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Solennité de la Nativité du Seigneur - Messe de la nuit. Fête le 24 Décembre.
Dimanche 24 Décembre 2023 : Solennité de la Nativité du Seigneur. Messe de la nuit.
MESSE EN LA SOLENNITÉ DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR (Vidéo)
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HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS
Basilique vaticane
Mercredi 24 Décembre 2014
[Multimédia]
« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi » (Is 9, 1). « L’ange du Seigneur se présenta devant eux [les pasteurs] et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière » (Lc 2, 9).
C’est ainsi que la liturgie de cette sainte nuit de Noël nous présente la naissance du Sauveur : comme une lumière qui pénètre et dissout l’obscurité la plus dense.
La présence du Seigneur au milieu de son peuple efface le poids de la défaite et la tristesse de l’esclavage, et instaure la joie et l’allégresse.
Nous aussi, en cette nuit sainte, nous sommes venus dans la maison de Dieu en traversant les ténèbres qui enveloppent la terre, mais guidés par la flamme de la Foi qui éclaire nos pas et animés par l’espérance de trouver la ‘‘grande lumière’’.
En ouvrant notre cœur, nous avons, nous aussi, la possibilité de contempler le miracle de cet enfant-soleil qui éclaircit l’horizon en surgissant d’en-haut.
L’origine des ténèbres qui enveloppent le monde se perd dans la nuit des temps. Repensons au moment obscur où a été commis le premier crime de l’humanité, quand la main de Caïn, aveuglé par la jalousie, a frappé à mort son frère Abel (cf. Gn 4, 8).
Ainsi, le cours des siècles a été marqué par des violences, des guerres, la haine et des abus. Mais Dieu, qui avait placé ses propres attentes en l’homme fait à son image et à sa ressemblance, attendait.
Dieu attendait. Il a attendu tellement longtemps que peut-être à un certain moment il aurait dû renoncer.
Mais il ne pouvait renoncer, il ne pouvait pas se renier lui-même (cf. 2 Tm 2, 13). C’est pourquoi, il a continué à attendre avec patience face à la corruption des hommes et des peuples.
La patience de Dieu, Comme il est difficile de comprendre cela : la patience de Dieu envers nous !
Au long du chemin de l’histoire, la lumière qui perce l’obscurité nous révèle que Dieu est Père et que sa patiente fidélité est plus forte que les ténèbres et la corruption. C’est en cela que consiste l’annonce de la nuit de Noël.
Dieu ne connaît pas d’accès de colère et l’impatience ; il est toujours là, comme le père de la parabole du fils prodigue, dans l’attente d’entrevoir de loin le retour du fils perdu ; et chaque jour, avec patience. La patience de Dieu.
La prophétie d’Isaïe annonce l’apparition d’une immense lumière qui perce l’obscurité. Elle naît à Bethléem et elle est accueillie par les tendres mains de Marie, par l’affection de Joseph, par l’étonnement des bergers.
Quand les anges ont annoncé aux bergers la naissance du Rédempteur, ils l’ont fait avec ces paroles : « Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 12).
Le ‘‘signe’’ c’est justement l’humilité de Dieu, l’humilité de Dieu portée à l’extrême ; c’est l’amour avec lequel, cette nuit, il a assumé notre fragilité, notre souffrance, nos angoisses, nos désirs et nos limites.
Le message que tous attendaient, le message que tous cherchaient dans la profondeur de leur âme, n’était autre que la Tendresse de Dieu : Dieu qui nous regarde avec des yeux pleins d’affection, qui accepte notre misère, Dieu amoureux de notre petitesse.
En cette sainte nuit, tandis que nous contemplons l’Enfant Jésus qui vient de naître et d’être déposé dans une mangeoire, nous sommes invités à réfléchir.
Comment accueillons-nous la Tendresse de Dieu ? Est-ce que je me laisse rejoindre par Lui, est-ce que je me laisse embrasser, ou bien est-ce que je l’empêche de s’approcher ? ‘‘Mais je cherche Le Seigneur’’ – pourrions-nous rétorquer.
Toutefois, la chose la plus importante n’est pas de le chercher, mais plutôt de faire en sorte que ce soit Lui qui me cherche, qui me trouve et qui me caresse avec amour.
Voici la question que nous pose l’Enfant par sa seule présence : est-ce que je permets à Dieu de m’aimer ?
Et encore : avons-nous le courage d’accueillir avec tendresse les situations difficiles et les problèmes de celui qui est à côté de nous, ou bien préférons-nous les solutions impersonnelles, peut-être efficaces mais dépourvues de la chaleur de l’Évangile ? Combien le monde a besoin de tendresse aujourd’hui ! Patience de Dieu, proximité de Dieu, Tendresse de Dieu.
La réponse du Chrétien ne peut être différente de celle que Dieu donne à notre petitesse. La vie doit être affrontée avec bonté, avec mansuétude.
Quand nous nous rendons compte que Dieu est amoureux de notre petitesse, que Lui-même se fait petit pour mieux nous rencontrer, nous ne pouvons pas ne pas lui ouvrir notre cœur et le supplier :
« Seigneur, aide-moi à être comme toi, donne-moi la grâce de la tendresse dans les circonstances les plus dures de la vie, donne-moi la grâce de la proximité face à toute nécessité, de la douceur dans n’importe quel conflit ».
Chers frères et sœurs, en cette nuit sainte, contemplons la crèche : là, « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » (Is 9, 1).
Les gens simples, les gens disposés à accueillir le don de Dieu, l’ont vue. Au contraire, les arrogants, les orgueilleux, ceux qui établissent les lois selon leurs propres critères personnels, ceux qui assument des attitudes de fermeture, ne l’ont pas vue.
Regardons la crèche et prions, en demandant à la Vierge Mère : « Ô Marie, montre-nous Jésus ».
Messe de Minuit
Solennité de la Nativité du Seigneur
Extraits de l’Homélie du Pape Benoît XVI
Basilique Vaticane
Chers Frères et Sœurs,
« Qui est semblable au Seigneur Notre Dieu ? Lui, il siège là-haut. Mais il abaisse son regard vers le Ciel et vers la Terre ».
Ainsi chante Israël dans un de ses Psaumes (112 [113], 5-6), où il exalte à la fois la grandeur de Dieu et sa proximité bienveillante à l’égard des hommes.
Dieu demeure dans les hauteurs, mais il se penche vers le bas… Dieu est immensément grand et bien au-dessus de nous.
C’est là la première expérience de l’homme. La distance semble infinie. Le Créateur de l’univers, Celui qui conduit tout, est très loin de nous : c’est ce qui paraît tout d’abord.
Mais ensuite vient l’expérience surprenante : Celui auquel rien n’est égal, qui « siège là-haut », Celui-ci regarde vers le bas.
Il se penche vers le bas. Il nous voit et Il me voit. Ce regard de Dieu vers en bas est plus qu’un regard d’en-haut.
Le regard de Dieu est un agir. Le fait qu’Il me voit, qu’il me regarde, me transforme de même que le monde autour de moi. Ainsi le psaume continue-t-il immédiatement : « De la poussière il relève le faible… ».
Par son regard vers le bas il me relève, avec bienveillance il me prend par la main et m’aide à m’élever, moi précisément, du bas vers le haut.
« Dieu s’abaisse ». Cette parole est une parole prophétique. Dans la nuit de Bethléem, elle a acquis une signification complètement nouvelle.
L’abaissement de Dieu a pris un réalisme inouï et inimaginable auparavant. Il s’abaisse – il vient, Lui, comme bébé et dans la misère de l’étable, symbole de toute nécessité et de l’état d’abandon des hommes.
Dieu descend réellement. Il devient un enfant et se met dans la condition de dépendance totale qui est celle d’un être humain qui vient de naître.
Le Créateur qui tient tout dans ses mains, dont nous dépendons tous, se fait petit et nécessiteux de l’amour humain.
Dieu est dans l’étable. Dans l’Ancien Testament, le temple était considéré presque comme le marchepied du trône de Dieu ; l’arche sacrée comme le lieu où, de façon mystérieuse, Celui-ci était présent au milieu des hommes. Ainsi on savait que, au-dessus du temple, secrètement, se tenait la nuée de la gloire de Dieu.
Maintenant, elle se tient au-dessus de l’étable. Dieu est dans la nuée de la misère d’un bébé sans toit : quelle nuée impénétrable et néanmoins nuée de la Gloire !
De quelle façon, en effet, sa prédilection pour l’homme, sa préoccupation pour lui pourraient apparaître plus grandes et plus pures ?
La nuée de la dissimulation, de la pauvreté de l’enfant qui a totalement besoin de l’Amour, est en même temps la nuée de la Gloire.
Parce que rien ne peut être plus sublime, plus grand que l’amour qui de cette manière s’abaisse, descend, se rend dépendant.
La gloire du vrai Dieu devient visible quand s’ouvrent les yeux du cœur devant l’étable de Bethléem. [...]
Le récit de Noël selon Saint Luc, que nous venons d’entendre dans le passage évangélique, nous raconte que Dieu a soulevé un peu le voile derrière lequel il se cache, d’abord devant des personnes de très basse condition, devant des personnes qui dans la haute société étaient plutôt méprisées : devant les bergers qui dans les champs autour de Bethléem gardaient leurs troupeaux.
Luc nous dit que ces personnes « veillaient ». Nous pouvons ainsi nous sentir ramenés à un thème central du message de Jésus dans lequel, à maintes reprises et avec une urgence croissante jusqu’au Jardin des oliviers, revient l’invitation à la vigilance – à rester éveillés pour nous apercevoir de la venue du Seigneur et y être préparés. [...]
De plus, Saint Luc nous raconte que les bergers eux-mêmes étaient « enveloppés » de la Gloire de Dieu, de la nuée de lumière, ils se trouvaient au cœur même de la splendeur de cette Gloire.
Enveloppés de la nuée sainte, ils écoutent le cantique de louange des anges : « Gloire à Dieu au plus haut des Cieux, et Paix sur la Terre aux hommes qu’il Aime ».
Et qui sont ces hommes qu’il aime sinon les petits, ceux qui veillent, ceux qui sont dans l’attente, qui espèrent dans la Bonté de Dieu et le cherchent en regardant vers Lui, de loin ?
[...] La Gloire de Dieu est au plus haut des Cieux, mais cette hauteur de Dieu réside maintenant dans l’étable, ce qui était vil est devenu sublime.
Sa Gloire est sur la Terre, elle est la Gloire de l’Humilité et de l’Amour.
Et encore : la Gloire de Dieu est la Paix. Là où il est, là est la Paix. Il est là où les hommes ne veulent pas faire par eux-mêmes de la terre le paradis, en recourant pour cela à la violence.
Il est avec les personnes dont le cœur veille, avec les humbles et avec ceux qui sont « en phase » avec sa grandeur, avec la grandeur de l’Humilité et de l’Amour. À ceux-là, il donne sa Paix, afin que, par eux, la Paix entre dans ce monde.
Au Moyen âge, le théologien Guillaume de Saint Thierry a affirmé une fois : Dieu – à partir d’Adam – a vu que sa grandeur provoquait chez l’homme une résistance ; que l’homme se sent limité dans son être même et menacé dans sa liberté.
C’est pourquoi Dieu a choisi une voie nouvelle. Il est devenu enfant. Il s’est rendu dépendant et faible, nécessiteux de notre Amour.
Aujourd’hui – nous dit ce Dieu qui s’est fait petit enfant – vous ne pouvez plus avoir peur de moi, désormais vous pouvez seulement m’aimer.
Avec ces pensées, nous nous approchons en cette nuit de l’enfant de Bethléem, de ce Dieu qui, pour nous, a voulu se faire enfant.
Sur chaque enfant, il y a le reflet de l’enfant de Bethléem. Tout enfant réclame notre Amour. En cette nuit, pensons donc d’une façon particulière à ces enfants auxquels l’Amour des parents est refusé.
Aux enfants des rues qui n’ont pas de foyer. Aux enfants qui sont utilisés d’une façon brutale comme soldats et dont on fait des instruments de violence, plutôt que de pouvoir être porteurs de réconciliation et de Paix.
Aux enfants qui, par l’industrie de la pornographie et par toutes les autres formes abominables d’abus, sont blessés au plus profond de leur âme.
L’Enfant de Bethléem est un nouvel appel qui nous est adressé pour faire tout ce qui est possible afin que soient mis un terme aux épreuves de ces enfants, de faire tout ce qui est possible afin que la lumière de Bethléem touche le cœur des hommes.
Ce n’est qu’à travers la conversion des cœurs, ce n’est qu’à travers un changement au plus intime de l’homme que peut être dépassée la cause de tout ce mal, que peut être vaincu le pouvoir du malin.
Ce n’est que si les hommes changent, que change le monde et, pour changer, les hommes ont besoin de la lumière qui vient de Dieu, de cette lumière qui, de façon si inattendue, est entrée dans notre nuit.
En parlant de l’enfant de Bethléem, nous pensons également à la localité qui porte le nom de Bethléem, nous pensons à ce pays dans lequel Jésus a vécu et qu’il a profondément aimé.
Et nous prions pour que, là, advienne la paix.
Que cessent la haine et la violence. Que s’éveille la compréhension réciproque, que se réalise une ouverture des cœurs qui ouvre les frontières. Que descende la Paix que les anges ont chantée au cours de cette nuit.
[...] En cette heure, nous entrons dans le chant de louange de la création et notre louange est en même temps une Prière : Oui, Seigneur, fais-nous voir un peu de la splendeur de ta Gloire. Et donne la Paix sur la Terre. Fais de nous des hommes et des femmes de Paix, de ta Paix. Amen. © Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana.
Pour lire & l’Homélie complète :
>>> Noël - Messe de Minuit
(Pour voir en grand format : photo-021-1.jpg).
MESSE DE MINUIT
SOLENNITÉ DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
Basilique Vaticane
24 décembre 2012
[Vidéo]
Galerie photographique
Chers frères et sœurs,
La beauté de cet évangile touche toujours à nouveau notre cœur – une beauté qui est splendeur de la vérité.
Le fait que Dieu se fasse petit enfant, afin que nous puissions l’aimer, afin que nous osions l’aimer, et que, comme un petit enfant, il se mette avec confiance entre nos mains, nous émeut toujours de nouveau.
Il dit presque : je sais que ma splendeur t’effraie, que devant ma grandeur tu cherches à t’affirmer toi-même. Eh bien, je viens donc à toi comme un petit enfant, pour que tu puisses m’accueillir et m’aimer.
La parole de l’évangéliste, dite presqu’en passant, affirmant que pour eux il n’y avait pas de place dans la salle commune, me touche aussi toujours de nouveau.
Inévitablement surgit la question de savoir comment se passeraient les choses, si Marie et Joseph frappaient à ma porte ?
Y-aurait-il de la place pour eux ? Et ensuite, nous vient à l’esprit que cette nouvelle, apparemment fortuite, du manque de place dans la salle commune qui pousse la Sainte Famille dans l’étable, l’évangéliste Jean l’a approfondie et l’a ramenée à l’essentiel quand il écrit : « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu » (Jn 1, 11).
Ainsi, la grande question morale de savoir comment chez nous se passent les choses concernant les personnes déplacées, les refugiés et les immigrés, devient encore plus fondamentale : avons-nous vraiment de la place pour Dieu, quand il cherche à entrer chez nous ?
Avons-nous du temps et de l’espace pour lui ? N’est-ce pas peut-être Dieu lui-même que nous refoulons ?
Cela commence par le fait que nous n’avons pas du temps pour Dieu. Plus nous pouvons nous déplacer rapidement, plus les moyens qui nous font gagner du temps deviennent efficaces, moins nous avons du temps à disposition.
Et Dieu ? La question le concernant ne semble jamais urgente. Notre temps est déjà totalement rempli.
Mais les choses vont encore plus en profondeur. Dieu a-t-il vraiment une place dans notre pensée ? Les méthodes de notre pensée sont organisées de manière qu’au fond, il ne doit pas exister.
Même s’il semble frapper à la porte de notre pensée, il doit être éloigné par quelque raisonnement.
La pensée, pour être considérée comme sérieuse, doit être construite de façon à rendre superflue l’“hypothèse Dieu”. Il n’y a pas de place pour lui.
Même dans notre sentiment et dans notre vouloir, il n’y a pas de place pour lui. Nous nous voulons nous-mêmes.
Nous voulons les choses tangibles, le bonheur expérimentable, la réussite de nos projets personnels et de nos intentions.
Nous sommes totalement « remplis » de nous-mêmes, si bien qu’il ne reste aucun espace pour Dieu.
Et c’est pourquoi, il n’y a pas d’espace non plus pour les autres, pour les enfants, pour les pauvres, pour les étrangers.
En partant de la simple parole sur le manque de place dans la salle commune, nous pouvons nous rendre compte combien nous est nécessaire l’exhortation de Saint Paul : « Transformez-vous en renouvelant votre façon de penser » (Rm 12, 2).
Paul parle du renouvellement, de l’ouverture de notre intellect (nous) ; il parle en général de la façon dont nous voyons le monde et nous-mêmes.
La conversion dont nous avons besoin doit atteindre vraiment jusqu’aux profondeurs de notre rapport avec la réalité.
Prions le Seigneur afin que nous devenions vigilants envers sa présence, afin que nous entendions comment il frappe de manière discrète mais insistante à la porte de notre être et de notre vouloir.
Prions-le afin qu’il se crée au fond de nous-mêmes un espace pour lui et afin qu’ainsi nous puissions aussi le reconnaître en ceux par qui il s’adresse à nous : dans les enfants, dans les personnes qui souffrent et dans celles qui sont abandonnées, dans les personnes marginalisées et dans les pauvres de ce monde.
Il y a encore une deuxième parole dans le récit de Noël sur laquelle je voudrais réfléchir avec vous : l’hymne de louange que les anges entonnent après le message concernant le Sauveur nouveau-né : « Gloire à Dieu au plus haut des Cieux, et Paix sur la Terre aux hommes objets de sa bienveillance ».
Dieu est Glorieux. Dieu est pure Lumière, splendeur de la Vérité et de l’Amour. Il est bon. Il est le véritable bien, le bien par excellence.
Les anges qui l’entourent transmettent simplement d’abord la joie pour la perception de la Gloire de Dieu.
Leur chant est une irradiation de la joie dont ils sont remplis.
Dans leurs paroles, nous entendons, pour ainsi dire, quelque chose des sons mélodieux du Ciel.
Là aucune question sur l’objectif n’est sous-entendue, il y a simplement le fait d’être comblés du bonheur venant de la perception de la pure splendeur de la Vérité et de l’Amour de Dieu.
Nous voulons nous laisser toucher par cette joie : la vérité existe. La pure bonté existe. La pure lumière existe.
Dieu est bon et il est la puissance suprême, au-dessus de toutes les puissances. De cela nous devrions nous réjouir simplement en cette nuit, avec les anges et les bergers.
La paix sur la Terre entre les hommes est en relation avec la Gloire de Dieu au plus haut des Cieux.
Là où on ne rend pas gloire à Dieu, là où Dieu est oublié ou même renié, il n’y pas non plus de paix.
Aujourd’hui, pourtant, des courants de pensée répandus soutiennent le contraire : les religions, en particulier le monothéisme, seraient la cause de la violence et des guerres dans le monde ; il conviendrait avant tout de libérer l’humanité des religions, afin qu’il se crée ensuite la paix ; le monothéisme, la Foi dans le Dieu unique, serait tyrannie, cause d’intolérance, car, en fonction de sa nature, il voudrait s’imposer à tous avec la prétention de l’unique vérité.
Il est vrai que, dans l’histoire, le monothéisme a servi de prétexte à l’intolérance et à la violence.
Il est vrai qu’une religion peut devenir malade et arriver ainsi à s’opposer à sa nature la plus profonde, quand l’homme pense devoir prendre lui-même en main la cause de Dieu, faisant ainsi de Dieu sa propriété privée.
Nous devons être vigilants face à ces travestissements du sacré. Si dans l’histoire un certain usage inapproprié de la religion est incontestable, il n’est pourtant pas vrai que le « non » à Dieu rétablirait la paix.
Si la lumière de Dieu s’éteint, la dignité divine de l’homme s’éteint aussi. Alors, il n’est plus l’image de Dieu, que nous devons honorer en chacun, dans le faible, dans l’étranger, dans le pauvre.
Alors, nous ne sommes plus tous frères et sœurs, enfants de l’unique Père qui, à partir du Père, sont en relation mutuelle.
Quels types de violence arrogante apparaissent alors et comment l’homme déprécie et écrase l’homme, nous l’avons vu dans sa toute cruauté au cours du siècle dernier.
Seulement si la lumière de Dieu brille sur l’homme et dans l’homme, seulement si chaque être humain est voulu, connu et aimé par Dieu, seulement alors, quelle que soit sa situation de misère, sa dignité est inviolable.
Dans la Sainte Nuit, Dieu Lui-même s’est fait homme, comme le prophète Isaïe avait annoncé : l’enfant né ici est “Emmanuel”, Dieu avec nous (cf. Is 7, 14).
Et au cours de tous ces siècles, vraiment, il n’y a pas eu seulement des cas d’usage inapproprié de la religion, mais des forces de réconciliation et de bonté sont toujours venues de nouveau de la Foi en ce Dieu qui s’est fait homme.
Dans l’obscurité du péché et de la violence, cette Foi a introduit un rayon lumineux de paix et de bonté qui continue à briller.
Ainsi, Le Christ est notre Paix et il a annoncé la paix à ceux qui sont loin et à ceux qui sont proches (cf. Ep 2, 14.17).
Comment ne devrions-nous pas le prier en cette heure : Oui, Seigneur, annonce-nous aussi aujourd’hui la paix, à ceux qui sont loin et à ceux qui sont proches.
Fais qu’aujourd’hui encore les épées soient transformées en socs (cf. Is 2, 4), qu’à la place des armements pour la guerre succède de l’aide pour ceux qui souffrent.
Éclaire les personnes qui croient devoir exercer la violence en ton nom, afin qu’elles apprennent à comprendre l’absurdité de la violence et à reconnaître ton vrai visage.
Aide-nous à devenir des hommes « objets de ta bienveillance » – des hommes à ton image et ainsi des hommes de paix.
À peine les anges se furent-ils éloignés que les bergers se disaient entre eux : Allons jusque là-bas, à Bethléem et voyons cette parole qui s’est réalisée pour nous (cf. Lc 2, 15).
Les bergers partirent donc en hâte vers Bethléem, nous dit l’évangéliste (cf. 2, 16). Une sainte curiosité les poussait à voir dans une mangeoire ce petit enfant, dont l’ange avait dit qu’il était Le Sauveur, Le Christ, Le Seigneur. La grande joie, dont l’ange avait parlé, avait touché leur cœur et leur donnait des ailes.
Allons là-bas, à Bethléem, nous dit aujourd’hui la liturgie de l’Église. Trans-eamus traduit la Bible latine : “traverser”, aller là-bas, oser le pas qui va au-delà, la “traversée”, par laquelle nous sortons de nos habitudes de pensée et de vie et dépassons le monde purement matériel pour arriver à l’essentiel, au-delà, vers ce Dieu qui, pour sa part, est venu ici, vers nous.
Nous voulons prier Le Seigneur, afin qu’il nous donne la capacité de dépasser nos limites, notre monde; afin qu’il nous aide à le rencontrer, particulièrement au moment où Lui-même, dans la Sainte Eucharistie, se pose dans nos mains et dans notre cœur.
Allons là-bas, à Bethléem : avec ces paroles que, en union avec les bergers, nous nous disons les uns aux autres, nous ne devons pas penser seulement à la grande traversée vers le Dieu vivant, mais aussi à la ville concrète de Bethléem, à tous les lieux où Le Seigneur a vécu, agi et souffert.
Prions en ce moment pour les personnes qui aujourd’hui y vivent et y souffrent. Prions pour qu’il y ait la paix.
Prions afin qu’Israéliens et Palestiniens puissent mener leur vie dans la paix du Dieu unique et dans la liberté.
Prions aussi pour les pays environnants, pour le Liban, pour la Syrie, pour l’Iraq et ainsi de suite : afin que la paix s’y renforce.
Que les Chrétiens dans ces pays où notre Foi a trouvé son origine, puissent maintenir leur demeure; que les Chrétiens et les Musulmans construisent ensemble leurs pays dans la paix de Dieu.
Les bergers sont partis en hâte. Une sainte curiosité et une sainte joie les poussaient. Parmi nous, il arrive peut-être très rarement que nous nous hâtions pour les choses de Dieu.
Aujourd’hui, Dieu ne fait pas partie des réalités urgentes. Les choses de Dieu, ainsi pensons-nous et disons-nous, peuvent attendre.
Pourtant, il est la réalité la plus importante, l’Unique qui, en dernière analyse, est vraiment important.
Pourquoi ne devrions-nous pas être pris, nous aussi, par la curiosité de voir de plus près et de connaître ce que Dieu nous a dit ?
Prions-le afin que la sainte curiosité et la sainte joie des bergers nous touchent nous aussi en ce moment, et allons donc avec joie là-bas, à Bethléem – vers Le Seigneur qui, aujourd’hui aussi, vient de nouveau vers nous. Amen.
Date de dernière mise à jour : 24/12/2023
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