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Eucharistie du Dimanche 14 Février 2016 : Premier Dimanche de Carême.
Eucharistie du Dimanche 14 Février 2016 : Premier Dimanche de Carême.
L’Église Célèbre la Fête (en Europe et fait mémoire obligatoire ailleurs) des Saints Cyrille et Méthode, Apôtres des Slaves, Co-Patrons de l'Europe (IXe siècle).
(Mais la Célébration du Premier Dimanche de Carême a la préséance sur la Célébration de la Fête des Saints Cyrille et Méthode).
Fête de Saint Valentin, Évêque et martyr († v. 273).
Fête de Geneviève de Gaulle Anthonioz (1920-2002).
Textes du jour (1ère lecture, Psaume, 2ème lecture, Évangile) :
Livre du Deutéronome 26,4-10… Psaume 91(90),1-2.10-11.12-13.14-15ab… Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 10,8-13… Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 4,1-13.
Commentaire de Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), Prêtre à Antioche puis Évêque de Constantinople, Docteur de l'Église.
HOMÉLIE DE SAINT AUGUSTIN SUR LE PSAUME 60 : Dans Le Christ, c'est nous qui sommes tentés.
VIE SLAVONNE DE CONSTANTIN
Autre commentaire de Frère Jean-Christian Lévêque o.c.d. (Carmel).
Autre commentaire du Père Joseph-Marie, Moine de la Famille de Saint Joseph.
Autres commentaires de l’Abbé Josep LAPLANA OSB Moine de Montserrat (Montserrat, Barcelona, Espagne).
Hymne, Oraison et Parole de Dieu.
Dimanche 14 Février 2016 : Fête des Saints Cyrille et Méthode, Apôtres des Slaves, Co-Patrons de l'Europe (IXe siècle).
Saints Cyrille et Méthode sont Patrons de l'Europe avec Saint Benoît de Nursie, Sainte Brigitte de Suède, Sainte Catherine de Sienne et Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Édith Stein).
Pour voir leur vie et en découvrir davantage sur eux, aller dans le menu déroulant à « Vie des Saints » ou sur le lien suivant :
Saints Cyrille et Méthode, Apôtres des Slaves.
Dimanche 14 Février 2016 : Fête de Saint Valentin, Évêque et martyr († v. 273).
Pour voir sa vie et en découvrir davantage sur lui, aller dans le menu déroulant à « Vie des Saints » ou sur le lien suivant :
Saint Valentin, Évêque et martyr.
Dimanche 14 Février 2016 : Fête de Geneviève de Gaulle Anthonioz (1920-2002).
Elle n’est ni Béatifiée, ni Canonisé mais une belle vie à découvrir.
Pour voir sa vie et en découvrir davantage sur elle, aller dans le menu déroulant à « Vie des Saints » ou sur le lien suivant :
Geneviève de Gaulle Anthonioz.
LITURGIE DE LA PAROLE.
Livre du Deutéronome 26,4-10.
Moïse disait au peuple :
Lorsque tu présenteras les prémices de tes récoltes, le prêtre recevra de tes mains la corbeille et la déposera devant l’autel du Seigneur ton Dieu.
Tu prononceras ces paroles devant le Seigneur ton Dieu : « Mon père était un Araméen nomade, qui descendit en Égypte : il y vécut en immigré avec son petit clan. C’est là qu’il est devenu une grande nation, puissante et nombreuse.
Les Égyptiens nous ont maltraités, et réduits à la pauvreté ; ils nous ont imposé un dur esclavage.
Nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères. Il a entendu notre voix, il a vu que nous étions dans la misère, la peine et l’oppression.
Le Seigneur nous a fait sortir d’Égypte à main forte et à bras étendu, par des actions terrifiantes, des signes et des prodiges.
Il nous a conduits dans ce lieu et nous a donné ce pays, un pays ruisselant de lait et de miel.
Et maintenant voici que j’apporte les prémices des fruits du sol que tu m’as donné, Seigneur. » Ensuite tu les déposeras devant le Seigneur ton Dieu et tu te prosterneras devant lui.
Psaume 91(90),1-2.10-11.12-13.14-15ab.
Quand je me tiens sous l'abri du Très-Haut
et repose à l'ombre du Puissant,
je dis au Seigneur : « Mon refuge,
mon rempart, mon Dieu, dont je suis sûr ! »
Le malheur ne pourra te toucher,
ni le danger, approcher de ta demeure :
il donne mission à ses anges
de te garder sur tous tes chemins.
Ils te porteront sur leurs mains
pour que ton pied ne heurte les pierres ;
tu marcheras sur la vipère et le scorpion,
tu écraseras le lion et le Dragon.
« Puisqu'il s'attache à moi, je le délivre ;
je le défends, car il connaît mon nom.
Il m'appelle, et moi, je lui réponds ;
je suis avec lui dans son épreuve. »
Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 10,8-13.
Frères, que dit l'Écriture ? ‘Tout près de toi est la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur’. Cette Parole, c’est le message de la foi que nous proclamons.
En effet, si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé.
Car c’est avec le cœur que l’on croit pour devenir juste, c’est avec la bouche que l’on affirme sa foi pour parvenir au salut.
En effet, l’Écriture dit : ‘Quiconque met en lui sa foi ne connaîtra pas la honte’.
Ainsi, entre les Juifs et les païens, il n’y a pas de différence : tous ont le même Seigneur, généreux envers tous ceux qui l’invoquent.
En effet, ‘quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé’.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 4,1-13.
En ce temps-là, après son baptême, Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert
où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.
Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. »
Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. »
Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre.
Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux.
Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. »
Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. »
Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ;
car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ;
et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.
Commentaire du jour.
Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), Prêtre à Antioche puis Évêque de Constantinople, Docteur de l'Église.
Homélies sur l’Évangile de Matthieu, n° 13,1 ; PG 57, 207 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 339s)
Fortifiés par les tentations
« Après son Baptême, Jésus a été conduit par L'Esprit à travers le désert, où il a été mis à l'épreuve par le démon »…
Tout ce que Jésus a fait et enduré était destiné à nous instruire. Il a donc voulu être conduit en ce lieu pour lutter avec le démon, afin que personne parmi les baptisés ne soit troublé si après son Baptême il subit de plus grandes tentations, comme si c'était extraordinaire ; mais il doit supporter tout cela comme étant dans l'ordre des choses.
C'est pour cela que vous avez reçu des armes : non pour rester oisifs, mais pour combattre.
Voici pour quels motifs Dieu n'empêche pas les tentations qui vous surviennent. D'abord pour vous apprendre que vous êtes devenus beaucoup plus forts.
Puis, afin que vous gardiez la mesure, au lieu de vous enorgueillir des grands dons que vous avez reçus, car les tentations ont le pouvoir de vous humilier.
En outre, vous serez tentés afin que cet esprit du mal, se demandant encore si vous avez vraiment renoncé à lui, soit convaincu, par l'expérience des tentations, que vous l'avez totalement abandonné.
Quatrièmement, vous êtes tentés pour être entraînés à être plus forts et plus solides que l'acier.
Cinquièmement, afin que vous ayez la certitude absolue que des trésors vous ont été confiés. Car le démon ne vous aurait pas assaillis s'il n'avait pas vu que vous receviez un plus grand honneur.
HOMÉLIE DE SAINT AUGUSTIN SUR LE PSAUME 60
Dans Le Christ, c'est nous qui sommes tentés.
Entends ma plainte, Seigneur, écoute ma prière. Qui donc parle ? Il semble que ce soit un seul homme.
Regarde si c'est un seul : Des extrémités de la Terre, je crie vers Toi, parce que mon cœur est angoissé. Il n'est donc plus un seul désormais ; mais il est un seul parce que Le Christ est unique, et pourtant nous sommes tous ses membres.
Car, est-ce qu'un seul homme crie des extrémités de la Terre ? Ce qui crie des extrémités de la Terre ne peut être que cet héritage au sujet duquel Le Père a entendu cette parole : Demande, et je te donne les nations en héritage, les extrémités de la Terre pour domaine.
Ce domaine du Christ, cet héritage du Christ, ce Corps du Christ, cette unique Église du Christ, cette unité que nous sommes, c'est elle qui crie des extrémités de la Terre.
Mais que crie-t-elle ? Ce que j'ai dit tout à l'heure : Entends ma plainte, Seigneur, écoute ma prière ; des extrémités de la Terre, je crie vers Toi.
J'ai crié cela vers Toi des extrémités de la Terre, c'est-à-dire de partout.
Mais pourquoi ai-je crié cela ? Parce que mon cœur est angoissé. Le Corps du Christ montre qu'il est, à travers toutes les nations, sur toute la Terre, non pas dans une grande Gloire, mais dans une grande épreuve.
Dans son voyage ici-bas, notre vie ne peut pas échapper à l'épreuve de la tentation, car notre progrès se réalise par notre épreuve ; personne ne se connaît soi-même sans avoir été éprouvé, ne peut être couronné sans avoir vaincu, ne peut vaincre sans avoir combattu, et ne peut combattre s'il n'a pas rencontré l'ennemi et les tentations.
Il est donc angoissé, celui qui crie des extrémités de la Terre, mais il n'est pas abandonné. Car le Christ a voulu nous préfigurer, nous qui sommes son Corps, dans lequel il est mort, est ressuscité et monté au Ciel ; c'est ainsi que la Tête a pénétré la première là où les membres sont certains de pouvoir la suivre.
Il nous a donc transfigurés en Lui, quand il a voulu être tenté par Satan. On lisait tout à l'heure dans l'Évangile que Seigneur Jésus Christ, au désert, était tenté par le diable.
Parfaitement ! Le Christ était tenté par le diable ; dans Le Christ, c'est toi qui étais tenté, parce que Le Christ tenait de toi sa chair, pour te donner le Salut ; tenait de toi sa mort, pour te donner la Vie ; tenait de toi les outrages, pour te donner les Honneurs ; donc il tenait de toi la tentation, pour te donner la Victoire.
Si c'est en Lui que nous sommes tentés, c'est en Lui que nous dominons le diable. Tu remarques que Le Christ a été tenté, et tu ne remarques pas qu'il a vaincu ?
Reconnais que c'est toi qui es tenté en Lui ; et alors reconnais que c'est toi qui es vainqueur en Lui.
Il pouvait écarter de lui le diable ; mais, s'il n'avait pas été tenté, il ne t'aurait pas enseigné, à toi qui dois être soumis à la tentation, comment on remporte la victoire.
VIE SLAVONNE DE CONSTANTIN
Constantin, qui allait prendre le nom de Cyrille, accablé par ses travaux, tomba malade ; et comme sa maladie se prolongeait, il eut un jour une vision de Dieu et il se mit à chanter : Quand on m'a dit : Nous entrerons dans la maison du Seigneur, mon esprit s'est réjoui et mon cœur a exulté.
Lorsqu'on l'eut revêtu des ornements sacrés, il demeura ainsi toute la journée ; il était plein de joie et disait :
« Désormais, je ne suis plus le serviteur de l'empereur, ni d'aucun homme sur terre, mais seulement du Dieu tout-puissant. Je n'existais pas, puis j'ai existé, et je serai éternellement. Amen. »
Le lendemain, il revêtit le saint habit Monastique et, ajoutant la lumière à la lumière, il s'attribua le nom de Cyrille (qui appartient au Seigneur). Il vécut cinquante jours sous cet habit.
Comme l'heure approchait où il devait entrer dans son repos et partir pour les demeures éternelles, il priait, les mains élevées vers Dieu, et il disait en pleurant : « Seigneur Mon Dieu, qui as créé toute la hiérarchie des anges et les armées des esprits invisibles, qui as déployé le Ciel et fondé solidement la Terre, qui as amené tout ce qui existe de la non-existence à l'existence ; toi qui exauces toujours ceux qui font ta volonté, te vénèrent et observent tes commandements, exauce ma Prière et garde ce troupeau fidèle qui t'appartient, auquel tu as donné pour chef le serviteur incapable que je suis.
« Délivre-les de la méchanceté impie et païenne de ceux qui te blasphèment ; développe ton Église en nombre, et rassemble tous ses membres dans l'unité.
Fais-en un peuple choisi, unanime dans la vraie Foi et la doctrine authentique ; mets dans leur cœur la Parole de ton enseignement ; c'est par ta Grâce, en effet, que tu nous as chargés de prêcher l'Évangile de Ton Christ, en nous incitant à pratiquer les bonnes œuvres et tout ce qui t'est agréable.
Ceux que tu m'as donnés, je te les rends comme t'appartenant ; dirige-les par la force de ta main droite et couvre-les de tes ailes, afin que tous louent et glorifient ton Nom, celui du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Amen. »
Après avoir donné à tous le baiser de Paix, il dit : « Béni soit Dieu, qui ne vous a pas livrés à la morsure de nos adversaires invisibles, mais qui a brisé leur piège et nous a ainsi délivrés de la mort. »
Alors il s'endormit dans Le Seigneur, âgé de quarante-deux ans.
Le Pape ordonna que tous les Grecs présents à Rome se joindraient aux Romains, en tenant des cierges pour chanter à ses obsèques, qu'ils célébreraient comme pour le Pape lui-même. Et c'est ce que l'on fit.
Autre commentaire du jour.
http://www.carmel.asso.fr/1er-Dimanche-de-Careme-C.html
Frère Jean-Christian Lévêque o.c.d. (Carmel).
Les tentations de Jésus
Les tentations de Jésus diffèrent des nôtres sur un point essentiel : lorsque nous sommes tentés, nous pauvres pécheurs, le péché trouve toujours en nous une secrète connivence, parce que notre liberté est blessée.
Pour Jésus, bien des projets, bien des choix, bien des solutions pouvaient se présenter à son intelligence ou traverser son imagination ; mais sa liberté d’homme était à ce point en harmonie avec le vouloir du Père qu’une révolte ou un refus étaient proprement impensables.
En tout il s’est voulu semblable à nous ; en tout sauf le péché. C’est l’une des facettes de son mystère, du mystère de sa personne de Fils de Dieu, vrai Dieu et vrai homme.
Conscients de ce mystère, respectueux de ce mystère, revenons au récit de notre évangile - reflet fidèle des grandes options de Jésus - pour mieux situer ces tentations dans la vie du Seigneur, dans la tradition d’Israël et dans notre vie de Foi et d’Espérance.
Dès le début de son Ministère Jésus se trouve confronté avec les forces du mal. Dès le début il a été victorieux ; il sera vainqueur également lors de l’assaut final, son agonie et sa Passion.
L’Évangile fait le lien entre ces deux extrémités. Nous lisons en effet, après la troisième tentation : « Ayant épuisé toute tentation possible, le tentateur s’éloigna de lui jusqu’au moment fixé », ce moment auquel Jésus fera allusion lorsqu’on viendra l’arrêter au jardin des Oliviers : « C’est maintenant votre heure ; c’est le pouvoir des ténèbres » (Lc 22,53).
Entre les tentations au désert et la tentation de Gethsémani, Jésus n’a cessé de combattre les forces du mal et de les vaincre par ses guérisons et ses exorcismes ; et les trois tentations du désert renvoient à trois types d’action et d’influence que Jésus a refusés toute sa vie :
- « Ordonne à ces pierres de devenir des pains ! », … ce serait le messianisme de l’abondance.
- « Tu auras la gloire de tous les royaumes ! », … ce serait un messianisme de puissance.
- « Jette-toi en bas, les Anges te sauveront ! », … ce serait un messianisme de prestige.
Or, dans le projet de Dieu, la seule puissance de Jésus doit être le rayonnement de la vérité.
Ce récit des tentations était d’autant plus parlant à la première génération chrétienne qu’il évoquait les trois tentations d’Israël durant la marche au désert :
- les pierres à changer en pains évoquaient l’épisode de la manne (Ex 16) ;
- l’adoration réclamée par le tentateur renvoyait à l’apostasie du veau d’or (Ex 32) ;
- et la tentation de forcer la main à Dieu pour un miracle rappelait la révolte du peuple à l’oasis de Massa (Ex 17).
Les trois tentations que Jésus a écartées personnellement, en tant que Messie envoyé de Dieu, Israël les avait connues, collectivement, en tant que peuple témoin de Dieu.
Et nous les retrouvons dans notre propre vie de baptisés, ces trois séductions de l’abondance, du pouvoir et du chantage à l’Amour de Dieu.
Nous aimerions que notre Foi nous assure la sécurité, que notre place de témoins du Christ dans le monde serve notre volonté de puissance, que Dieu nous « rattrape au vol » et soit une assurance sur la vie lorsque nous jouons avec le danger moral ou lorsque nous faisons sur l’avenir des paris un peu fous.
L’exemple de Jésus nous fait tourner le dos à ces tentations. Parce que nous sommes baptisés, parce que L’Esprit Saint nous donne part à l’œuvre messianique de Jésus, nous renonçons à miser sur l’aisance, sur la puissance, sur le sensationnel, et pour entrer dans la victoire de Jésus, nous imitons sa liberté.
C’est tout le sens de notre Carême :
- vivre à fond, et pas seulement de pain ;
- Adorer Dieu seul, en lâchant devant lui tout reste de puissance ;
- aimer Dieu avec suffisamment de gratuité pour cesser de le mettre à notre service.
Alors notre nourriture de chaque jour, nécessaire et agréable, sera d’accomplir sa volonté.
Fr. Jean-Christian Lévêque, o.c.d.
Autre commentaire du jour.
http://www.homelies.fr/homelie,,4478.html
Père Joseph-Marie, Moine de la Famille de Saint Joseph.
Donne-nous la force de la fidélité, à l’image du Christ ; que nous puissions résister comme lui aux ruses du Tentateur
L’épisode de la tentation au désert fait suite au baptême, où le Père confirme par une voix venant du ciel, que Jésus est son Fils, son Bien-Aimé. Cependant entre les deux récits, l’évangéliste insère de manière inattendue la généalogie de Jésus, qui remonte jusqu’à « Adam, fils de Dieu ». Logiquement on s’attendait à trouver cette généalogie en ouverture de l’Evangile – comme le fait Saint Matthieu. Ce faisant, St Luc veut insister sur le fait que c’est chargé de toute l’humanité livrée au pouvoir du Démon, que Jésus va « être conduit par l’Esprit à travers le désert », pour y être mis pendant quarante jours à l’épreuve. Luc précise d’ailleurs en conclusion de son récit que Jésus a victorieusement « épuisé toutes les formes de tentation » auxquelles l’humanité pouvait être soumise.
Reprenons une à une les trois sollicitations du Tentateur et les trois réponses de Jésus.
1- Première tentation : lorsque Jésus commence à souffrir de la faim, le démon lui suggère :
- « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain ».
Notre Seigneur lui répond :
- « Il est écrit : "Ce n'est pas seulement de pain que l'homme doit vivre" ».
Jésus cite le livre du Deutéronome : « Le Seigneur ton Dieu t'a fait avoir faim et il t'a donné à manger la manne que ni toi ni tes pères ne connaissiez, pour te faire reconnaître que l'homme ne vit pas de pain seulement, mais qu'il vit de tout ce qui sort de la bouche du Seigneur » (Dt 8, 2 - 3). Le « signe » que Jésus donne pour « prouver » qu’il est le Fils de Dieu, ce n’est pas un acte miraculeux qui lui permettrait d’échapper à la souffrance ; mais sa soumission inconditionnelle à la Parole de Dieu son Père : « J'ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas... Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre ». (Jn 4, 32 - 34).
2- Deuxième tentation : lorsque le démon lui promet tous les royaumes de la terre, Jésus rétorque : « Tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu, et c'est lui seul que tu adoreras ». Notre Seigneur cite à nouveau le Deutéronome, plus précisément le verset qui suit le fameux « Shema Israël » - la profession de foi juive (Dt 6, 13). L'inversion de la perspective entre les exigences du démon et les dons gratuits de Dieu est patente : le démon conditionne le don qu’il prétend faire à l’accomplissement de l’acte d’adoration en sa faveur ; alors que Dieu commence par donner, suite à quoi il nous invite à lui faire confiance. Notre réponse sera donc nécessairement gratuite, puisqu’elle exprime l’adoration, forme suprême de l’amour qui se livre à l’être aimé. Le démon ne connaissant pas la charité, ne peut que proposer un marchandage, caricature mensongère de l’amour.
3- Troisième tentation :
- « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi à ses anges l'ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre ».
Jésus répond :
- « Il est dit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu »
C'est-à-dire tu n'exigeras pas de Dieu des preuves de sa présence et de sa protection. Ce n’est pas à l’homme de mettre Dieu à l’épreuve, mais bien plutôt Dieu qui éprouve l’homme pour vérifier la qualité de sa foi.
Les trois réponses de Jésus contrastent singulièrement avec les interpellations du tentateur : visiblement, le démon et le Christ n'ont pas la même idée sur Dieu et sur la filiation ! « Si tu es le Fils de Dieu, prouve-le » semble argumenter le démon ; Jésus le prouve effectivement, mais pas selon le chemin de l’avoir, du pouvoir et de la gloire, mais en restant fidèlement à l’écoute de son Père, pour lui obéir sans délai, comme il convient au Fils.
Cet affrontement entre l’Ennemi et Jésus va perdurer tout au long de son ministère, pour culminer dans la Passion. Aussi est-il éclairant de relire ces trois tentations à la lumière du combat suprême : l’Évangéliste précise en effet au terme du récit de l’affrontement au désert : « Ayant ainsi épuisé toute tentation, le diable s'éloigna de lui jusqu'au moment favorable (Lc 4, 13) » ; ce « moment favorable » pour le Prince des ténèbres, c’est le Vendredi Saint. Autour de la Croix, rassemblés par le Fils de l’homme élevé de terre, se tiennent des groupes très différents de « spectateurs » :
- « Le peuple restait là à regarder ; les chefs ricanent ; les soldats aussi se moquent de lui » ; même « l’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait ».
Il est frappant que ces trois (groupes de) personnages, développent la même stratégie : tous font allusion au salut, invitant Jésus à se sauver par ses propres forces et à prouver ainsi la pertinence de ses prétentions messianiques. En y regardant de plus près, on découvre qu’ils font subir au Seigneur, en ordre inversé, les trois tentations qu’il avait victorieusement surmontées au désert :
- « N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! »
1- Le malfaiteur lui demande de le sauver de la mort par un acte miraculeux, tout comme le démon lui suggérait « d’ordonner à cette pierre de devenir du pain ». Dans les deux cas, Jésus est invité à manifester qu’il possède la maîtrise de la vie par la puissance de sa Parole ; c’est donc son autorité prophétique qu’il doit justifier. Mais c’est précisément en allant jusqu’au bout de la mission rédemptrice que le Père lui confie, qu’il manifeste qu’il est le Prophète de la fin des temps, celui qui instaure l’ère messianique en réconciliant l’humanité avec Dieu.
2- Se mêlant au concert des insultes, les soldats ajoutent leur partition :
- « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! ».
Autrement dit : « Un roi ne saurait périr aussi lamentablement : fais appel à tes troupes et qu’elles viennent te sauver de cette situation périlleuse ! » Jésus est cette fois intimé de légitimer son autorité royale. Le démon l’avait déjà tenté sur ce point au désert, lorsqu’il lui promettait la participation à sa royauté et à sa puissance, pourvu qu’il se prosterne devant lui pour l’adorer. Mais la royauté de l’amour ne peut s’instaurer par la force : « Vous savez que ceux qu'on regarde comme les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l'esclave de tous. Aussi bien, le Fils de l'homme lui-même n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mc 10, 42-45).
3- Quant aux « chefs », ils ricanent :
- « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Elu ! »
Jésus est sommé par les autorités religieuses de prouver que Dieu est avec lui et pour lui ; de fonder en somme son autorité spirituelle, sacerdotale. N’est-ce pas la même tentation à laquelle le démon avait déjà soumis Notre-Seigneur lorsqu’il l’invitait à se jeter « du sommet du Temple » afin de subjuguer les foules par un prodige ? Mais le culte nouveau ne s’inaugure pas dans la gloire, mais par l’immolation de l’Agneau pascal véritable : « Tout Fils qu’il était, il apprit par ses souffrances l’obéissance, et, conduit jusqu’à son propre accomplissement, il devint pour tous ceux qui lui obéissent cause de salut éternel, ayant été proclamé par Dieu grand prêtre à la manière de Melchisédek » (He 5, 8-10).
Dans les trois interpellations, l’insistance est sur le salut : « "Sauve-toi toi-même" – sous-entendu : - et nous croirons que tu peux nous sauver ». Le défi qui est lancé à Jésus est d’accomplir l’œuvre de rédemption à moindre frais, sans passer par la porte étroite de la vie livrée. Le Christ cependant ne réalise pas le salut par un déploiement de puissance, mais par sa patience héroïque, répondant par un surcroît d’amour à la haine qui le crucifie.
Avouons qu’il y a des jours où nous sommes nous aussi tentés d’argumenter : « N’eût-il pas été plus simple Jésus d’accomplir le miracle qu’on te réclamait, et de descendre de la Croix ? La foule ébahie t’aurait acclamé comme son Roi ; tes opposants auraient été définitivement confondus, et les soldats sans aucun doute convertis… ».
Jésus nous répond en citant le psaume que nous avons prié dans la liturgie de ce dimanche : « Quand je me tiens sous l'abri du Très-Haut et repose à l'ombre du Puissant, je dis au Seigneur "Mon refuge, mon rempart, mon Dieu dont je suis sûr" ». Telle est l'attitude du Christ tout au long de sa vie publique : il se tient à l'ombre du Très-Haut. Notre tentation permanente est précisément de quitter cet abri, de douter qu'il soit sûr, et de chercher d'autres abris, d'autres sécurités. Que de fois n’avons-nous pas résisté à l’action de l’Esprit dans nos vies en refusant de lui faire confiance, et en choisissant d’aller par nos propres chemins lorsque celui du Seigneur nous semblait trop exigeant ?
« Seigneur notre Dieu, en entrant dans ce temps de Carême, temps de recentrement sur l’essentiel, nous te demandons humblement : donne-nous la force de la fidélité, à l’image du Christ ; que nous puissions résister comme lui aux ruses du Tentateur, les yeux fixés sur la victoire du Ressuscité de Pâque. »
Père Joseph-Marie.
Autre commentaire de ce jour.
http://evangeli.net/evangile/jour/II_07
Abbé Josep LAPLANA OSB Moine de Montserrat (Montserrat, Barcelona, Espagne).
«Il fut conduit par L'Esprit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut mis à l'épreuve par le démon»
Aujourd'hui Jésus «rempli de L'Esprit Saint» (Lc 4,1), pénètre dans le désert, loin des hommes, pour expérimenter d'une façon authentique et palpable sa dépendance absolue du Père. Jésus se sent assailli par la faim, et le Malin profite de ce moment de faiblesse pour le tenter afin de détruire le noyau même de son identité en tant que Fils de Dieu: son adhésion substantielle et inconditionnelle au Père.
Avec nos yeux tournés vers Le Christ, vainqueur du mal, nous nous sentons, aujourd'hui, encouragés à pénétrer dans le chemin du Carême.
On est poussé par un désir d'authenticité: être pleinement ce que nous sommes: disciples de Jésus, et avec Lui, fils de Dieu.
C'est pour cela que nous voulons approfondir notre attachement profond à Jésus et à son programme de vie qu'est l'Évangile: «Ce n'est pas seulement de pain que l'homme doit vivre» (Lc 4,4).
Comme Jésus dans le désert, armés de la connaissance des Écritures, nous nous sentons appelés, dans notre société de consommation, à proclamer que l'homme est dessiné à l'échelle divine et qu'il ne peut rassasier sa faim de bonheur que s'il ouvre grand les portes de sa vie à Jésus Rédempteur de l'homme.
Cela veut dire vaincre une multitude de tentations que n'ont pour but que de réduire notre vocation divine-humaine.
Avec l'exemple et la force de Jésus tenté dans le désert, nous dénoncerons les mensonges exprimés systématiquement sur l'homme dans les médias et dans le milieu païen dans lequel nous vivons.
Saint Benoît dédie le chapitre 49 de sa Règle à “Comment vivre pendant le Carême”, il exhorte les Moines à «effacer pendant ces jours saints toutes les négligences du reste de l'année (...) faire un effort pour prier avec larmes, pour lire, pour avoir le cœur peiné d'avoir offensé Dieu, pour nous priver (...) offrir librement à Dieu et avec la Joie de L'Esprit Saint quelque chose en plus (…) attendre la sainte Fête de Pâques avec la Joie du désir inspiré par L'Esprit de Dieu».
Hymne : En quels pays de solitude
En quels pays de solitude,
Quarante jours, quarante nuits,
Irez-vous, poussés par l’Esprit ?
Qu’il vous éprouve et vous dénude !
Voyez : les temps sont accomplis,
Et Dieu vous convoque à l’oubli
De ce qui fut vos servitudes.
Sur quels sommets d’incandescence
Entendrez-vous le Bien-Aimé
Vous parlant depuis la nuée ?
Qu’il vous prépare à ses souffrances !
Suivez Jésus transfiguré :
Demain, il sera crucifié
En signature d’Alliance.
Ne forez plus vos puits d’eau morte :
Vous savez bien le don de Dieu
Et quelle est sa grâce, et son jeu :
Il vous immerge, il vous rénove !
La vie s’élève peu à peu,
Les champs sont dorés sous vos yeux :
Embauchez-vous où Dieu moissonne !
Pourquoi rester sur vos ornières.
Baissant vos fronts d’aveugles-nés ?
Vous avez été baptisés !
L’amour de Dieu fait tout renaître.
Croyez Jésus : c’est l’Envoyé !
Vos corps à son corps sont branchés :
Prenez à lui d’être lumière.
Déjà vos tombes se descellent
Sous la poussée du Dieu vivant.
Regardez : Jésus y descend !
Appelez-le : Il vous appelle.
Venez dehors ! C’est maintenant
Le jour où la chair et le sang
Sont travaillés de vie nouvelle !
Oraison du matin (Office des Laudes).
Dieu qui a conduit les peuples Slaves à la Lumière grâce aux deux frères Saints Cyrille et Méthode, ouvre nos cœurs à l’intelligence de ta Parole ; fais de nous un peuple de croyants, et que notre unité rende témoignage à l’Évangile.
Parole de Dieu : (cf. He 7-9a)… (Office des Laudes).
Souvenez-vous de ceux qui vous ont dirigés ; ils vous ont annoncé la Parole de Dieu. Méditez sur l’aboutissement de la vie qu’ils ont menée, et imitez leur Foi.
Jésus-Christ, hier et aujourd’hui, est le même, il l’est pour l’éternité. Ne vous laissez pas égarer par toutes sortes de doctrines étrangères.
Parole de Dieu : (Rm 15, 1-3)… (Office des Vêpres).
Que Dieu Notre Père vous donne la Grâce et la Paix. Nous rendons grâce à Dieu, Le Père de Notre Seigneur Jésus Christ, en priant pour vous à tout instant.
Nous avons entendu parler de votre Foi dans Le Christ Jésus et de l’Amour que vous avez pour tous les fidèles dans l’Espérance de ce qui vous attend au Ciel ; vous en avez déjà reçu l’annonce par la Parole de Vérité, la Bonne Nouvelle qui est parvenue jusqu’à vous, elle qui porte du fruit et progresse dans le monde entier.
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