Lundi 03 Juin 2024 : Fête du Vénérable Vital Grandin, Évêque du Grand Nord du Canada (? 1902).
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Vénérable Vital Grandin
Évêque du Grand Nord du Canada (? 1902)
Vital Grandin (1829-1902), Oblat de Marie-Immaculée, Évêque de Saint-Albert, Alberta, déclaré Vénérable le 15 Décembre 1966.
Évangélisateur des Prairies et du Grand Nord.
Pour devise, il choisit une parole de saint Paul: "Infirma mundi elegit Deus" (Dieu choisit les faibles de ce monde).
Il sera berger attentif, patient, généreux, compatissant. Il vivra d'humilité, d'abandon à la Providence...
Mgr Grandin décédait à Saint-Albert, Alberta, le 3 Juin 1902, à 73 ans. Villages, lacs, rues et cantons, surtout dans l'Ouest, portent le nom de Grandin, de même qu'une province oblate, couvrant la Saskatchewan, l'Alberta et les Territoires du Nord-Ouest.
On trouve également une rue Monseigneur-Grandin à Sainte-Foy, Québec. (diocèse d'Edmundston)
Ordonné Prêtre en 1854, le Père Grandin partit la même année pour les missions de la Rivière Rouge.
Jusqu'à sa mort, survenue en 1902, l'Oblat convertit à la Foi Catholique des centaines d'Indiens grâce à sa grande bonté, à son dévouement inaltérable et au rayonnement de sa remarquable sainteté.
Un froid qui brûle
L’an 1979 a marqué le 150ème anniversaire de la naissance de Mgr Vital Grandin. Dans son village natal de Saint-Pierre-sur-Orthe (Mayenne), on a voulu profiter de l’occasion pour mettre en relief la grande figure du premier Évêque de Saint-Albert, déclaré Vénérable en décembre 1966.
Le 21 Octobre 1980, Dimanche des Missions, Mgr Henri Légaré, o.m.i., Archevêque de Grouard, dévoila une plaque apposée à la maison natale du valeureux Missionnaire Oblat.
La vie de cet apôtre extraordinaire tient, à vrai dire, de l’héroïsme. Vie de misères et d’épreuves qui rappellent celles de Saint Paul quand il écrit: « Il m’est arrivé de passer un jour et une nuit dans l’abîme. Voyages sans nombre, dangers des rivières, dangers des païens, dangers du désert, dangers de la mer. Veilles fréquentes, faim et soif, jeûnes répétés, froid et nudité » (2 Co 11, 25-28).
Rappelons, à titre d’exemple, la nuit terrible du 15 Décembre 1863 qu’il passa en compagnie d’un enfant métis, sur le Grand lac des Esclaves.
Il s’agissait pour le jeune Évêque d’aller célébrer Noël à Fort Resolution, de l’autre côté du lac, à quelque 200 kilomètres de Fort Providence.
En temps normal, avec un bon traîneau à chiens, les voyageurs parcourent cette distance en quatre ou cinq jours.
« C’est un saut de chat », affirme Monseigneur, comme pour rassurer son compagnon, à peine âgé de quatorze ans. Les voilà donc partis. Les chiens sont vigoureux et le froid intense. Les jours passent et tout va bien. La mission est déjà en vue; encore quelques efforts... hop! en avant!
Soudainement le soleil s’assombrit, les nuages s’accumulent et la tempête s’élève. En un rien de temps, les pauvres voyageurs sont pris dans le tourbillon d’une « poudrerie » effroyable qui leur fait perdre toute orientation.
« Nous avons marché encore plusieurs heures avant la nuit complète, écrira par la suite MgrGrandin, criant et écoutant si on répondait à nos cris.
La tempête seule se faisait entendre. Nous étions sur la glace vive. Le vent balayait la neige à mesure qu’elle tombait.
Impossible de nous en servir pour nous abriter. Nous cherchâmes à nous protéger contre le froid au moyen de notre traîneau, de nos chiens et de nos couvertures.
Assis sur la glace, mon petit garçon assis sur moi et appuyé contre moi, nous nous préparâmes à la mort, le pauvre enfant en se confessant et moi, en faisant des actes de contrition et de soumission à la volonté du bon Dieu.
Bientôt nous sentons que le froid nous gagne. Nous nous relevons, gardons sur nous chacun une couverture et nous marchons de nouveau, comme pour fuir la mort dont nous sommes poursuivis.
Nous marchons ainsi longtemps, en nous arrêtant quand nous n’avions pas trop froid. Tout à coup, au cours d’une courte éclaircie, je crus apercevoir la terre.
Nous nous dirigeons alors vers l’endroit où nous espérons pouvoir faire du feu. Un peu plus tard nous apercevons deux traîneaux.
Nous crions de toutes nos forces. C’était le père et l’oncle de mon compagnon à notre recherche.
Nous campions sur l’île où se trouve la Mission et nous n’étions qu’à un quart d’heure de distance. »
En arrivant à la Mission, Mgr Grandin trouva les Pères Gascon et Petitot tout en larmes, s’apprêtant à offrir le Saint Sacrifice pour le repos de son âme!
L’année suivante, l’Évêque des glaces gagne Rome pour rendre compte au Pape Pie IX des succès et des souffrances de ses missions.
Le Saint-Père l’écoute avec la plus grande attention.
Il se fait donner des détails sur les dangers et les fatigues de ses tournées apostoliques, sur la pauvreté et la solitude des Missionnaires du Grand Nord.
« Et où puisez-vous la force de supporter tout cela? » demande-t-il, ému. « Nous avons au milieu de nous Celui qui nous fortifie », répond l’Évêque.
« Sans Lui, nous serions perdus et acculés au désespoir. C’est pourquoi je prie Votre Sainteté de nous permettre de garder le Très Saint Sacrement sans allumer la lampe du Sanctuaire. »
« Sans lampe du Très Saint Sacrement? »
« Oui, Très Saint-Père, nous sommes trop pauvres et l’huile coûte trop cher dans ces missions polaires.
Nous ne pouvons pas garder constamment une lampe allumée devant le Tabernacle de chaque poste. »
« Mais je ne peux accorder une telle permission que pour le cas d’une persécution », répond Pie IX, hésitant. « C’est vrai, Très Saint-Père, nous ne sommes pas persécutés, mais nous avons tant à souffrir. Si vous nous enlevez Notre cher Seigneur, qu’allons-nous devenir? »
Le Pape voit alors les larmes dans les yeux du doux Évêque agenouillé devant lui.
Profondément ému, il s’incline vers lui et dit paternellement: « Gardez le Sauveur! Oui, gardez-le. Vous en avez un tel besoin dans votre vie pleine de sacrifices et de privations.
Allez en paix et gardez votre Très Saint Sacrement, même sans lampe allumée. »
Louis Veuillot dira, un jour, à des Oblats, à la suite d’une entrevue avec Mgr Grandin: « Quel bel Évêque vous avez dans les glaces; c’est bien lui qui fait comprendre que le froid brûle! »
André DORVAL, OMI.
Quelques approfondissements biographiques
> > > VITAL GRANDIN, Évangélisateur des Prairies du Grand Nord
> > > Vital-Justin Grandin