenti. La relation entre eux devint rapidement non pas celle d’un oncle et de son neveu, mais celle d’un employeur et son employé.
A cette époque, les propriétaires d’entreprise collectaient des orphelins et des enfants de familles pauvres et utilisaient leur service en échange, simplement, de leur nourriture et logement.
Cette pratique était universellement acceptée et tolérée. Hébergé par son oncle, Nunzio se devait de le récompenser par son travail.
Il fut contraint de travailler au-delà des forces de son âge. Au travail plus de 12 heures par jour, de la nuit à la nuit, il était envoyé, également, porter de l’huile à des clients lointains.
Domenico n’avait aucune considération pour le temps. Que ce soit l’été étouffant ou les hivers gelés de la montagne, son neveu se devait de parcourir les distances.
Cela dura six ans, sans que Nunzio ne reçoive aucun salaire. Les conditions de travail aussi étaient immorales.
En dépit du travail épuisant, Nunzio recevait une nourriture misérable. Il y eut des occasions où l’enfant, épuisé de fatigue et de faim, demandait de l’aide aux voisins.
S’il était malade il ne recevait aucun soin, mais était contraint de continuer le travail. Amaigri, l’enfant s’évanouissait mais l’oncle n’en tenait aucun compte.
Le développement physique de l’enfant fut perturbé. L’oncle était coléreux. L’enfant subissait donc ses furies, recevant toutes sortes de projectiles, barres de fer ou marteaux.
Il fut parfois projeté à terre et frappé sans ménagement. D’autres hommes travaillaient à la forge.
Eux aussi le traitèrent avec cruauté. Conscients de la sensibilité de l’enfant, ils s’amusaient à blasphémer devant lui. Le pauvre enfant s’enfuyait en se bouchant les oreilles.
A côté de l’humiliation constante de la part des gens avec lesquels il vivait, il subissait aussi l’impudence d’autres personnes.
Il alla un fois laver ses plaies à une fontaine. Une femme y lavait son linge. Voyant que l’eau était salie par l’enfant, elle lui jeta une pierre pour le faire fuir.
Nunzio s’enfuit immédiatement, chantant un cantique à la Vierge Marie.
Comment en effet réagissait-il à tous ses abus ? En dépit de la cruauté de son oncle, Nunzio ne questionna jamais son autorité.
Il fit tout ce qu’il put pour travailler et lui plaire, évitant tout ce qui pourrait provoquer sa colère.
Personne ne peut se souvenir d’une plainte de Nunzio contre ce qu’il endurait. Il acceptait tout avec une incroyable « résignation héroïque”.
N’avait-il donc aucune estime de soi ?
Son attitude était sans doute étonnante, mais il vivait dans un autre monde, dans une spiritualité tout à fait unique.
La succession des trois deuils fit de lui un enfant raide. Il apprit à tout accepter des adultes. Il prit la souffrance dans la lumière de la Foi.
Comme il ne pouvait se rendre à l’église, il prenait le temps de la dévotion de la Prière et de la Communion avec Dieu.
Il refusa l’influence de gens moins vertueux que lui car il garda toujours à l’esprit les conseils de sa grand-mère.
Il résuma lui-même sa spiritualité : “souffrir est peu de chose, tant que je suis assuré de mon Salut.”
Sa longanimité était ainsi enracinée dans une expérience de Foi. Il ne perdit jamais sa douceur et sa sérénité.
Il préserva les enseignements de ses parents en dépit d’une formation religieuse adéquate après leur mort.
Il persévéra dans la vie droite dans une forge où ne vivaient que des personnes grossières.
Sa préoccupation constante était : “Je veux devenir un saint, un grand saint en peu de temps.”
Le manque de nourriture eu un effet pervers sur son corps. Une plaie sur son pied gauche, à cause d’un marteau jeté sur lui, se développa en gangrène et ulcère.
A cause de cela, il ne pouvait plus travailler proprement et accomplir ses tâches.
Mais Domenico le faisait rester debout toute la journée. Il en arriva même à l’attacher aux chaînes du soufflet et lui commanda de continuer à travailler.
Mais il devint clair que l’enfant était trop malade pour travailler. Domenico lui permit enfin de recevoir un traitement médical approprié dans une ville voisine, spéculant que ce neveu « inutile » ne reviendrait plus.
En 1831, Nunzio fut admis à l’hôpital S. Salvatore of L’Aquila. Il put respirer un peu. Mais la blessure, cependant, ne recevait aucun traitement.
Nunzio demeura à l’hôpital trois mois, attendant des soins, puis il fut renvoyé pour manque de place.
Domenico n’était pas content de le revoir à la forge. Et en dépit de la faiblesse de son neveu, Il le remit au travail.
La situation devenait pour Nunzio un véritable calvaire. Mais il ne se plaint jamais.
Francesco Sulprizio, aussi un oncle Nunzio, était caporal dans le premier régiment de l’armée des Bourbons à Naples.
En 1832, Il vint à la forge de Domenico Luciani et demanda que Nunzio lui soit confié, car il avait entendu parler du traitement cruel enduré par son neveu.
Il voulait y mettre fin.
Le forgeron fut plus qu’heureux de le lui donner. Après tout, c’était un travailleur inutile et il n’avait guère besoin d’un handicapé. Ainsi, après six ans d’abus, Nunzio fut en mesure de quitter la forge de Domenico Luciani.
Avec un oncle plus compréhensif, il partit pour Naples. Plus tard, il se dit qu’il n’avait pas révéré suffisamment son oncle.
La vision de l’enfant maigrelet marchant avec des béquilles affecta profondément Francesco. Il savait que l’enfant avait besoin d’attention médicale immédiate.
Il le présenta à son officier supérieur, le Colonel Felice Worchinger.
Francesco lui raconta le traitement inhumain que l’enfant avait enduré avec sérénité si longtemps que le colonel, un homme pieux et charitable, fut lui aussi ému de ce qu’il entendit et vit.
Il se déclara volontaire pour soigner le garçon. Immédiatement, Nunzio fut emmené à l’Hôpital Santa Maria del Popolo, pour les incurable.
Déjà des caries avaient attaqué ses os. En dépit des douleurs, Nunzio ne gémit jamais. C’est à l'hôpital que ses vertus furent reconnues des gens.
Les infirmiers, les médecins et les autres patients finirent par entendre parler de la cruauté supportée par l’enfant de façon héroïque.
Sa réputation fit aussi apprécier sa présence chaleureuse et joyeuse, sautant de son lit sur ses béquilles pour porter des encouragements et de la consolation par ses paroles ; il trouvait même le temps d’enseigner le catéchisme à des malades plus jeunes que lui. Il eut finalement la joie de faire sa première communion à l’hôpital à l’âge de quinze ans.
Alors sa spiritualité s’enracina profondément dans l’Eucharistie et la dévotion à la Vierge Marie.
Il se donna davantage à la Prière. Ceux qui vivaient près de lui attestent que la nuit, Nunzio était constamment au pied de son lit, absorbé dans la Prière.
Le Colonel en vint à l’aimer comme son fils. « Comment pourrais-je me plaindre des épreuves que le Seigneur me donne quand je vois l’héroïque courage avec lequel Nunzio porte son mal ?
Comment puis-je retarder le moment de partager mon abondance avec les pauvres lorsque lui, qui est sans doute le plus pauvre de tous, refuse ce qu’on lui offre et le donne à d’autres, disant simplement : « Quoi, est-ce que celui qui appartient à Dieu ne devrait pas, lui aussi, recevoir ? »
Dans l’espoir de lui trouver la guérison, le colonel l’envoyait souvent aux eaux thermales de Casamicciola.
En Avril 1834, le colonel Worchinger décida d’emmener Nunzio avec lui à Maschio Angioino, le Castel Nuovo de Naples.
C’était un ancien palais, utilisé par la suite comme caserne. L’officier espérait que le jeune homme serait mieux soigné.
Mais les résidents de l’hôpital Santa Maria del Popolo furent consternés. Ils n’avaient reçu auparavant tant de consolation ni vibré à une telle sainteté. Il sembla un moment que la santé de Nunzio s’améliorait.
Il fit part de son désir d’entrer au Séminaire, et le Colonel voulut lui trouver un professeur de latin. Mais son état se compliqua.
À l’automne 1835, les médecins recommandèrent l’amputation de la jambe infectée. On ne put guère le faire tant la santé se détériorait.
Mais Nunzio continuait de vivre avec le Seigneur, en dépit de sa maladie extrême, il prit sur lui des actes de mortification.
Il ne se plaignait pas quand les serviteurs de son bienfaiteur, par envie, le négligeaient. Il écrivit une règle de vie à laquelle il adhéra fidèlement.
En 1836, son état empire. En mai, tout espoir de guérison disparut. Sur son lit de mort, Nunzio gardait continuellement son regard sur une peinture à l’huile de la Vierge Marie, accroché au mur.
Quelques instants avant d’expirer, il s’exclama: “La Vierge Marie: Regarde comme elle est belle. C’était le 5 Mai 1836.
“Il n’est ni juste ni humain de broyer des hommes par un travail excessif qui stupéfie leurs esprits et exhausse leurs corps.
Les forces de l’homme, comme sa nature humaine sont limitées et ne peuvent pas excéder certaines limites.
Le travail qui est adapté à l’homme fort ne peut pas être requis d’une femme ou d’un enfant. Pour ce qui regarde les enfants, un grand soin devrait être apporté pour ne pas les placer dans des usines ou des entreprises jusqu’à ce que leur esprit et leur corps se soient suffisamment développés.” (Léon XIII, Encyclique sur la condition des classes laborieuses, Rerum Novarum n. 33)
Il n’existe qu’une lettre écrite par Nunzio. Elle est adressée à son oncle, Domenico Luciani, quelques mois avant sa mort.
Nunzio s’adresse à son oncle avec le plus grand respect et avec tendresse. Comment a-t-il pu faire cela ? L’homme auquel il écrivit était le même forgeron aigri dont la rudesse lui avait causé une misère permanente et finalement la mort.
Pourquoi Nunzio ne parla-t-il pas de son amertume, de son ressentiment et de sa colère ?
C’est simple, il n’en avait pas.
Nunzio sera une énigme pour tous jusqu’au moment où nous comprenons, que, à la différence avec nous, il n’y avait dans l’apprenti meurtri aucune trace de haine, seulement de l’Amour.
Mais, par sa patience, sa douceur joyeuse, sa présence aux autres, il était un exemple en butte aux moqueries des enfants ou des serviteurs. Lui, sert et console les autres avec Amour. On l’appelait « le petit Saint boiteux ».
Aux jeunes, selon Paul VI, « Il vous dira que vous pouvez régénérer en vous-mêmes le monde dans lequel la providence vous a appelés à vivre et qu’il vous appartient à vous, les premiers, de vous consacrer au salut d’une société qui a précisément besoin d’âmes fortes et intrépides ».
Et aux ouvriers : « Ce collègue pauvre et souffrant dit avant tout que l’Église pense à vous, qu’elle vous estime et a confiance en vous, qu’elle voit dans votre condition la dignité de l’homme et du Chrétien.
Il dit encore combien le travail a souffert et qu’il a encore besoin de protection, d’assistance et d’aide pour être libre et humain et pour permettre à la vie son expansion légitime…. Nunzio Sulprizio vous dira combien il est injuste de priver la vie du travailleur de son aliment supérieur et de son expression spirituelle qu’est la Prière. »
Il est mort le 5 Mai 1836 à Naples, à l’âge de 19 ans.
Béatifié par Paul VI le 1er Décembre 1963
http://nouvl.evangelisation.free.fr/nunzio_sulprizio.htm.
Nunzio Sulprizio
A 540 mètres au-dessus du niveau de la mer, sur les flancs du mont Picca, se trouve la bourgade de Pescosansonesco (province de Pescara, non loin de l’Adriatique, Italie), qui s’étend sur plusieurs étages de cet éperon rocheux.
C’est là que les jeunes époux Domenico Sulprizio, cordonnier, et Rosa Luciani, fileuse, donnèrent naissance, le 13 avril 1817 ó un dimanche “in albis” ó à un petit garçon qui, le soir même, reçut au Baptême le prénom de Nunzio.
Pendant des années, son nom ne sera connu que du registre des Baptêmes de sa paroisse : inconnu des puissants, mais très connu et bien-aimé de Dieu.
Il avait trois ans, quand ses parents le présentèrent à l’Évêque de Sulmona pour lui administrer le Sacrement de Confirmation.
L’Évêque, Mgr Francisco Tiberi, était en effet en visite pastorale dans le bourg voisin de Popoli.
Ce 16 mai 1820 fut l’unique date heureuse de l’enfance de Nunzio, car par la suite il ne vivra que dans la souffrance.
Orphelin et abandonné
Au mois d’Août de cette même année 1820, le papa Domenico meurt à tout juste 26 ans.
Deux ans après environ, Rosa se remarie, entre autre pour trouver un certain soutien économique, mais le beau-père est dur et grossier avec le petit Nunzio.
Ce dernier s’accroche à sa mère et à sa grand-mère maternelle. Il commence à fréquenter l’école, une sorte de jardin d’enfants, ouvert par le Prêtre, le père De Fabiis, dans le village de la nouvelle résidence, Corvara.
Pour Nunzio, ce sont là les moments les plus doux de sa vie : il apprend à connaître Jésus, le Fils de Dieu fait homme, mort en Croix pour expier le péché du monde.
Il commence à Prier, à imiter les exemples de Jésus et des Saints, que lui enseigne le bon curé, en même temps maître d’école.
Sociable et ouvert, l’enfant joue avec ses petits amis. Il commence l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.
Mais voici que sa maman meurt le 5 Mars 1823 : Nunzio n’a que six ans, c’est sa grand-mère maternelle, Rosaria Luciani, qui le prend chez elle pour s’occuper de lui.
Il est encore analphabète, mais il a une Foi et une Bonté immenses. La grand-mère et son petit-fils sont toujours ensemble : à la Prière, à la Messe, dans les petits travaux de la maison.
L’enfant va à l’école fondée par le père Fantacci pour les enfants les plus pauvres, et c’est là qu’il grandit en sagesse et en vertus ; ce garçon est un cœur pur, qui met toute sa joie à servir la Messe, et à rendre visite très souvent à Jésus Eucharistie présent dans le Tabernacle.
Il a une horreur toujours croissante du péché et un désir sans cesse grandissant de ressembler au Seigneur Jésus.
Il a à peine neuf ans, que meurt à son tour sa grand-mère, le 4 Avril 1826. Le voilà seul au monde et c’est pour lui le commencement d’un long “chemin de Croix” qui le fera toujours plus ressembler à Jésus Crucifié.
Il est alors accueilli comme apprenti chez son oncle, Domenico Luciani, surnommé “Mingo”, lequel le retire de l’école et l’enferme littéralement dans sa boutique de maréchal-ferrant, en lui faisant faire les besognes les plus dures, sans tenir compte de son âge et des plus élémentaires nécessités de la vie.
Souvent il le maltraite, le privant même de nourriture quand il juge qu’il n’a pas fait ce qu’on lui a demandé.
Il l’envoie faire les livraisons, sans s’inquiéter le moins du monde des distances ni des marchandises à transporter, encore moins des rencontres bonnes ou mauvaises qu’il peut faire.
C’est une ruine vivante, sous le soleil, la neige, la pluie, toujours habillé de la même façon. On ne lui épargne pas même les coups, assaisonnés de gros mots et de blasphèmes.
Nunzio pourrait rapidement succomber, mais sa Foi est profonde.
Dans ce trou de boutique, frappant sur l’enclume, “fouetté” par un travail inhumain, il pense à son grand Ami, Jésus Crucifié : il prie et il offre, en union avec Lui, “en réparation des péchés du monde, pour faire la volonté de Dieu”, “pour gagner le Paradis”.
Le Dimanche, même si personne ne l’y envoie, il va à la Messe, son unique repos de toute la semaine.
Bien vite il tombe malade. Par une rigide matinée d’hiver, l’oncle Mingo l’envoie dans une cabane perdue sur les pentes de Rocca Tagliata, avec tout un chargement de ferraille sur le dos.
Le vent souffle, il fait très froid, il gèle : Nunzio n’en peut plus. En chemin, les pieds le brûlent et il les plonge dans un petit lac gelé.
Le soir il rentre épuisé, une jambe enflée, avec une forte fièvre, la tête prête à exploser : il va au lit sans rien dire, mais le lendemain il ne tient pas debout.
Pour toute médecine, il reçoit de son oncle l’ordre de reprendre le travail, parce que “si tu ne travailles pas, tu ne manges pas”.
Certains jours, Nunzio est contraint de demander un bout de pain aux voisins.
Il répond avec le sourire, la Prière, le Pardon : “C’est comme Dieu veut. Que la volonté de Dieu soit faite.”
Dès qu’il en a la possibilité, il se réfugie à l’église, pour prier devant le Tabernacle : la joie, l’énergie et la lumière lui viennent de Jésus-Hostie, de sorte que ce jeune adolescent est déjà en mesure de donner des conseils très sages aux paysans qui les lui demandent.
Il souffre d’une horrible plaie à un pied, qui finira bien vite en gangrène.
L’oncle lui dit : “Si tu ne peux plus manier le marteau, tu resteras là à tirer le soufflet.” Torture indicible. Sa plaie a besoin d’être sans cesse nettoyée et Nunzio se traîne jusqu’à la grande fontaine du village pour se laver ; mais les femmes du village, voulant laver leur linge et craignant qu’il infecte l’eau, le chassent comme un chien galeux.
Alors il va à Riparossa, où un petit ruisseau lui permet de se soigner, en même temps qu’il peut mettre à profit ce moment pour réciter beaucoup de chapelets à la Vierge Marie.
Wochinger, un second père
D’Avril à Juin 1831, il est hospitalisé à L’Aquila, mais les soins restent sans effet. Cependant, ce sont pour Nunzio des semaines de repos pour lui-même, de charité fraternelle pour les autres malades, et de prière intense.
De retour à la maison, il est forcé par son oncle à demander l’aumône pour survivre.
Son commentaire : “C’est bien peu de chose que je souffre, pourvu que je réussisse à sauver mon âme en aimant le Bon Dieu”.
Dans cette nuit profonde, sa seule lumière est le Crucifix.
Enfin, un habitant de Pescosansonesco informe son oncle paternel, Francisco Sulprizio, militaire en garnison à Naples, lequel fait venir chez lui Nunzio et le présente au colonel Felice Wochinger, bien connu comme “père des pauvres”, à cause de sa vie riche de Foi et de Charité inépuisable.
Nous sommes en été 1832, et Nunzio a 15 ans ; Wochinger découvre devant lui, au sens propre du mot, un ange de douleur et d’Amour pour Le Christ, un petit martyr. Entre eux deux va s’établir un vrai lien de père à fils.
Le 20 Juin 1832, Nunzio entre à l’hôpital des Incurables, pour se faire soigner et guérir.
Le colonel pourvoit à tout ce qui lui est nécessaire.
Les médecins et les malades se rendent compte de se trouver devant un nouveau “Saint Louis de Gonzague”.
Un bon Prêtre lui demande : “Tu souffres beaucoup ?” et il répond : “Oui, je fais la volonté de Dieu.” ó “Que veux-tu ?”
ó “Je voudrais bien me confesser et recevoir Jésus dans l’Eucharistie pour la première fois”
ó “Tu n’as pas encore fait la première Communion ?”
ó “Non, chez nous, il faut attendre 15 ans.” ó “Et tes parents ?” ó “Ils sont morts.” ó “Et qui s’occupe de toi ?” ó “La divine Providence”.
Aussitôt, on l’aide à se préparer à la première Communion : pour Nunzio, c’est vraiment le plus beau jour de sa vie.
Son confesseur dira que “à partir de ce jour, la Grâce Divine commença à agir en lui de façon vraiment extraordinaire, à voir comment il courait de vertu en vertu. Toute sa personne respirait l’amour de Dieu et de Jésus-Christ.”
Pendant près de deux ans, Nunzio fait des séjours à l’hôpital de Naples et aux cures thermales de Ischia, où l’on constate un peu d’amélioration passagère.
Il peut abandonner les béquilles et marcher avec une seule canne. En fin de compte, il est plus serein : il prie beaucoup, soit au lit, soit à la chapelle devant le Tabernacle, devant le Crucifix et devant le tableau de Notre Dame des Douleurs.
Il devient l’ange et l’apôtre des autres malades, il enseigne le catéchisme aux enfants hospitalisés, pour les préparer à la première Confession et Communion et les aider à vivre plus intensément en bons Chrétiens, à supporter positivement la souffrance.
Ceux qui l’approchent voient en lui cette attirance pour la sainteté. Il a coutume de faire aux malades cette recommandation : “Soyez toujours avec Le Seigneur, parce que tout bien vient de Lui. Souffrez par Amour de Dieu, et restez joyeux”.
Son invocation préférée est pour la Sainte Vierge : “O Marie, ma Mère, aide-moi à faire la volonté de Dieu”.
Ayant reçu tous les soins possibles pour recouvrer la santé, Nunzio vit dans l’appartement du colonel Wochinger à partir du 11 avril 1834, au “Maschio Angioino”.
Son second “père” admire ses vertus et prend grand soin de lui, qui le lui rend avec une profonde reconnaissance.
Il pense à se consacrer et, en attendant, demande à son confesseur d’approuver son règlement de vie quotidienne, une véritable règle de consacré, qu’il observe scrupuleusement : le matin, Prière, méditation et Messe ; durant la journée, étude avec de bons professeurs ; chapelet marial pour finir la journée. Il sème la Paix et la Joie autour de lui, un véritable parfum de sainteté émane de lui.
Le Fondateur de la Congrégation des Sacrés Cœurs, Gaetano Errico 1 , lui promet de l’accueillir dans sa Famille religieuse dès qu’elle sera approuvée : “Ce garçon est un jeune Saint, et je voudrais que le premier à entrer dans ma Congrégation soit un Saint, même malade”.
Souvent il reçoit la visite d’un certain frère Filippo, de l’Ordre des Alcantarini 2 , qui lui tient compagnie et l’aide à se déplacer jusqu’à la chapelle Sainte Barbe, à l’intérieur du château.
Nunzio arrivera à rester debout tout seul, mais à cette brève amélioration suivra une forte aggravation ; c’est le cancer aux os, et il n’y a rien à faire. Nunzio devient une victime vivante unie au Crucifié, tout agréable à Dieu.
La joie : un don de Jésus Crucifié
Le colonel est intimement lié à Nunzio : dès le premier jour il l’a appelé “Mon fils” ou “Mon enfant”, ce que Nunzio lui rendait en l’appelant “Mon papa”.
Mais maintenant il réalise que malheureusement l’heure de la séparation approche, une tristesse que peut consoler seulement la Foi en la certitude de l’ “au revoir en Paradis”.
En Mars 1836, la situation de Nunzio s’aggrave. La fièvre est très forte, le cœur n’y arrive plus, les souffrances sont extrêmes.
Il prie et il offre, pour l’Église, pour les Prêtres, pour la conversion des pécheurs.
Ceux qui viennent le voir recueillent ses paroles : “Jésus a tant souffert pour nous, et grâce à ses mérites c’est la vie éternelle qui nous attend. Si nous souffrons un peu, nous jouirons dans le Paradis.”
“Jésus a beaucoup souffert pour moi : pourquoi ne puis-je pas souffrir pour Lui ?” “Je voudrais mourir pour convertir ne serait-ce qu’un seul pécheur.”
Le 5 Mai 1836, Nunzio se fait apporter le Crucifix et appelle le confesseur. Il reçoit les Sacrements comme un Saint.
Il console son bienfaiteur : “Soyez heureux, du Ciel je vous assisterai toujours.”
Dans la soirée, plein de joie, il dit : “La Sainte Vierge, la Sainte Vierge, regardez comme elle est belle !”.
Il a à peine 19 ans et il va voir Dieu pour toujours. Autour de lui se répand un parfum de roses.
Son corps, défait par la maladie, devient singulièrement beau et frais, on l’expose pendant cinq jours. Tout de suite on vient en pèlerinage à son tombeau.
Dès le 9 Juillet 1859, le Pape Pie IX reconnaît l’héroïcité de ses vertus et le proclame Vénérable.
Le 1. Décembre 1963, devant tous les Évêques du monde réunis au Concile Vatican II, le Pape Paul VI inscrit Nunzio Sulprizio au rang des Bienheureux, le proposant comme modèle des ouvriers, de tous les jeunes, même de ceux d’aujourd’hui.
Si Nunzio, en vivant uniquement dans la souffrance, a su donner un sens et de la beauté à sa jeunesse par son Amour pour Jésus et son effort pour vivre en Lui, pourquoi, par la Grâce Divine, la Grâce du Divin Rédempteur, le plus grand Ami de l’homme, les jeunes de notre époque, si bouleversés par le dérèglement de tous les sens, par la drogue, par le désespoir, ne pourront-ils pas faire de leur vie un chef-d’œuvre d’Amour et de sainteté ?
Il faut croire et obéir au Christ Crucifié et Ressuscité, qui fait toutes choses nouvelles.