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Jean Tauler, Dominicain et auteur Mystique, inspirateur et maître spirituel de Saint Paul de la Croix (1300-1361). Fête le 16 Juin.
Dimanche 16 Juin 2024 : Fête de Jean Tauler, Dominicain et auteur Mystique, inspirateur et maître spirituel de Saint Paul de la Croix (1300-1361).
Statue de Jean Tauler (Église Saint-Pierre-le-Jeune protestante de Strasbourg). Photo de Ji-Elle.
Statue de Jean Tauler dans une niche de la façade sud de l'église Saint-Pierre-le-Jeune protestant (Strasbourg).
À la place des statues détruites pendant la Révolution, dans une niche vide, en 1898, le sculpteur en chef de l'Œuvre Notre-Dame, Ferdinand Riedel (1863-1912), durant la période allemande de l'Alsace, a placé cette statue directement inspirée de la pierre tombale de Jean Tauler conservée dans l'actuelle Temple Neuf, lieu de culte bâti sur les ruines de l'ex Couvent des Dominicains, reconverti en bibliothèque municipale à la Révolution Française, bombardé et détruit par le feu avec ses précieux manuscrits le 26 Août 1870.
La pierre tombale de Jean Tauler est l'un des rares vestiges avec quelques vitraux ayant traversé ce désastre.).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Tauler
Jean Tauler
Jean Tauler (Taulerus), né vers 1300 à Strasbourg et mort le 16 Juin 1361 dans la même ville, est un théologien, un mystique et un prédicateur alsacien influent, surnommé « le docteur illuminé ». Il fut le disciple strasbourgeois de Maître Eckhart.
Lien entre Saint Paul de la Croix et Jean Tauler.
La doctrine spirituelle de Paul de la Croix, doctrine qu'il approfondira tout au long de sa vie, résulte, dans un premier temps, de son expérience personnelle vécue en novembre-décembre 1720, au cours de sa grande retraite de quarante jours effectuée juste avant de commencer sa vie d'ermite.
Cette doctrine sera éclairée par des auteurs expérimentés dans le domaine de la vie intérieure. Les lecteurs qui découvrent Paul de la Croix, sont d'abord frappés par sa très grande connaissance des ouvrages de Saint François de Sales, donc très probablement de Ruysbrœck (en effet, Saint François de Sales fut profondément influencé par Jean de Ruysbrœck, le grand mystique flamand du XIVème siècle), et des deux grands Docteurs du Carmel: Jean de la Croix et Thérèse d'Avila.
Vers l'âge de 50 ans, Paul découvrira les écrits de Jean Tauler, et sa mystique de la Passion et de la kénose en sera approfondie.
Éléments biographiques
Tauler est né et mort à Strasbourg. Il fit partie de l'ordre des Dominicains, comme Maître Eckhart dont il fut l'élève.
Son enseignement s'apparente à celui de Maître Eckhart, mais il fut aussi influencé par ses études approfondies des néo-platoniciens, tout particulièrement de Proclus et du Pseudo-Denys l'Aréopagite.
Ses prédications se placent dans la droite lignée de Maître Eckhart. Elles développent surtout le thème du détachement et prêchent une ascèse apparemment austère, mais qui, au XVIème siècle, est nettement moins doloriste que les autres : c'est lui qui demandera au banquier Rulman Merswin, Fondateur de la commanderie Saint Jean à Strasbourg (aujourd'hui ENA) de largement modérer son ascèse.
Il a probablement fait ses études au studium (couvent possédant un centre de formation) à Cologne et a séjourné à Bâle, lors du conflit entre le Pape et l'empereur, où les Dominicains, ayant pris le parti du Pape, furent expulsés de la ville ; mais à part quelques voyages il passa toute sa vie à Strasbourg.
Il conseillait les « Amis de Dieu » Orthodoxes, dont des béguines connues (Marguerite Ebner) qui vivaient librement dans la pauvreté dans une communauté retirée afin de s'entraider dans leur quête d'une voie intérieure.
Ce fut un remarquable prédicateur. Il mourut au Couvent de Dominicains de Saint Nicolas in Undis, où sa propre sœur était Religieuse.
Il est cité parmi les réformateurs strasbourgeois de l'Ordre Dominicain dans le manuscrit Liber reformationis ordinis praedicatorum in Germania, avec Maître Eckhart.
Outre ses sermons, dispersés en un grand nombre de manuscrits rédigés en moyen-haut allemand, nous ne possédons de lui qu'un billet sans doute autographe destiné à une béguine, où il remercie du don d'un fromage et lui souhaite de se bien porter.
Les sermons
On ne connaît de l'œuvre de Tauler, avec certitude, que quatre-vingt-quatre Sermons, qui sont en fait des notes d'auditeurs.
L'édition princeps des œuvres de Tauler, en allemand (Leipzig, 1498), contenait 84 sermons - elles ont également été traduites en latin par Surius et furent données la même année en un volume in-folio chez Quentel.
Les versions manuscrites dispersées dans les bibliothèques européennes témoignent de la qualité de la transmission, et de sa portée.
C'est surtout dans ces sermons que l'on peut étudier la doctrine mystique de Jean Tauler, très proche de la mystique Maître Eckhart, dont il donne ce témoignage : « il parlait depuis l'éternité, et vous l'avez compris depuis le temps ».
Par le détachement, la grâce Divine toute puissante permet la naissance de Dieu dans l'âme. cette venue du Christ en soi est le chemin d'une imitation du Christ très différente de celle de Thomas a Kempis, car marqué par Maître Eckhart, là où la mystique flamande voit une suite du Maître qu'est Le Christ, Tauler envisage à demi-mots la réalisation de soi par la divinisation du sujet, en insistant sur le fond (Grund) de l'âme, qui, incréé et étincelle de l'âme, accueille Dieu et où est restituée l'Image Divine perdue par le péché.
Plus pratique que son maître Eckhart, Tauler insiste davantage sur l'importance d'un effort continu et patient : la Croix prend plus d'importance dans ses écrits : c'est là un virage présent dans tous les textes, dans toute l'iconographie du XIVe siècle, que les pestes, les guerres, les schismes entre Papes et antipapes, le tremblement de terre de Bâle en 1354 (8 sur l'échelle de Richter) et un épisode climatique quasi glaciaire ont amené à surnommer : le siècle de fer.
La dalle funéraire à l'église du Temple Neuf de Strasbourg
La dalle funéraire de Jean Tauler était située dans le cloître du Couvent des Dominicains de Strasbourg.
Quand celui-ci est sécularisé au XVIe siècle pour devenir la Haute École fondée par Jean Sturm, lorsque la république de Strasbourg adopte le protestantisme, la dalle y est conservée.
En 1860, un incendie ravage le cloître : la dalle funéraire de Jean Tauler échappe aux dégâts.
Elle est alors transférée dans l'ancienne Église des Dominicains, devenue "Neue Kirche" (Temple Neuf) de la paroisse protestante de la Cathédrale en 1681.
Le 24 Août 1870, lors du siège de la ville, un violent bombardement allemand frappe le Temple Neuf qui est presque intégralement détruit, ainsi que la Bibliothèque municipale installée dans son chœur, comprenant de précieux manuscrits (dont certains de Tauler, Eckhart et Suso).
La dalle funéraire de Jean Tauler sort presque indemne de la catastrophe. Elle est aujourd'hui dressée dans le fond du nouveau Temple Neuf, construit à la place de l'ancien.
Cette dalle funéraire, qui constitue à la fois son portrait physique et le résumé de sa doctrine spirituelle, a été étudiée par Jean Devriendt et Denis Delattre.
La statue de l'église Saint-Pierre-le-Jeune protestante de Strasbourg
L'église Saint-Pierre-le-Jeune protestante de Strasbourg abrite dans une niche de sa façade sud une statue de Jean Tauler.
Détruites pendant la Révolution, les statues de l'église ont été reconstituées en 1898 par le sculpteur en chef de l'Œuvre Notre-Dame, Ferdinand Riedel (1863-1912).
Aucune statue de Jean Tauler cependant n'existait auparavant. Le sculpteur a pris modèle sur la pierre tombale de Jean Tauler.
Sermon de Tauler (édition bâloise de 1522, gravure de Hans Holbein).
En 1361 meurt à Strasbourg, où il était né au début du siècle, Jean Tauler, Frère Dominicain et témoin parmi les plus aimés du Moyen Age occidental.
De famille aisée, Jean n’avait pas encore quinze ans quand il entra au Couvent des Dominicains de Strasbourg ; comme le voulait la tradition, il y reçut une éducation scientifique, théologique et spirituelle.
Mais la véritable motivation à repenser sa Foi en profondeur lui vint du fait qu’il vivait à une époque de grands conflits et de contestations de l’Évangile, même au sein de son Ordre, ce qui avait provoqué à plusieurs reprises les interventions directes du chapitre général des Frères Prêcheurs.
Pour répondre au déclin de la vie spirituelle des Religieux et du peuple Chrétien, Tauler donna naissance aux « amis de Dieu » (comme on les appelait), des groupes de Chrétiens engagés à mener une vie de Foi fondée le plus possible sur l’écoute de l’Évangile et sur la Prière personnelle.
Pendant des années d’intense apostolat au sein des Couvents Dominicains d’Alsace et auprès des béguinages de la région, Tauler enseigna une façon de vivre l’expérience de la rencontre avec Dieu inspirée de la pensée théologique des Pères de l’Église et de la Mystique de Maître Eckhart.
Il forma ainsi des générations entières de croyants à une spiritualité apte à soutenir, dans la vie de tous les jours, un engagement concret en cohérence avec l’Évangile.
À sa mort, Tauler laissa une collection de Sermons qui restent parmi les expressions les plus sobres et les plus évangéliques de la littérature mystique médiévale.
Il est considéré comme l'un des représentants de la Mystique rhénane.
Lecture
La Prière authentique est une véritable ascension en Dieu, qui élève totalement l’esprit, en sorte que Dieu peut en vérité pénétrer dans le fond le plus pur, le plus intime, le plus noble, le plus intérieur, où seul il est une vraie unité, à propos de laquelle Augustin dit que l’âme est en soi un abîme caché qui n’a rien à voir avec le temps et avec toutes les choses de ce monde.
Dans cet abîme noble, délicieux, dans ce Royaume Céleste, là s’immerge la douceur, là est sa place éternellement, et là l’homme devient tellement silencieux, primordial et sage, et toujours plus détaché, plus intériorisé et plus élevé dans une pureté et une passivité plus importantes, toujours plus abandonné en tout, parce que Dieu Lui-même est là, présent, en ce noble Royaume, il y opère, il y demeure et il y règne.
L’homme alors acquiert une Vie toute Divine, et là l’esprit se fond complètement, s’enflamme en toutes choses et se laisse attirer dans le feu ardent de la Charité qui est essentiellement Dieu même par nature.
De cet état, les hommes redescendent ensuite vers toutes les nécessités du saint peuple Chrétien, ils se tournent par une Prière et un saint désir vers tout ce pour quoi Dieu veut être prié, et au bénéfice de leurs amis, ils vont vers les pécheurs et s’emploient en toute charité à trouver remède pour les besoins de tout un chacun.
(Tauler, Sermons 24,7).
http://voiemystique.free.fr/jean_tauler.htm.
JEAN TAULER
Dominicain et auteur Mystique
(1300-1361)
Jean Tauler est né probablement né vers 1300, ou peu avant 1300, à Strasbourg. Était-il fils d’un échevin, ou d’un bourgeois ?
D’après une phrase échappée pendant un sermon, il semble issu d’une famille qui ne connaissait pas l’indigence :
« Si j’avais su ce que je sais maintenant, quand j’étais le fils de mon père, j’aurais choisi de vivre de son héritage, et non pas d’aumônes ».
Cette petite phrase supporte plusieurs niveaux de lecture.
Premier niveau, celui de la recherche de Jean Tauler : recherche de pauvreté, de simplicité. Jean Tauler nous parle ici de son désir de vivre en pauvre du Christ, et ce thème lui est cher.
Second niveau, celui des rapports entre l’ordre Dominicain et la société strasbourgeoise au XIVe siècle.
Ceci sous-entend l’examen des conditions dans lesquelles est née la mystique rhénane. Ainsi que le rappelle P. Dollinger :
« il est vrai que les désordres, les scandales pouvaient inciter les âmes éprises d'idéal à se réfugier dans la Contemplation.
Il n'est pas douteux que mainte vocation Mystique ait été affermie par la vue des laideurs du monde. (…)
D'une façon générale, on a souvent exprimé l'opinion que le succès de la Mystique [rhénane] s'explique, pour une large part, par le retentissement des catastrophes du XIVe siècle.
Outre les querelles dans l'Église, on ne manque pas de rappeler la peste noire, les massacres des Juifs, les processions de flagellants, et pour l'Alsace, les invasions de routiers de la guerre de Cent Ans, qualifiés d’« Anglais » en 1365 et 1375.
Il faut cependant noter que les plus dramatiques de ces événements propres à agir fortement sur la sensibilité des contemporains se sont produits au milieu du XIVe siècle, à l'époque où le mouvement Mystique se trouvait à son apogée, voire même sur son déclin.
Si l'on se place à la période décisive de l'éclosion du mouvement, c'est-à-dire au premier quart du XIVe siècle, on peut dire que les malheurs de l'Église et du monde n'étaient ni plus ni moins grands qu'à d'autres époques du Moyen Age.
Les troubles du temps ont pu porter certains individus au Mysticisme : ils n'expliquent en aucune façon que le XIVe siècle ait été un sommet dans l'histoire de la Mystique ».
Le troisième niveau concerne la famille de Jean Tauler : il y avait un héritage… Il ne venait donc pas d'une famille pauvre.
Vers 1315, Jean Tauler entre au couvent des Dominicains de Strasbourg. Il a environ 15 ans, ce qui n’est, pour l’époque, ni trop jeune ni trop âgé…
Selon le cursus alors en vigueur, il aurait dû étudier à Strasbourg jusqu’en 1323, puis ensuite jusqu’en 1327 à Cologne.
Il n’a pas suivi cette longue formation, puisqu’on sait qu’il a pu commencer sa prédication à Strasbourg en 1323, l’année de la Canonisation de Thomas d’Aquin.
Sa formation a pu être écourtée en raison de sa santé fragile : il ne reçut jamais en effet le titre de Maître ou de Docteur en théologie.
Ce qui l’amena d’emblée à être un Lebemeister (c'est-à-dire littéralement un maître de vie, en opposition à un Lesemeister, un maître en lectures, selon la terminologie des Mystiques rhénans qui privilégie le premier, sans dénigrer le second) sa culture est solide.
Il « cite Proclus, Thomas d’Aquin, Augustin, Bernard de Clairvaux, Hugues de S. Victor » et la qualité de ses sermons est certaine « même si, parfois, on a préféré voir en lui, un homme frustre, n’ayant jamais étudié comme “ceux de Paris”, le réduisant fallacieusement par là à un prédicateur de province, inspiré, mais peu instruit ».
Un séjour à Cologne entre 1325 et 1330 est possible, mais rien ne le prouve. On pense donc sans savoir quand qu’il a dû séjourner à Cologne, y écouter Maître Eckhart, et peut-être rencontrer Henri Suso.
Mais il a découvert Maître Eckhart lorsque celui-ci était à Strasbourg. Dans son couvent strasbourgeois, Albert le Grand, Vincensinus, et Eckhart avaient séjourné : leurs écrits étaient donc à la disposition des frères y résidant.
Mais Tauler, Lebenmeister, ne fait pas étalage de ses savoirs : il les adapte pour un public parfois peu instruit.
L’une de ces premières adaptations est de traduire ces autorités du latin en moyen-haut allemand, langue parlée alors à Strasbourg.
En ce premier quart du XIVe siècle, le mouvement des « Frères du Libre Esprit », contre lequel s’était dépensé Maître Eckhart a disparu.
Une autre tendance, qui dans ses excès verse dans l’hétérodoxie, se manifeste à travers les béguinages.
Les historiens en comptent entre 70 et 80 à Strasbourg. Pour saisir l’ampleur de ces chiffres, précisons que la ville comptait au début du XIVe siècle un peu plus de 15 000 habitants, qu’il y avait sept couvents de Dominicaines (dont celui de Saint-Nicolas in Undis, où réside la sœur de Jean Tauler).
À ces couvents s’ajoutaient les Couvents des ordres Franciscains, les Monastères de l’Ordre de Saint-Benoît, les Ordres militaires, les couvents pour les « dames repentantes », hors de l’enceinte de la ville et les paroisses. Les membres des clergés séculier et régulier regroupent presque 10 % de la population.
Les béguinages existent depuis la fin du XIIe siècle.
Perçus dans un premier temps comme des maisons où des veuves, principalement, ou des célibataires vivent en petites communautés, sans règle, mais avec beaucoup de dévotion, ils sont de plus en plus suspects.
Or, en 1300, Guy de Colmieu, Évêque de Cambrai, ordonne l’autodafé du Miroir des âmes simples de Marguerite Porète.
Cette dernière est une Béguine, qui sera arrêtée en 1309, jugée et brûlée en 1310 à Paris. Eckhart était alors à Paris.
En son couvent logeait aussi l’inquisiteur instruisant le procès de Marguerite Porète. La Mystique rhénane a beaucoup de points communs avec les écrits béghards.
Ceux-ci vont initier un courant de spiritualité très vif au XIVe siècle. Beaucoup sont très réservés quant à l’autorité de l’église visible, lui préférant la communauté, parfois invisible, de ceux qui se veulent amis de Dieu, au sens de ceux qui aiment vraiment et sont vraiment aimés de Dieu.
Les erreurs des bégards sont dénoncées en 1317 au Concile de Vienne, et condamnées par bulle en 1318 et 1320.
Tauler commence ainsi à prêcher lorsque des personnes éprises de perfection doivent choisir entre se maintenir dans le béguinage ou bien s’inscrire dans une forme de vie reconnue par l’Église, c’est-à-dire un couvent, qui à Strasbourg est le plus souvent d’obédience Dominicaine.
« L’exécution à Cologne, en 1322, du Hollandais Walter et de ses compagnons n’a pas, semble-t-il, troublé l’existence de la communauté de bégards qui, au témoignage de l’un d’entre eux, Jean de Brünn, pratiqua impunément le Libre-Esprit de 1315 à 1335 ».
Tauler, par sa prédication, aura la charge d’inciter les bégards à se maintenir dans l’orthodoxie, comme Eckhart le fit pour le mouvement du Libre-Esprit.
L’autre évènement qui marque le début de la prédication de Jean Tauler est le conflit entre Jean XXII et l’empereur Louis IV de Bavière.
En Avignon, le Pape Jean XXII excommunie l’Empereur germanique en 1324 pour sa politique italienne.
Il le déclare privé d’Empire. Les villes de l’Empire soutiennent Louis IV. Le conflit dure, et le Pape jette l’interdit sur l’Empire en 1329.
Aucun Sacrement ne doit plus y être célébré. L’interdit durera 15 ans. Les habitants sont appelés à choisir entre le Pape et l’Empereur.
Jusqu’alors, Strasbourg était restée neutre. Dans les couvents des mendiants, les prises de position en faveur de l’un ou l’autre camp sont variés.
Finalement, les Dominicains se soumettent aux ordres pontificaux. En réponse, en 1339, la ville les chasse.
Ils resteront « bannis » pendant 4 ans. Tauler se retrouve ainsi tout d’abord à Cologne, puis à Bâle.
Durant ce séjour, il rencontre deux personnalités marquantes de la spiritualité rhénane du XIVe siècle : Henri de Nördlingen et Marguerite Ebner, tous deux parfois trop vite associés aux bégards, alors qu’ils semblent beaucoup plus appartenir à cette mouvance « des Amis de Dieu ».
Revenu à Strasbourg en 1348, Tauler ne repartira plus, sauf, peut-être pour un hypothétique voyage à Paris, en 1350, voyage où il aurait rencontré Ruysbroeck. Il meurt à Strasbourg le 16 juin 1361.
Sa spiritualité est traversée par deux thèmes centraux : le détachement, et la naissance déïfiante de Dieu dans l’âme qui est abordée dès le premier de ses sermons, celui pour la Nativité.
Parmi les Mystiques rhénans, il se distingue par son sens du concret et son apologie des vertus.
Un bref texte anonyme de la fin du XIVe siècle explique pourquoi il dut passer plusieurs longues années au Purgatoire : en particulier pour son caractère entêté !
De fait, à la différence de Suso, il n’a jamais été proclamé Bienheureux et à la différence d’Eckhart, il ne fut jamais inquiété pour sa doctrine.
Martin Luther lui rendit hommage en disant de lui qu'il était "l'un des plus solides et des plus corrects des mystiques".
C’est pourtant bien de Maître Eckhart dont il se réclame, à mots couverts, nous donnant même la clef de lecture de son œuvre : « Il parlait depuis l’éternité, et vous l’avez compris depuis le temps ».
Dr Jean Devriendt
NOTA : Nous devons au site http://maitre.eckhart.free.fr le texte de cette notice et l’image qui orne cet extrait biographique de Jean Tauler.
Nous tenons à remercier les responsables de ce même site — et en particulier Mr Jean Devriendt – pour leur gentillesse et invitons “chaudement” nos visiteurs a se rendre sur leur site qui est consacré tout particulièrement aux “Mystiques Rhénans”.
Nous espérons pouvoir donner ici, s'ils nous le permettent, un extrait biographique de Maître Eckhart, grand auteur mystique, comme chacun le sait.
Date de dernière mise à jour : 16/06/2024
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